C'est un concert magnifique que nous promet le jeune pianiste japonais Kotaro Fukuma, dont on avait déjà apprécié le talent au cours d'un récital donné à Anglet il y a deux ans : il mettra en lumière la "Suite Iberia" d'Isaac Albeniz . L'occasion de découvrir cette évocation musicale envoûtante de l'Andalousie à travers ce programme exceptionnel le vendredi 16 août à 20h30 à l'église Saint-Laurent.
Billetterie sur place dès 19h30 / Prévente en office de tourisme Anglet - office de tourisme Pays Basque - FNAC Bayonne Tél. 05 59 03 77 01
Achat de billets en ligne sur www.billetweb.fr/iberia
Tarifs : Plein 40€ - Réduit 30€ - Gratuit sous conditions
Informations sur www.pianomusica.fr
Kotaro Fukuma
Premier prix à vingt ans du Concours International de Cleveland , Prix Chopin au Japon en 2013, le pianiste japonais se produit en soliste sur de nombreuses scènes prestigieuses à travers le monde.
Au dire des critiques, Kotaro Fukuma - qui est né à Tokyo mais réside maintenant à Berlin - témoigne d'une grande clarté d'articulation rythmique et d'une technique superbe, sachant conférer à l'occasion de « l'intensité dramatique à la musique » …
Quant à Alain Cochard, il juge sur le site réputé concertclassic.com que Kotaro Fukuma est « une figure majeure du jeune piano contemporain, [...] la présence poétique étonnante d'un interprète au toucher aussi riche que sensuel. Son art de la couleur fait des miracles ».
Albéniz et Cambo
J'aurais le plaisir de dire à cette occasion quelques mots à propos des liens qui unissaient Albéniz et Cambo.
Ce n'est pas un hasard si notre célèbre pianiste évoquera à Cambo le grand pianiste et compositeur espagnol : car, le 18 mai 1909, à l'époque où Edmond Rostand, inconsolable de la perte de son interprète préféré Constant Coquelin, se débattait à Arnaga dans les affaires de la création de « Chantecler », mourait à Cambo Isaac Albéniz. Atteint d'une néphrite chronique aggravée d'une importante lésion au cœur, le grand compositeur et sa famille s'étaient installés dès le 1er avril à l'hôtel Saint-Martin, puis au Chalet Saint-Martin qui fait partie actuellement de la maison de santé « Les Terrasses » .
Connue pour ses sources thermales, la villégiature basque était également devenue « station climatique » depuis qu'une sommité médicale parisienne, le Dr Grancher, s'y était établi avant d'y envoyer ses clients les plus célèbres, parmi lesquels Edmond Rostand. Les guides touristiques recommandaient alors en ces thermes le climat tonique, sédatif et reposant de Cambo : « des hauteurs boisées protègent Cambo des grands vents d'Ouest sans lui ôter le bénéfice des effluves de l'Océan proche. L'hiver y est bénin et les chaleurs de l'été sont tempérées par les ombrages ».
Et c'est un Albéniz exténué – il n'avait pourtant pas atteint la cinquantaine – et haletant comme un vieillard qui arrivait à Cambo après que les médecins lui eurent déconseillé la Méditerranée, en particulier Nice où il louait régulièrement une maison.
Or, si le petit bureau de poste de Cambo s'enfiévrait de recevoir une quantité fantastique de courrier et d'interminables télégrammes de plusieurs centaines de mots que les « famosos » – d'Annunzio, Sarah Bernhardt – précisaient à Rostand, nul ne semblait se soucient du séjour d'Albéniz au Chalet Saint-Martin, ni de ses quelques rares promenades en ville. Passait-il devant l'usine à vapeur de la chocolaterie Fagalde pour se rendre à l'église ? Dans son ouvrage sur « Albéniz et Granados », Henri Collet cite ce dialogue entre l'auteur d'« Iberia » et son ami René de Castéra : « C'est là que je voudrais être enterré… Savez-vous que je viens tous les jours prier dans cette église ? Et pourtant, je n'ai pas la Foi ! C'est terrible, et je pleure à la pensée qu'on n'est pas sûr de se retrouver dans l'au-delà ».
Une autre fois, trompant la surveillance de sa famille, Albéniz s'échappa. On le retrouva tremblant de fièvre et à genoux dans l'église du village.
Parmi les nombreuses visites qu'il a reçues à Cambo, il semble que la veuve d'Ernest Chausson l'emmena excursionner en voiture à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Ne nourrissant aucune illusion sur son avenir, il aurait dit à ses accompagnateurs : « Quelle étrange chose a choisi que le destin ! Pourquoi suis-je venu mourir à Cambo » ?
Curieusement, dans la presse locale, par ailleurs si diserte sur les moindres faits et gestes des célébrités séjournant au Pays Basque, on ne trouve nulle mention, ni le moindre entrefilet consacré à la présence d'Albéniz. Pas même lors de la visite du préfet des Basses Pyrénées au lendemain du décès d'Albéniz pour accrocher à la poitrine du défunt la croix de la Légion d'Honneur que lui avait obtenu ses amis Fauré, Debussy, Paul Dukas et Vincent d'Indy !
Pourtant, à l'époque où Rostand recevait dans le décor théâtral de ses jardins Henri Bordeaux ou Pierre Loti, c'est un véritable espace musical qui se pressait au chevet d'Albéniz, depuis Jacques Thibaud, Pablo Casals et Alfred Cortot jusqu' à Grenades. En sortant de sa chambre, Cortot se serait même exclamé devant Laura Albéniz : « Il n'a jamais été aussi beau. Quel dommage qu'on ne puisse faire à présent son portrait ».
A défaut de ce portrait jamais réalisé, sur la demande de son neveu, l'empreinte de cette précieuse main de pianiste avait pu cependant être conservée dans la cire.
Quant aux liens d'Albéniz avec le Pays Basque, plus précisément Vitoria-Gazteiz d'où était natif son père, on cite souvent une famille Albéniz, à laquelle les descendants de l'auteur d'« Iberia » rattacheraient volontiers des liens généalogiques, et qui a donné plusieurs musiciens à Saint Sébastien au XVIIIème et au XIXème siècle.
L'un d'entre eux, Pedro Albéniz, fils du compositeur Mateo Albeniz, auteur de sonates remarquées au XVIIIème siècle, brillant surtout comme pédagogue, d'abord maître de chapelle à la cathédrale de Saint-Sébastien puis professeur de piano dès la fondation du Conservatoire de Madrid par la reine Marie et précepteur de la future reine Isabel II. C'est lui qui accueillit Liszt lors de la tournée espagnole du grand compositeur (après ses deux concerts au théâtre de Bayonne en 1844).