L’avenue de Londres, excentrée par rapport au centre-ville, est injustement méconnue. Elle compte pourtant quelques joyaux d’architecture, signés Gustave Huguenin ou Ferdinand Brana. Ce dernier, justement, signe les immeubles aux numéros 11 et 13, Jacqueline et Marie-Claire, deux sœurs qui ne se ressemblent guère.
L’avenue de Londres est un axe que vous avez sûrement emprunté des dizaines de fois, en voiture. Combien de fois l’avez-vous parcourue à pied ? Il est vrai que sa position, à cheval entre le quartier Beaurivage (ou « Bibi ») et le jardin public en fait une rue de passage plus que de promenade.
Néanmoins, lorsque l’on s’attarde un peu, et que le regard s’égare de part et d’autre du macadam, on tombe sur de vraies merveilles. Aux numéros 11 et 13 de la rue, côte à côte telles deux sœurs qui attendent leurs princes, se tiennent « Marie-Claire » et « Jacqueline » âgées toutes deux de 84 et 85 ans. Un âge qu’elles ne font pas, fardées comme elles le sont de ce bleu Tiffany que l’on retrouve sur les persiennes et les encadrements des portes-fenêtres. Leurs lignes aussi jouent en leur faveur. Modernes, épurées, elles soulignent agréablement les différents niveaux ou rendent comme souriantes certaines des ouvertures.
Des deux, « Jacqueline » est la plus délurée si l’on peut dire, avec ses lucarnes cintrées supportées par des consoles Art Déco, elles-mêmes prolongées par deux oriels s’étirant du deuxième étage à la moitié troisième, faisant alors office de simple garde-corps. Les ferronneries des balcons, figurant des poissons stylisés, sont quant à elles remarquables. Le fameux architecte Ferdinand Brana a transformé « Marie-Claire » en 1931, pour ensuite construire « Jacqueline » en 1932.
L’architecte : Ferdinand Brana (1895-1983)
Jeune homme, il entre en formation dans l’agence des frères Louis et Benjamin Gomez, deux architectes bayonnais très actifs sur la côte basque dans la première moitié du XXème siècle. A l’âge de 28 ans, il démarre véritablement sa carrière et dépose ses propres permis de construire. D’abord sur Bayonne, notamment le lotissement Bellefontaine au sein duquel il créé plusieurs villas (dont la sienne), puis Biarritz où il réalise deux immeubles, avenue de Londres.
Ses deux chefs-d’œuvre sont incontestablement la mairie de Guéthary, pour laquelle il a l’ingénieuse idée d’utiliser la kantxa du fronton adjacent comme parvis monumental, et l’hôtel-casino Itsasoan (1926) situé en front de mer. C’est lui qui réalisera, en collaboration avec l’architecte réputé William Marcel, l’aménagement du Port-Vieux à Biarritz.
Bixente