Il Cinéma Ritrovato - XXXVIII edizione / Bologne 22 - 30 juin 2024
L’Italie a été, de tout temps, un havre de culture (architecture, sculpture, fresque, peinture, etc.). Des civilisations y sont née ; elles ont péri. On songe aux longs voyages harassants, enrichissants, de Michel de Montaigne (1533/1592), de Stendhal (1783/1842) pour ne citer que des écrivains. Le voyage en Italie était pour Sigmund Freud (1856/1939), le père de la psychanalyse une « parenthèse enchantée » qu’il attendait chaque année, impatient. C’était un grand marcheur qui épuisait ses amis dans la visite des merveilles que recèle ce pays si proche de nous et si différent.
Il est coutume de dire que les italiens sont des français de bonne humeur …
Voilà donc notre petit groupe de français, comme l’an passé, arrivant à Bologne La dotta (la savante), capitale de la région Émilie-Romagne afin de participer, en spectateurs éblouis, à la XXXVIII edizione du festival Il Cinéma Ritrovato, célébration d’un cinéma mondial retrouvé et restauré (ritrovati e restaurati). Un travail d’investigation, de recherche active, de traque des trésors cinématographiques enfouis, souvent définitivement perdus (des dizaines de milliers de films ont été détruits ou corrompus faute de soins de conservation). La largeur de l’offre des films commence aux films muets (copie nitrate noir et blanc ; copie coloriée au pochoir) aux films parlants dès 1927 (à partir de 1950 : copie pellicule acétate noir et blanc ou en couleur).
La cinémathèque de Bologne adossée à son laboratoire L’immagine Ritrovata est devenue, au fil des années, un centre de renommée internationale dans le domaine de la conservation et la restauration de films du monde entier. Nous avons visionné des copies restaurées de 1904 (Il secolo del cinéma ; le siècle du cinéma) projection toujours accompagnée par un pianiste et un autre instrumentiste (harpe, flute, batterie).
Des films muets de 1924 ont été également proposés pour les 100 ans avec le même dispositif scénique, notamment quelques moyens métrages sur Les Jeux Olympique de 1924 … à Paris ! Mais aussi un long métrage extraordinaire Quo Vadis (1924) du poète Gabriele D’Annunzio (1863/1938) et de Georg Jacoby (1882/1964) avec en Néron, l’immense acteur allemand Emil Jannings (1884/1950).
Un choix des longs métrages de Marlène Dietrich (1901/1992) périodes allemande Die Frau, nach der man sich sehnt (1929, muet) de Kurt Bernhart (1899/1981) ou éclate tout le talent de l’actrice avant sa période américaine Shanghai express (1932) de Joseph von Sternberg (1894/1969) ou Destry rides again (1939) de George Marshall (1891/1975).
Le cinéma français était à l’honneur autour des longs et moyens métrages de Jacques Demy (1931/1990), Les Parapluies de Cherbourg (1964) Palme d’or au Festival de Cannes (par ailleurs affiche du festival), Les Demoiselles de Rochefort (1967) etc.
Un documentaire émouvant a été présenté, brillamment, par Fréderic Bonnaud directeur de la Cinémathèque Française de Paris. La France, pays de cinéma, était à l’honneur avec de nombreux films du patrimoine dont Pépé Le Moko (1936) de Julien Duvivier (1896/1967) projeté dans une copie parfaite avec un Jean Gabin (1904/1976) dans le rôle-titre étonnant de vérité.
Mais il y a également, des rencontres, des échanges, avec des « hommes cinéma » importants. Citons quelques-uns : les allemands Volker Schlöndorff, Wim Wenders, l’américain Alexander Payne, le producteur français Nicolas Seydoux (Gaumont), le directeur du festival de Cannes Thierry Frémaux, le Président de la Fondazione Cineteca di Bologna le réalisateur italien Marco Bellocchio, le distributeur Nathanaël Karmitz, etc.
Il Cinéma Ritrovato XXXVIII edizione est unique en son genre. Le laboratoire de la Cinémathèque de Bologne, L’Immagine Ritrovata explore avec assiduité, le monde des archives cinématographiques des début du cinéma muet (1895) jusqu’à la décennie 80. Il sauve ainsi quantité d’œuvres de leur disparition, soit par destruction active ou passive (dégénérescence des pellicules nitrate ou acétate). Restaurer des films du patrimoine mondial, courts ou longs métrages, c’est sauver des livres d’une bibliothèque en flamme.
Aussi, ce festival italien, hors des séries, est plus que jamais nécessaire. Un élixir de vie !