Le 27 août 1957, le Casino Municipal de Biarritz flambait : le feu avait pris vers huit heures du soir au Tagada, la boîte de nuit qui avait été inaugurée peu de temps auparavant par Gabriel Icardi, plus connu sous le nom de « Gaby du Tagada » (Le fils de l'ancien directeur de la restauration à l'Hôtel du Palais, José Icardi).
A partir d'une étincelle sans doute due à un court-circuit dans le lustre d'entrée, et le brasier gagnait toute la salle - malgré ses matériaux ignifugés. L'extincteur d'un maître d'hôtel resté sur place n’avait rien pu faire, pas plus que les pompiers de Biarritz rapidement arrivés sur place.
Les flammes sortaient par toutes les portes, mais l'installation de trois grosses lances par les pompiers barra leur passage vers la salle des jeux, qui put ainsi rouvrir dès le lendemain ; le théâtre fut noyé, sa coupole s'effondra, ainsi que le plafond du hall. Le gigantesque incendie illumina la ville deux heures durant, semant l'angoisse jusqu'à faire boucler en hâte leur valise aux estivants des hôtels voisins, le Windsor et la Maison Basque.
J’avais 7 ans et je me souviens avoir été réveillé par mes parents en pleine nuit : notre villa était située rue Pellot, mais on avait peur que l’incendie se propage au quartier Saint-Charles voisin car le vent soufflait du sud-est, dans notre direction !
Au petit matin, les pompiers brisaient encore les poutres et les gravats à coup de pioches.
Mais dès l'après-midi, les jeux reprenaient à seize heures, comme à l'accoutumée, dans les bâtiments à demi détruits du Casino Municipal.
La salle du baccara, de la banque à tout va et de la roulette, inondée par les pompiers, avait pu être asséchée par un système ultra-moderne aux rayons infra-rouges. La boule, pour fonctionner à nouveau, avait été déplacée du hall vers l'entrée. La reconstruction dénaturera la belle salle des Ambassadeurs, en abaissant son plafond à quatre mètres du sol, et créera sur cette partie de la terrasse un bowling inauguré plus tard par Maurice Herzog, vainqueur de l'Annapurna et Haut-Commissaire à la jeunesse et aux Sports.
Et la vie reprendra son cours après ce terrible incendie qui aura pas mal marqué les Biarrots à l’époque : une bonne entente avec la municipalité favorisera encore l'animation des saisons par des bals prestigieux, celui des «Toréadors» rassemblant les grands d'Espagne, la Soirée Paul et Virginie et la Fête Napoléon III ; pour le seul été 1961, la scène du Municipal vit passer Edwige Feuillère, Michel Auclair dans Andromaque, Robert Lamoureux, Georgy Cziffra, Aldo Ciccolini, etc.
Paul Barrière, attiré par Charles Pereyre, animera la vie taurine et les spectacles avec les grandes vedettes du moment (Mireille Matthieu, Johnny Halliday)...
(photo de couverture : baignade devant le Casino Municipal, fin des années cinquante ©mairie de Biarritz)