De nombreuses enquêtes ont montré dernièrement que la fréquentation des salles de cinéma était en baisse : "elle a en effet diminué de plus d'un tiers par rapport à celle d'avant la crise sanitaire. Concurrence des plateformes, billets trop chers, perte d'habitude avec le Covid-19 : les raisons de cette baisse sont multiples".
De l'autre côté de la "muga", les mêmes constatations semblent s'imposer : par exemple en Guipuzcoa, les cinémas ont clôturé l'annnée avec 850 143 spectateurs, contre 1 416 500 enregistrés trois ans plus tôt, soit une diminution de 40 %.
Dans ce tableau quelque peu assombri, il est toutefois une "éclaircie" : ainsi, nos confrères de "Sud Ouest" notent à propos de l'Atalante à Bayonne que lorsque "le marché du cinéma s’érode de 30 %, l’art et essai bayonnais affiche 125 000 entrées sur l’année civile, preuve que le lieu inauguré en 2019 fonctionne et que ses choix artistiques touchent le public. Si l’Atalante fait mieux que résister et peut se passer d’« Avatar », c’est parce qu’elle sait accompagner ses films et accueillir les spectateurs".
L’association qui gère le cinéma bayonnais a ainsi décidé d’investir dans le local attenant au cinéma afin d'améliorer l’accueil en terrasse l’été, peut-être grâce à un bar extérieur et un volume modulable pour accueillir des expositions, projeter le travail de vidéastes, des ateliers… « On pense notamment à développer notre travail avec le jeune public, en lien avec le pass Culture. Le jeune public, c’est 20 000 entrées à L’Atalante, dont environ 12 000 scolaires ».
Mais si l'accueil acquiert de l'importance, la qualité des films projetés demeure certes essentielle. En témoigne par exemple le succès de la production du Puy du Fou "Vaincre ou mourir" / voyez notre article : https://www.baskulture.com/article/avec-vaincre-ou-mourir-le-puy-du-fou-se-lance-dans-le-cinma-5117
qui cumule déjà 25 000 entrées suite aux avant-premières du 8 décembre dernier qui l’ont propulsé en tête du box-office ce jour-là !
Cette première production de Puy du Fou Films (en attendant plusieurs séries déjà en projet) sera distribuée par Studiocanal ainsi que les chaînes du groupe Canal+ et devrait sortir sur les grands écrans dans à peine 3 semaines...
Cinéma français, qu’as-tu fait de nos héros ?
Or c'est l'interrogation que pose le journaliste Arthur de Watrigant dans le journal "L'Incorrect".
"Le cinoche français tire la tronche, pas un film dans le top dix de l’année passée, et chouine comme une ado plaquée par texto. Mais tu nous emmerdes. Non seulement non devrions subventionner tes fantasmes de rebelle de salon détox mais en sus, payer, très cher, un ticket d’entrée pour assister à tes prêches.
Et le rêve bordel ? Et l’émerveillement ?
Crois-tu que voir Marina Foïs faire des papouilles en pachtoune dans la jungle de Calais, sans maquillage et jupe ras la salle des fêtes nous humidifie la rétine ?
Avant, l’héroïsme c’était mourir comme Roland sonnant du cor à Roncevaux, aujourd’hui on célèbre Cédric Herrou ouvrant les portes de la vallée de la Roya adoubé par le conseil constitutionnel. L’époque n’est plus aux chansons mais à l’épique mesquin et l’épopée misérable, et on s’étonne encore que Mahomet et ses chameaux fascinent plus une jeunesse perfusée d’inclusion.
C’est d’une vraie reconquête dont le pays a besoin. Ni médiocre, ni étriquée mais sublime de démesure et d’idéal comme seul la France peut offrir. Il faut en finir avec l’homme déconstruit, humilié et accusé. Célébrons l’homme de l’Occident, sa finesse dans la lourdeur, sa virilité et sa vulnérabilité.
Ce « charisme sexuel requis » comme le confiait Madame Flemming à son mari pour le persuader d’engager Sean Connery dans James Bond, ce petit quelque chose qu’Alice Coffin & Cie ne saisiront jamais.
Nous ne voulons plus du cinéma comme reflet de notre existence, mais comme odyssée à venir. On veut des Charette et des d’Artagnan, des Cyrano et des Du Guesclin. Oserons-nous la reconquête du masculin, de son élégance morale et vestimentaire. Une masculinité solitaire et tragique, gouailleuse et bravache, galante et insolente.
On manque de panache alors que notre histoire en regorge. Encore faut-il l’assumer. Les Ricains nous inondent de leur bravoure et de leur fierté, et nous en manquons tellement que nous courons les voir sur grand écran. De quoi avons-nous honte ? Comme le rappelle l’excellent Olivier Maillart, s’il y a bien une chose que seul un Français sait faire au cinéma c’est bien mourir.
Or, comme nous le rappelle le philosophe personnaliste Paul-Louis Landsberg dans Essai sur l’expérience de la mort. « Chaque lutte contre la mort est perdue d’avance. La splendeur de cette lutte ne peut se considérer dans son issue, mais seulement dans la dignité même de l’acte ». C’est la mort de Pierre Fresnay dans La Grande Illusion, le sacrifice de Jean-Pierre Cassel dans L’Armée des Ombres ou l’honneur des parachutistes qui marchent vers le camp 113 dans Dien Bien Phu. Notre cinéma a perdu cette capacité d’émerveillement, cette légèreté presqu’enfantine et cette fierté. Sans grands rôles, les icônes disparaissent, sans icônes les légendes n’ont plus de visages et nos rêves s’évanouissent. Alors, chers lecteurs, pour 2023, je vous souhaite une grande année virile, héroïque et épique".