Le samedi 2 février 1924, le Musée Basque, installé dans l’ancienne maison du négociant Dagourette, ouvrait ses portes au public.
En 1922, le « Musée Basque et de la Tradition Bayonnaise » était officiellement créé par la Ville de Bayonne. Installé, en bord de Nive, dans la maison Dagourette rachetée à l'administration des hôpitaux, il illustrait, dès l’origine, les relations complexes entretenues entre eux, par les Basques et les Bayonnais, et avec leurs voisins immédiats, Landais et Béarnais, dans une confrontation d'identités basque et gasconne assez perméables l'une à l'autre.
Le conseil municipal chargea la Société des sciences, lettres, arts et études régionales de Bayonne de réaliser, organiser et administrer le nouveau musée.
Le vice-président de cette société savante, le commandant William Boissel, en devint le directeur.
Fondateur et conservateur du Musée Basque, William Boissel le présentait comme “l’image réduite des sept provinces basques et de leur bordure gasconne”.
Dans ce “pays de mille mètres carrés”, on devait trouver de l’histoire, de la préhistoire et de l’ethnographie...
Un comité de propagande mobilisa la population avec appel aux donateurs potentiels d’œuvres ou de sommes d'argent. Des commissions territoriales seront chargées d'enquêter et de découvrir les objets intéressants susceptibles d'entrer au musée. Les collections données ou achetées deviendront aussitôt propriété municipale et à partir de 1924, un bulletin trimestriel sera publié jusqu'en 1943.
Du 2 au 14 février 1924 se déroula la première exposition : elle attira plus d’un millier de visiteurs appartenant à toutes les classes sociales de Bayonne et de l’Euskal-Herria. Puis le musée ferma jusqu’en avril.
Le 4 février 1924, "Le Courrier de Bayonne" écrivait : « Ce n’est pas tout à fait un Musée, c’est mieux, c’est une sorte de Chez soi, simple, accueillant, sympathique, où l’on est reçu avec bonne grâce, où l’on s’attarde volontiers, que l’on quitte à regret ».
« On s’y trouvait hier en nombreuse compagnie, puisque plus de 300 visiteurs ont animé la vieille maison Dagourette, entre 2 et 4 heures de l’après-midi.
Il y avait de hauts personnages, il y avait de bons bourgeois, il y avait de simples artisans, il y avait des Basques, il y avait des Gascons, tous intéressés, amusés, satisfaits. C’est qu’on a véritablement l’impression que tout a été organisé comme par des maîtres de maison, prévenants et courtois pour l’agrément des hôtes.
On sait où l’on va, un petit plan vous guide. Des notices claires, concises, donnent aux objets toute leur valeur ».
Combien de souvenirs liés à ce « petit joyau des fonds du Musée Basque », en particulier, dans le fameux « espace cidrerie », l'hommage rendu au tout début des années 80 par son directeur Jean Haritschelhar à Radio-Adour-Navarre et à Ignace Arregui qui m'avait accueilli sur Radio Loyola / Herri Irratia avant la "déconfituration" mitterrandienne des ondes en 1981 ; et combien de fois, depuis des années, avais-je réclamé dans mes émissions sur France Bleu et mes pages dans l'hebdo régional, que l'on remette en place tout ou partie du « cabinet de sorcellerie » ? Car, dans les premières années de la création du Musée Basque à Bayonne, son directeur William Boissel fit appel au peintre José de La Peña afin d’y créer un véritable « cabinet de sorcellerie ».
Dans un de ses tableaux, le peintre prêta même les traits de l’équipe fondatrice du musée à des personnages en costume à fraise d’époque Henri IV, censés assister aux fameux sabbats : on y reconnaissait en particulier le commandant Boissel, le chanoine Daranatz, Philippe Veyrin, Joseph Nogaret, mais aussi le concierge du musée, M. Urbero, et sa secrétaire, Michèle Aguirre, en souriante et aguicheuse « sorcière »…
En 1939-1940, la maison sera momentanément occupée par le Foyer du Soldat. Puis le Secours National s'y installera, tandis que ses collections sont mises à l’abri à Saint-Sever en Chalosse. En 1946, la guerre terminée, les collections furent réinstallées dans la maison Dagourette où elles se trouvent encore aujourd’hui, bien que bénéficiant d’une présentation plus moderne. Tout comme sa façade qui a retrouvé à la suite des dernières restaurations (la maison menaçant ruine) ses meneaux et ses bandeaux en pierre.