Suite au dernier accord avec la Banque BBK, le Museo Bellas Artes de Bilbao a annoncé que les travaux d'extension de l'institution selon le projet "Agravitas" de Norman Foster et de Luis Maria Uriarte sélectionné à la suite d'un concours en 2019 (voir divers articles à ce sujet sur Baskulture), débuteront cet automne. Heureuse nouvelle durant cette période, le musée restera partiellement ouvert et sera accessible par la porte d'entrée principale d'origine.
Seconde nouvelle : les oeuvres de maîtres italiens du XVIème et XVIIème siècle , ont été généreusement offertes sous réserve d'un usufruit par le professeur et avocat Óscar Alzaga Villaamil (Madrid, 1942).
Venues ainsi enrichir la collection italienne du Museo Bellas Arte, trois œuvres de grande qualité d'Orazio Gentileschi et Salvator Rosa ainsi qu'un auteur non identifié du XVIe siècle, sont actuellement présentées aux visiteurs.
La première toile, «Judith et sa servante portant la tête d'Holopherne » vers 1605-1612, une huile sur toile. (131X101cm) fut réalisée par Orazio Gentileschi (Pise, 1563-Londres, 1639). Cette composition représente un épisode de l'Ancien Testament décrivant le moment où la jeune veuve hébraïque Judith aidée de sa servante, brandissant l’épée qui a décapitée la tête du général assyrien Holopherne. Judith a séduit le général afin de débarrasser l’armée de ce dernier du siège de la forteresse de Béthulie et venger le meurtre de son mari. L'héroïne biblique Judith incarnant ainsi le triomphe de l’église à l’époque de la Contre Réforme du milieu du XVIe siècle au milieu du XVIIe.
Ce tableau correspond à la période romaine d'Orazio, influencé par Le Caravage dont il a été le principal disciple . Entre clair et ombrages, Orazio Gentileschi met en scène le drame. Il est intéressant de comparer l‘œuvre de Gentileschi avec celle plus cruelle encore du Caravage sur le même thème.
Vers la fin de sa vie, le peintre s’installa à Londres suite à la demande de Charles Ier d’Angleterre. Poursuivant le thème religieux, et devenu peintre de cour, il réalisa de grands décors et des répliques de ses peintures connues.
Deuxième vue, « Juda et Tamar » (vers 1660) de Salvator Rosa (1615 à Naples – 1673 à Rome)une Huile sur toile. (66,4 x 50,2 cm) semble illustrer le livre de la Genèse. Juda, fils de Jacob et appartenant à la généalogie de Jésus, eut trois fils : Euh, Onán et Selá. Le premier épousa Tamar, qui, étant veuve sans descendance, puis dut épouser Onan, qui ne lui a pas non plus donné d'enfants. Sachant qu'ils ne seraient pas reconnus comme les siens selon la loi hébraïque du lévirat. Doutant que Juda lui donnerait sa troisième progéniture, Tamar, cachant son identité, s'est offerte à son beau-père. La scène se situe au moment où le patriarche remet son sceau et son bâton en retour, preuve avec laquelle Tamar a pu démontrer plus tard que les jumeaux conçus dans cet acte étaient, en fait, les enfants de Juda.
Poète satirique, acteur, musicien, graveur et peintre, par ses paysages sauvages, ses marines et ses grands drames historiques ou religieux, Rosa annonce ainsi le mouvement romantique.
Troisième œuvre, un Portrait anonyme d'une dame avec un enfant (daté environ 1570-1580), une huile sur toile. (195 x 123 cm). Ce portrait de cour, caractéristique du style maniériste précédemment attribué à Sofonisba Anguissola (1531/32-1626), met en scène une femme accompagnée d'un enfant aux vêtements funéraires (septième fils de Cosme Ier de Médicis), son fils ou d'un page, à qui elle offre un bouquet d'œillets et de jasmin, symbole d'amour ou, peut-être, une offrande pour un nourrisson décédé. Parée de magnifiques bijoux sur une robe brodée d'or et d'argent, et ornée de pierres précieuses et de perles, l’élégante femme avait adopté la mode de la cour autrichienne. Une tenue et une facture plus lumineuse encore qui ne sont pas sans évoquer le tableau de Diane d’Andoins avec sa fille Catherine (1565) attribué lors de l'exposition "Un air de famille. Les enfants de la collection Gramont" (2017-18) par le conservateur du Musée Basque Olivier Ribeton soit à Sofonisba Anguissola, très en vogue à Florence à l’époque, soit aux peintres de Cour espagnols : l’artiste Sanchez de Coello (1531/32- 88) ou Pantajo de La Cruz (1553-1608) dont le puzzle des dates semblent mieux s’emboîter.
Malgré les techniques scientifiques actuelles du lazer et de l’ADN, ces exemples témoignent de la difficulté d'évaluer une œuvre sans signature.
Jusqu'au 17 octobre, exposition des deux œuvres des maîtres italiens Orazio Gentileschi et Salvator Rosa ainsi qu'un auteur non identifié du XVIe siècle de la collection Oscar Alzaga, salle G du Museo Bellas Artes à Bilbao (entrée principale).