1 - La sécurité sociale dans l'alimentaire ?
Du nouveau dans l'abondance alimentaire actuelle du "produire plus", du gaspillage des uns ou des privations des autres ! On évoque en France en notre riche pays alimentaire "la sécurité sociale alimentaire" recherchée en divers endroits pour acquérir un savoir faire et une éducation en faveur du bien se nourrir et comment produire.
Selon une enquête du CREDOC pour l'étude et l'observation des conditions de vie, publiée en mai 2023, un sur dix des Français connaissent "la précarité alimentaire chiffrée" à 5,5 millions en 2019 ajoutée à la crise économique actuelle accentuant cette tendance.
2023 par l'inflation des prix de 12,2 % des produits alimentaires selon l'INSEE, la consommation a baissé de 3. % Par conséquence l'alimentation, le logement, l'énergie et les assurances en subissent les effets suivants. Par suite un français sur trois fait sauter un repas par jour selon une étude des Familles rurales de juin 2023.
Toujours selon l'Insee, "43 % des Français sont confrontés à l'impossibilité de consommer des fruits et des légumes frais tous les jours malgré les programmes recommandés de santé publique". On note la baisse de la consommation de viande, de poisson et des fruits en raison de leur prix, repositionnant les achats des clients vers des produits d'entrée de gamme !
Cette hausse n'a pas pénalisé l'industrie agro-alimentaire selon l'Insee dont les marges ont atteint en 23, +48 % selon Ufc Que choisir et Foodwatch France, associations de consommation reconnues.
Il existerait donc en France des déserts alimentaires . Bénédicte Bonzi anthropologue parle "de violence alimentaire", ou de kms à parcourir pour aller au supermarché, selon une ingénieure de l'INRAE.
"Il n'y a pas sur le plan national de politique d'accès à une nourriture de qualité. Ce sont des associations qui font ce travail soutenues ou peu par les collectivités territoriales"
Bénédicte Bonzi ajoute : "créées à l'origine pour distribuer les dons des particuliers lors de collectes dans les supermarchés, ainsi que le surplus de la production agricole, les banques alimentaires sont devenues un débouché pour l'agro industrie et ses produits transformés. Afin d'éviter les ruptures de stock dans les rayons, il faut produire plus que nécessaire."
"Par ce don agréé en 2020, l'Etat a débloqué 60 millions d'euros pour améliorer la qualité des produits distribués par les secteurs acquis de l'aide alimentaire, mais sans réformer le système" !
Côté producteurs, le constat est préoccupant, dit B. Bonzi, 20 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, contre 13 % de la population générale.
Aux risques de voir disparaitre l'exploitation paysanne familiale au bénéfice d'exploitations expérimentales géantes à grand coup de produits phytosanitaires délétères pour l'environnement et à la demande de subventions publiques de survie !
"Sur 9 milliards d'euros versés en France au titre de la Pac, deux tiers le sont au titre et en fonction de la surface de l'exploitation sans tenir compte du type de production ou de destination. Un système qui encourage le groupement à terme en des grandes exploitations" !
Au cœur des acteurs de la société civile et alimentaire un programme en faveur "d'une sécurité sociale alimentaire" voit le jour en France désormais pour aller au delà de la distribution des denrées à la source de la chaîne de production dès l'origine agricole des produits.
Covid permit à une vingtaine d'Associations nationales de se réunir en pleine crise sanitaire pour défendre "une politique nationale de lutte contre la précarité alimentaire permettant l'accès à une alimentation durable et de qualité".
Qui sont ces associations non des moindres dans le panel de cette mission ?
L'association VRAC ( vers un réseau d'achat en commun), les Jardins de Cocagne, le Secours Catholique, le Groupement des épiceries solidaires, et le CIVAM, comprenez 130 groupes d'agriculteurs réunis au sein des centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural.
Une idée simple mais féconde. "Comme le droit d'être soigné, celui de manger sainement et à sa faim doit être protégé par la communauté nationale".
Un calque identifié comme proche de l'original, la Sécurité Sociale de 45 garantissant l'accès au soin en cas de maladie ou d'accident.
Trois piliers la structurent.
- L'universalité, garantie à tous financée par le travail et non l'impôt, sur une adhésion des citoyens non acquise encore à ce jour à propos d'un tel programme innovant et méconnu.
- Produire et respecter l'environnement y sont deux décideurs majeurs d'un enjeu partagé et porté par le travail et les réseaux professionnels et sociaux concernés.
- Il apparaît que ce programme soit déjà retenu en Gironde, le Vaucluse et à Montpellier, pays agro alimentaires traditionnels où des expériences sont en cours dont à Montpellier depuis dix huit mois !
2 - Montpellier expérimente ce projet.
Dans un local prêté par le Secours Catholique un groupe de pionniers peaufine ce projet.
Membres du Comité citoyen de l'alimentation instance de gouvernance de la Caisse alimentaire commune de la métropole. Depuis octobre 22 le groupe se réunit autour de pauline Scherer coordinatrice du projet le plus avancé en France sur dix projets en cours. La triade répond à "comment mettre en œuvre de nouvelles formes de solidarité autour de l'alimentation qui prennent en compte la précarité des producteurs et la préservation de l'environnement et des terres agricoles ?"
400 adhérents reçoivent 100 euros en - Mona- monnaie numérique alimentaire par mois Chacun peut dépenser cet argent en des magasins sélectionnés ou des producteurs ou des marchés. En retour chacun cotise à la Caisse commune au prorata de ses revenus en fonction de ce qui lui reste une fois les dépenses incompressibles assurées
Les revenus de chacun permettent de fixer ce seuil participatif. Les cotisations ne suffisant à elles seules, l'ADEME, les collectivités territoriales et l'Etat ajoutent le nécessaire ainsi que des mécènes. Dès cet automne 23 la Caisse des Dépôts soutiendra l'expérimentation en cours à Montpellier pendant cinq ans à travers le projet Terrasol enraciné localement.
Le niveau d'entendement du projet varie selon les candidats. Il faut informer et former sur les devoirs et droits en l'état selon "un taux d'effort" demandé à tout un chacun. "Faire de l'alimentation un enjeu démocratique est au coeur du projet de la caisse alimentaire commune" avec le temps et les débats qui l'instruisent !
3 - Le point de vue de l'Inrae
Sarah Cohen, ingénieur agronome à Toulouse, précise les trois objectifs d'un tel projet ambitieux pour le projet toulousain lancé ce 23 septembre : "éviter la stigmatisation des plus pauvres de la société en créant un droit à l'alimentation en France Une alimentation choisie et durable pour tous."
Pour l'heure 10 % de la population totale dispose de cette opportunité les plus aisés et ceux qui ont conscience de cet enjeu pour leur vie et leur santé. la SSA peut garantir l'universalité d'un tel enjeu pour la population entière. "en associant, produire demain, se nourrir, consommer et partager selon des équilibres à chercher" dit S Cohen.
Pour un second pallier "celui de professionnels conventionnés des connaissances et des critères à chercher pour obtenir un principe de légitimité durable des prises de décision".
La cotisation sociale demeure le troisième enjeu du projet "entre cotisations patronales, salariales ou sur la valeur ajoutée totale, en prenant en compte les effets sur les acteurs économiques et les PME.
Autre enjeu connexe, les effets ajoutés sur le monde agricole incontournable dans ce process.
Jusqu'en 1967 depuis 1945, les Caisses de sécurité sociale étaient composées par les syndicats 75 % et le patronat 25 %, mais depuis ce temps, le caractère paritaire s'est métamorphosé sans renoncement, au modèle de l'apport de la SS dans ce pays.
En France les idées mènent le monde, celui de la sécurité sociale alimentaire fait partie de ces propositions intéressantes à partager pour éviter la situation de dix millions de Français en butte avec la vie alimentaire, une menace de santé publique !