C’est un concert exceptionnel de fin d'année que Bertrand Latour a programmé le mercredi 27 décembre à 19h30 dans le cadre incomparable du Salon Impérial à l’Hôtel du Palais avec un ensemble de jeunes et talentueux musiciens, lauréats de nombreux prix : Maruska Le Moing, soprano, Marthe Alexandre, mezzo-soprano, Eloïse Fagalde, violoncelliste et Guillaume Latour, violoniste (Paul Remay, mise en scène).

Programme :

Charles Gounod (1818-1893)
- "L’Arithmétique", Duettino pour deux voix égales extrait des 15 Mélodies enfantines.

Antonio Vivaldi (1678-1741)
- "Piango, gemo, sospiro e peno", Aria extrait de la cantate Piango, gemo, sospiro RV 675
- "Ah, ch’infelice Sempre", Aria extrait de la cantate Cessate, omai cessate RV 684
- "Agitata infido flatu", Aria extrait de l’oratorio Juditha triumphans RV 544
- "Godrem fra noi la pace", Duo extrait de La Senna festeggiante, RV 693
-  Nisi Dominus RV 608

- Jean Racine (1639-1699) : Textes extraits des Cantiques spirituels

Anatomie de la joie / génèse

1621 : L’érudit anglais Robert Burton publie L'Anatomie de la mélancolie. Fruit d’un labeur immense, qui est autant un exploit intellectuel qu’une façon pour l’auteur de se soustraire à son désespoir chronique, l’ouvrage prône les vertus de l’activité contre la tristesse.

Quatre cents ans plus tard, l’affaire est entendue et l’activité est devenue valeur suprême. Mais comme le poison est dans la dose, c’est désormais le remède qui nous plonge dans une mélancolie généralisée. On se veut efficace, productif, performant, on remplit ses journées, on fait du sport, on compte les calories, les pas, les views, les likes. On s’agite. Et une question résonne : À quoi bon ?

Alors on relit Robert Burton et on y trouve un délicieux traitement complémentaire : « selon moi, aucun remède n’est aussi immédiat, aussi efficace, et aussi approprié qu’un verre de bon vin, de la gaité, de la musique, et une joyeuse compagnie. »

L’Anatomie de la joie, c’est la salvation par la Musique

Anatomie de la joie / esthétique

Deux femmes se font face. L’une perd pied et désespère, l’autre se raccroche aux vertus de l’ascèse et de l’effort pour les sauver toutes deux, sans grand résultat.

Et puis, la musique de Vivaldi, peu à peu, fait son œuvre et dissipe la grisaille où elles étaient plongées. Leur austère table de travail, où trônent d’abord les instruments de calcul et de mesure (métronomes, bouliers), devient autel, scène et banquet. Les drapés, les fleurs, les fruits, les calices et les verreries les font basculer dans un univers qui tient à la fois des natures mortes de Claesz et des compositions de Poussin, où deux musiciens trouvent tout naturellement leur place.

Le public lui-même est invité à la fête et, guidé par les interprètes, se surprend à chanter un air bien familier des Quatre Saisons.

Le spectacle culmine dans une interprétation à deux voix du Nisi Dominus de Vivaldi, dont le texte affirme que les efforts et la douleur sont vains en l’absence de grâce et de beauté. En un jaillissement baroque vient enfin le règne de la joie.

Billetterie : 45 € et 65 € / Réservation obligatoire au tél. 06 80 04 53 19 / une belle idée de cadeau en ces temps de Noël !