En tant que nouveauté, le tableau « Les Arènes de Séville » (vers 1870) de Mariano Fortuny est présenté pour la première fois au musée après sa récente acquisition (l'année dernière), grâce au legs de Begoña María Azkue. Il s'agit d'un exemple représentatif de peinture d'après nature qui reflète le côté le plus authentique et le plus personnel de l'artiste.
Dans cette œuvre, le peintre Fortuny se distingue par son exceptionnelle maîtrise de la lumière et de la couleur et par son souci du détail qui lui permet de capturer avec une précision poétique le moment où se déroulent ses compositions. Bien qu'il soit mort jeune, à 36 ans, il a pu définir son propre style connu sous le nom de Fortunisme, qui influencera de nombreux artistes.
Après une formation initiale à l'École des Beaux-Arts de Barcelone (1853-1857) où il se fait rapidement remarquer par son talent, il découvre en 1858, grâce à une bourse, les périodes Renaissance et baroque à Rome. Dès lors, la ville devient sa résidence permanente et le lieu où il forge son prestige artistique.
En 1860 et 1862, la Diputación (Conseil provincial) de Barcelone lui confie un voyage au Maroc dans le but de documenter le conflit hispano-marocain. La lumière nord-africaine et les types et coutumes qu’il découvre lors de ces deux séjours influenceront profondément son style et seront la clé du succès de sa production. Durant cette période, il s'intéresse aux peintures de Velázquez et de Goya, qu'il découvre au musée du Prado, alors dirigé par son futur beau-père, le peintre Federico de Madrazo.
Après son séjour à Paris en 1866 - où le peintre de Bilbao Eduardo Zamacois le met en contact avec son futur marchand d’art, Adolphe Goupil, et avec le collectionneur nord-américain William H. Stewart - sa renommée grandit grâce à ses peintures de genre destinées à une clientèle internationale ayant un goût pour les scènes historicistes ou orientalistes.
Tout au long de sa carrière, Fortuny combinera cette œuvre, facilement disponible dans le commerce, avec d'autres œuvres plus libres et personnelles, généralement peintes d'après nature et liées à la peinture en plein air.
C'est le cas de cette belle vue des arènes de la Maestranza de Séville, où, en l'absence d'une description narrative de la corrida elle-même, les projecteurs se portent sur l'arène, articulée par la lumière et l'ombre décrites avec des coups de pinceau lâches et vibrants.
Son incorporation au musée grâce au legs de Begoña María Azkue peut être considérée comme une étape importante pour la collection, car Fortuny était l'un des artistes les plus accomplis de la peinture européenne du XIXème siècle. Après la mort subite de l'artiste à Rome en novembre 1874, le tableau, qui faisait partie de sa collection d'atelier, fut vendu 3 250 francs lors de la vente aux enchères organisée à l'Hôtel Drouot à Paris le 27 avril 1875. Depuis lors, sa trace s'était perdue jusqu'à sa réapparition dans une exposition consacrée à l'artiste organisée à Barcelone en 1989.