La 29e édition du festival consacré aux cinémas et cultures de l’Amérique Latine a eu lieu, contre vents et marées (au propre comme au figuré !) du 28 septembre au 4 octobre. Le fait d’avoir pu se dérouler (presque) normalement est déjà une prouesse et une victoire, tant de festivals et animations sont supprimés depuis le printemps…
L’édition 2020 sera-t-elle considérée (a posteriori) comme un grand cru ? Elle a souffert de manière directe pour la venue à Biarritz de nombreux invités, cinéastes, producteurs, acheteurs, qui n’ont pu se déplacer. Cela a été particulièrement visible par le public lors de la soirée de clôture à l’occasion de la proclamation du palmarès, durant laquelle nombre de lauréats ont reçu « virtuellement » leur prix du fait de leur absence mais ont été en mesure d’exprimer leur joie via des « cartes postales audiovisuelles » diffusées sur l’écran de la Gare du Midi.
Par prudence sanitaire sans doute le nombre d’abonnements du public fidèle s’est retrouvé réduit cette année. Cela a été constaté dans les salles de projection, dont la jauge avait été revue à la baisse pour se conformer aux directives, et également au Village avec une offre marchande réduite. Dans le plus strict respect des consignes sanitaires en vigueur, en salle comme en ville, et avec interdiction de consommer debout et de danser, hélas un comble pour une ambiance festive.
La programmation n’aura pas souffert de la pandémie, les contenus dans les différentes sections étant sans doute déjà sélectionnés au printemps. Côté cinéma, les trois compétitions fictions, documentaires, courts métrages ainsi que les films du focus consacré aux Latinos in the USA ont rempli les salles avec les précautions en usage. Avec une mention et un intérêt tout particulier pour certains films hors compétition présentés en avant-première. Le public biarrot et local a plébiscité le documentaire de Carlos Portella Nunes « Gaucho Basko », fruit d’une heureuse rencontre entre le réalisateur et le photographe Kepa Etchandy, qui s’est retrouvé narrateur et acteur d’un pan de l’histoire de sa famille (un grand oncle émigré en Argentine au début du 20e siècle) dans un documentaire produit par France 3 qui sera diffusé sur la chaine le 26 octobre et podcastable durant un mois.
Le BAL-LAB, lieu de rencontres professionnelles du festival aura été, souhaitons-le, l’occasion de nouer des liens afin d’aider à de nouvelles créations. Comme chaque année les Rencontres de l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL) et les rencontres littéraires, avec trois auteurs et professionnels argentins, ont répondu à l’attente de leur public. Tout comme les animations musicales offertes lors des soirées au Village, en début de semaine, celles des deux derniers jours étant malheureusement annulées à cause du passage de la tempête Alex…
Qui dit festival de cinéma dit compétition, d’où des prix attribués dans chaque catégorie. Peu de lauréats présents sur la scène de la Gare du Midi pour les raisons que chacun sait.
BAL-LAB (rencontres de coproduction du festival) :
-Prix BAL-LAB du documentaire (traduction en Français du scénario lors de l’entrée en financement) attribué à « Es mentira que debes obedecer (it’s a lie you must obey) » de Bruno Santamaría (Mexique)
-Prix BAL-LAB de la fiction (traduction en Français du scénario lors de l’entrée en financement) attribué à « La casa del perro (the dog’s house) » de Federico Borgia (Uruguay)
- Lauréat de la Bourse d’aide au développement du CNC (5000 €) attribué à « Morir de pié (to die on your feet) », fiction de Maria Paz Gonzalez (Chili)
Courts-métrages :
-Prix du meilleur court métrage, doté par France Télévisions : « Teoría social numérica » de Paola Michaels (Colombie)
Catégorie documentaires :
-Mention à « O índio cor de rosa contra a fera invisível : a peleja de Noël Nutels » de Tiago Carvalho (Brésil)
-Prix du meilleur documentaire, doté par France Médias Monde de 2500€ attribué au réalisateur, pour « El otro » de Francisco Bermejo (Chili)
- Prix du Jury étudiant de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine attribué à « O índio cor de rosa contra a fera invisível : a peleja de Noël Nutels » de Tiago Carvalho (Brésil)
-Prix du public documentaire attribué à « O índio cor de rosa contra a fera invisível : a peleja de Noël Nutels » de Tiago Carvalho (Brésil)
Catégorie fiction :
-Abrazo du meilleur film, doté d’une aide à la distribution de 7000€ - la plus grande récompense - qui est revenue au film réalisé avec le plus petit budget (1.000 US$ !) pour « Ofrenda » de Juan Mónaco Cagni (Argentine)
-Prix du jury, doté d’une aide à la distribution de 3000€, pour « La fortaleza » de Jorge Thielen Armand (Venezuela, Colombie, France, Pays-Bas)
- Prix du public fiction pour « Selva trágica » de Yulene Olaizola (Mexique)
-Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma attribué au film « Chico ventana también quisiera tener un submarino » de Alex Piperno Uruguay, Argentine, Brésil, Pays-Bas, Philippines)
Le festival que Biarritz consacre au cinéma et cultures d’Amérique Latine fêtera son 30e anniversaire en 2021. Dans de meilleures conditions, souhaitons-le !
Photos : Manex Barace