Depuis sa récente réouverture jusqu'au 3 novembre, la Villa Arnaga à Cambo célébrera la vie et l’œuvre de Rosemonde Gérard (1866-1953), poète et dramaturge de la Belle Époque à travers une exposition phare et un colloque universitaire, auxquels s'ajoutera la réédition chez Kilika par l'Association des Amis d'Arnaga - une belle initiative de son président Robert Poulou - de l'ouvrage que la poétesse avait consacré à son mari, Edmond Rostand.
Cette exposition réalisée par la conservatrice du musée d'Arnaga, Béatrice Labat (notre photo de couverture), met à l'honneur et révèle toutes les facettes de cette remarquable artiste qui s'était en quelque sorte "mise en veille" pendant deux décennies pour se consacrer à soutenir son époux avant de se rattraper à partir de l'âge de 45 ans en multipliant les pièces de théâtre, les biographies, les conférences littéraires et les recueils de poésies.
La saison sera ponctuée de nombreuses animations en lien avec Rosemonde Gérard et son œuvre : ateliers d'écriture créative, concerts-lectures,
Nuit des Musées, Partir en Livre, Journées Européennes du Patrimoine. Un colloque universitaire ouvert à tous sera également organisé les 11 et 12 octobre prochains pour clôturer cette magnifique année.
- Le site est ouvert tous les jours jusqu'au 3 novembre 2024. Du 24 mars au 30 juin et du 1er septembre au 3 novembre de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.
En juillet et août, de 10h à 19h sans interruption. Le site sera fermé en matinée les 7 mai, 4 juin, 3 septembre et 2 octobre, et toute la journée le 1er juillet.
Le vernissage de l’exposition « Rosemonde Gérard, femme poète de la Belle-Epoque » s’est déroulé hier jeudi à la Villa Arnaga, la belle demeure des Rostand qui éclatait littéralement de sérénité, de bonheur et de couleurs grâce au soleil retrouvé ; en présence de Robert Poulou, président des Amis d'Arnaga et adjoint à la Culture de Cambo, qui remplaçait le maire, Christian Devèze, qui se remettait des violences subies la veille, lors du Conseil Municipal.
Béatrice Labat était pour sa part accompagnée de Matthieu Dussauge, Conservateur en chef du patrimoine et conseiller pour les musées à la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d'Aquitaine.
Après une introduction documentée de Robert Poulou, Béatrice Labat fit visiter aux participants - essentiellement des membres du C.A. des Amis d'Arnaga - cette exposition, sorte de plongée inédite dans l'univers intime de Rosemonde Gérard à travers une collection rare de documents originaux, dont la plupart sont exposés pour la première fois.
Poèmes et pièces de théâtre autographes Les visiteurs peuvent découvrir les textes écrits de la main de Rosemonde Gérard elle-même.
Ces manuscrits offrent un aperçu précieux du processus créatif du poète et de son style d'écriture. Son écriture évolue dans le temps. La graphie fine et penchée de ses jeunes années contraste avec celle de la maturité. La plume est plus sûre, chaque lettre est méticuleusement formée.
Des lettres personnelles échangées entre Rosemonde Gérard et d'autres figures littéraires de son époque seront exposées. Elles révèlent des aspects méconnus de sa vie et de ses relations.
Des objets personnels de Rosemonde Gérard, bijoux, encriers, carnets de notes, collection familiale de marionnettes sont présentés.
- Et la saison sera ponctuée de nombreuses animations en lien avec Rosemonde Gérard et son œuvre : ateliers d'écriture créative, concerts-lectures, Nuit des Musées, Partir en Livre, Journées Européennes du Patrimoine. Un colloque universitaire ouvert à tous sera également organisé les 11 et 12 octobre prochains pour clôturer cette magnifique année.
- Le site est ouvert tous les jours jusqu'au 3 novembre 2024. Du 24 mars au 30 juin et du 1er septembre au 3 novembre de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.
En juillet et août, de 10h à 19h sans interruption. Le site sera fermé en matinée les 7 mai, 4 juin, 3 septembre et 2 octobre, et toute la journée le 1er juillet.
- Visites guidées de Cambo les lundis de 16h30 à 18h :
Visites guidées de Cambo les lundis de 16h30 à 18h / Trois nouvelles visites thématiques de Cambo : Histoire & Patrimoine - Cambo à l'époque de Rostand - Du thermalisme au climatisme / Tarifs : 8€ - Gratuit pour les moins de 12 ans / Sur inscription à l'Office de tourisme de Cambo au tél. 05.59.29.70.25
Les marionnettes : une passion familiale
Dans ses poèmes et récits, Rosemonde témoigne d’un goût prononcé pour le théâtre de marionnettes, et en particulier par le théâtre de Guignol. Pour elle, ces spectacles populaires sont bien plus que de simples divertissements ; ils sont des fenêtres ouvertes sur un monde magique où les marionnettes prennent vie. Dans la pièce La Suite à demain, le héros, auteur de feuilleton renommé, cache des marionnettes de ses personnages dans une armoire qu’il ouvre en secret pour y chercher l’inspiration
Le journaliste Léo Clarétie témoigne dans la Revue du 15 janvier 1910 :
« Pendant un temps, Edmond Rostand eut la passion des marionnettes, comme George Sand. Il modelait lui-même les têtes, en pignochant des pupazzi pris dans le commerce ; il les resculptait et les complétaient à la cire. Et les corps étaient habillés par les soins des habitants de la maison. On fit des petites merveilles. On voyait un hall d’hôtel avec un vrai ascenseur dont les lanternes étaient éclairées à l’électricité. Rostand me confia : « J’ai dû renoncer à ce divertissement, il me passionnait trop, et me prenait tout mon temps, je ne faisais plus rien. »
Le témoignage de l'écrivain Pierre Espil
L’amour ? Rostand le connut grâce à une rencontre de son père dans le train entre Montréjeau et Luchon, comme le raconte avec son talent poétique mon vieil ami Pierre Espil dans son livre "Edmond Rostand, une vie. Une famille extraordinaire".
« Une jeune fille merveilleuse !, ne cessait-il de s’extasier. Un ange ! Une fée ! Une enchanteresse ! Et de raconter inlassablement la façon dont il était entré en conversation avec cette ravissante voisine de compartiment, idéalement blonde, idéalement nacrée, idéalement élégante, que chaperonnait, bien sûr ! Une dame de compagnie du meilleur ton. La jeune fille était, de surcroît, poète. Un poète exquis, dont le verbe, naturellement imagé, était tout imprégné de lyrisme, même quand il ne s’agissait que de choses courantes (…) écrivant elle-même des vers depuis l’âge de douze ans »...
Et Pierre Espil de rappeler que Rosemonde avait reçu l’éducation la plus raffinée, et qu’elle avait grandi dans l’atmosphère la plus brillante et la plus littéraire qui fût : Alexandre Dumas-Fils faisait partie de son Conseil de Famille et elle avait pour parrain Leconte de Lisle lui-même !
Et par le Maréchal Gérard, Rosemonde Gérard descendait de la comtesse de Genlis, la célèbre femme de lettres du XVIIIème siècle, qui avait été « le gouverneur des princes d’Orléans... »
« Une créature adorable ! » répétait l’aimable papa devant son romanesque fils que ses propos semblaient éberluer quelque peu, relate encore Pierre Espil. Et le père d’Edmond d’ajouter : « Tu la verras sans doute dès demain, car je l’ai invitée à venir nous voir le plus tôt possible ».
Le lendemain, Edmond lit au salon, abîmé dans sa lecture comme dans une eau profonde. Le marteau de la porte d’entrée résonne, la porte s’ouvre : le jeune homme lève les yeux et ne les abaisse plus sur son livre. Il est, à la lettre, ébloui par la silhouette élancée se dressant dans l’encadrement de la porte.
Le livre qu’il lisait était une traduction des Lusiades de Camoëns. Il lui sembla soudain que tout le soleil enfermé dans ce grand poème par le poète portugais s’était échappé des pages du volume. Les belles îles lointaines surgies de la mer s’incarnaient sous ses yeux dans cette radieuse vivante, drapée de mousselines claires…
Entre poésies et quelques chants de Massenet qui était son maître de musique – le compositeur lui offrira en cadeau de mariage ce piano qui figure toujours dans le salon d’Arnaga et que l’on rêve de restaurer – Rosemonde séduira Edmond, l’idylle était écrite !
Les deux jeunes gens dansèrent parfois au Casino de Luchon et Rosemonde notera plus tard le sortilège de ces heures :
Les tziganes jouaient une valse charmante.
Les archets infinis chantaient sur le bois creux.
Vous me parliez d’amour et sur la valse lente,
Les mots que vous disiez devenaient des aveux.
Le jardin était plein d’un bonheur qui réclame.
La lune sortit alors de son nuage noir
Et sembla sur nos fronts illuminer notre âme…
Vous me parliez d’amour. Tout tremblait dans le soir...
"Azur au Pays Basque" extrait du recueil : "Les Muses françaises" de Rosemonde Gérard
Le ciel tendre n’a pas un voile ;
Les peupliers ce soir pourront
Chanter la romance à l’étoile
Qu’ils touchent presque avec leur front ;
La lumière n’a pas un masque,
Et la campagne dit : «Vraiment,
Il n’y a que ce Pays Basque
Qui soit si triste et si charmant…»
Demain la fête d’Espelette
Vendra ses raisins andalous ;
Si la montagne est violette
C’est que le vent vient d’Itxassou…
(…)
Le soleil aux balcons s’attarde ;
Les maisons ne sont plus soudain
Que des images qu’on regarde,
Car on habite les jardins ;
Un chant tremblant comme un mensonge
Passe au loin dans le soir tombant.
Les cœurs s’embarquent sur les songes…
Un manteau reste sur un banc…
Et tous les ciels, toutes les roses,
Prennent, pour mieux nous attendrir,
Cet aspect déchirant des choses
Qui deviendront des souvenirs !