C’est au quartier Marracq à Bayonne où ce nouvel établissement scolaire vient d’ouvrir ses portes que nous avons rencontré son directeur Benoît Sinnig. L’« Etoile » - tel est son nom – arbore un programme pédagogique prometteur qui semble trancher sur une certaine médiocrité ambiante : Benoît Sinnig a bien voulu répondre à nos questions.
Il n’est pas commun d’ouvrir une école, qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
- Ce projet a longuement mûri à travers mon expérience auprès des jeunes. J’ai travaillé durant cinq années dans des quartiers dits « sensibles » à Marseille et en Seine-Saint-Denis avec l’association « Le Rocher - Oasis des Cités ». C’est à travers le suivi scolaire des enfants que j’ai constaté de grandes lacunes sur les savoirs fondamentaux, à savoir, lire, écrire et compter. Les quelques exceptions qui allaient jusqu’au lycée général échouaient systématiquement en première année d’étude. Je travaille actuellement auprès d’adolescents de familles plus favorisées. Je constate pourtant les mêmes types de lacunes pour une partie d’entre eux, alors que leur milieu de vie est porteur.
Dans mes recherches pour comprendre les raisons de ces mêmes lacunes, j’ai découvert par exemple, grâce à des experts, que beaucoup de choses se jouaient dès l’apprentissage de la lecture, qui n’est pas seulement un code mais structure véritablement la pensée. Il en va de même pour les mathématiques.
Parce qu’elle est rapide, l’intuition est sur-stimulée spécialement aujourd’hui et ce au détriment de l’analyse logique qui demande plus de temps. Une équipe s’est formée autour d’un projet d’établissement scolaire au Pays Basque. Nous nous sommes donné pour première exigence de former des enfants qui sachent bien lire, bien écrire et bien compter.
Pourriez-vous en dire plus sur vos spécificités ?
- La création d’une école implique forcément le fait que nous ne soyons pas liés par contrat à l’Etat. Cela donne plus de libertés sur les choix pédagogiques et l’organisation du temps. Cette liberté a un prix : ces écoles sont soumises à des contrôles réguliers et exigeants de la part de l’administration et surtout, ne reçoivent aucune subvention publique.
Comment mettez-vous à profit cette liberté ?
- Nous tenons à donner une place majeure aux apprentissages fondamentaux : lire, écrire, compter. Les matinées y sont entièrement consacrées. Au primaire, la dictée est quotidienne, ils travaillent beaucoup la grammaire, la conjugaison, le calcul mental. Ils manipulent le plus possible. Et pour chaque leçon, nous donnons aux élèves le sens des choses pour que leur intelligence soit véritablement éveillée. Comme je vous l’ai dit, c’est d’abord pour cela que nous avons créé cet établissement.
Durant les après-midi, l’accent est mis sur le développement des talents, la découverte du monde et le sport. En ce moment, les enfants travaillent le théâtre et le chant. Nos deux institutrices ont des compétences musicales et artistiques. L'une d'elles est chanteuse lyrique au Conservatoire. Elles transmettent à leurs classes le goût des arts. Les élèves apprennent à chanter mais développent aussi leur culture musicale. Pour vous donner un exemple, les enfants ont fait du coloriage tout en écoutant « Le Messie » de Haendel qui leur était expliqué au fur et à mesure de l’écoute. Nous souhaitons conduire les enfants à produire quelque chose de qualitatif. Ainsi, lors d’un spectacle, les parents pourront applaudir parce que c’est beau et non pas seulement parce que ce sont leurs enfants.
Les effectifs sont réduits, les élèves peuvent être accompagnés de façon personnalisée et peuvent s'épanouir dans une ambiance familiale et bienveillante. Chaque enfant est conduit à donner le meilleur de lui-même et à grandir dans toutes les dimensions de sa personne.
La nature est aussi un merveilleux champ d’exploration qui ramène toujours au réel. Les enfants bénéficient d’un grand parc arboré pour les récréations avec un poulailler. Actuellement, ils y font des cabanes et jouent beaucoup dans les feuilles mortes.
Pour finir, l’« Etoile » est une école de confession catholique ouverte à tous. L’ensemble du savoir y est transmis à la lumière de la foi. Et les élèves sont invités à découvrir l’amour de Dieu pour chacun d’eux.
Comment se passe cette première rentrée ?
- Nous avons eu très peur de ne pouvoir ouvrir à cause des rallongements de délais administratifs liés au contexte sanitaire. Finalement la rentrée a pu avoir lieu début septembre, avec 17 élèves, du CP à la 6ème. Ils sont répartis en deux classes multi-niveaux, ce qui est très stimulant pour les enfants comme pour les maîtresses. La rentrée s'est très bien passée, c'est un rêve qui voit le jour après des années de mûrissement.
Quels sont vos projets pour les années à venir ?
-Nous sommes en pleine réflexion à ce sujet car nous avons des demandes d'inscription pour l'an prochain, ce qui nous conduit à nous agrandir en louant plus de salles. A terme nous voulons offrir une scolarité de la petite section à la 3eme, donc à la fois une maternelle, un primaire et un collège.
Avez-vous un message à passer à nos lecteurs ?
- Tout d'abord, n'hésitez pas à venir découvrir notre site internet : http://www.letoile.education
Si vous connaissez des parents à la recherche d'une école différente pour leur enfant, nous sommes là pour répondre aux questions. Enfin, si vous souhaitez nous soutenir d'une manière ou d'une autre, nous vous en sommes très reconnaissants car les charges sont là : salaires des institutrices, loyer, matériel pédagogique... Nous refusons de sélectionner les familles en fonction de leurs revenus. Donc une grande partie d’entre elles ne peuvent porter le poids du coût réel de la scolarité de leurs enfants. Tous vos dons sont déductibles des impôts. Merci à chacun !