Il est un virus, endémique et tenace, irréductible et enraciné en pays basque depuis quelque millénaire. Insensible au masque et à l’alcool (plutôt favorisé par lui… selon certaines études), il observe une nette recrudescence saisonnière, volontiers estivale. C’est le virus de la musique partagée, du chant qui réunit, des « notes qui s’aiment » et qui rassemblent.
Un cluster remarquable a même élu domicile, il y a maintenant treize années, en la Cathédrale de Bayonne et en semble indélogeable ! Cette année, la maturation est un peu tardive, le confinement ayant un peu voilé et engourdi les cordes vocales autant qu’instrumentales. Mais le grand vaisseau honorera son rendez-vous estival, en ces tous derniers jours d’août, avec deux concerts.
Démarrage « mezzo voce », jeudi 27 avec un Voyage Musical autour des Flûtes de Guy Angelloz. Cet ancien maîtrisien de Notre Dame, premier prix de musique de chambre et de Flûte du Conservatoire National de Paris, flûtiste de la Garde républicaine et concertiste international, déroulera musicalement une grande histoire de la Flute, baroque (Bach, Haendel, Vivaldi), romantique (Franck, Bizet, Dvorak), impressionniste (Debussy, Fauré).
Deux jours plus tard, samedi 29 août, c’est l’incontournable rendez-vous avec Mozart et l’œuvre – entre autres – fétiche des « Samedis Musicaux », l’émouvant et impressionnant Requiem. Cette œuvre inachevée (par l’auteur) et néanmoins testamentaire, la toute dernière de ce génie universel, est définitivement entrée dans la mythologie et le panthéon de la Musique. D’une puissance expressive surnaturelle, ce Requiem sera servi, dans sa transcription instrumentale de Peter Lichtental (1802), par Arnaud Aguergaray, Aurelia Lambert, Olivier Seube et Yves Bouiller, tous professeurs du Conservatoire et réunis au sein de la plus emblématique formation de la Côte Basque, le célébrissime Quatuor Arnaga.
A ce propos, la transcription a toujours tenu une place importante dans la création musicale. Peter Lichtenthal (1780-1853) qui était l'ami d'un des fils de Mozart et a été l’un des premiers biographes de ce dernier, a eu accès à l'une des copies du Requiem. Le genre du quatuor à cordes était alors fort prisé - on pense aux pièces écrites par Haydn et Mozart lui-même - et il connaissait bien ce répertoire. Comme Haydn pour Les sept dernières paroles du Christ en croix, il va s'attacher à réduire pour cette formation l'œuvre ultime du maître. Une épure qui offre la quintessence du texte, et porte plus sur l'esprit que sur la lettre.
Les deux concerts démarreront à 19h30, entrée masquée et participation libre (ou inversement !). Une place sur deux sera laissée libre (distanciation oblige). Le gel HA coulera à flot…