Il y a quelques années, Paulette Coutant-Houbouyan (qui est la soeur de l'active animatrice de l'association "Agur Arménie", Lucie Houbouyan-Réveillard) avait brillamment soutenu sa thèse de Doctorat de 3e cycle sur l’Enseignement des Jeunes filles arméniennes dans l’Empire Ottoman au milieu du 19e et début du 20e siècle.
Ancien professeur de sciences humaines, Paulette Houbouyan-Coutant s’investit depuis de nombreuses années dans la coopération scolaire entre la France et l’Arménie pour le soutien de la francophonie. Sa compréhension intime des questions d’enseignement et ses origines arméniennes l’ont orientée vers un premier travail de recherche sur la politique culturelle et linguistique de la France en Arménie depuis l’indépendance recouvrée en 1991.
Elle vient donner deux conférences sur la côte basque :
- jeudi 7 décembre à 16h15 à l’UTL de Biarritz, Maison des Associations : « Entre la France et l’Arménie, des liens culturels anciens et toujours vivaces »
- vendredi 8 décembre à 15h à l’UTL de Bayonne, Centre municipal de réunions : « De l’Arménie historique à celle d’aujourd’hui ».
- à Biarritz :
La conférence de Biarritz concernera une Nation arménienne, riche d'une civilisation ancienne de plus de 3000 ans, qui a su préserver les savoirs anciens, forgeant son identité autour de sa langue et de sa religion chrétienne, dans son terroir ancestral, situé majoritairement dans l'Empire ottoman. Des liens culturels très forts entre la France et l'Arménie, tissés au fil des siècles depuis l'époque des croisades, ont pris un essor particulier à la fin du XIXème siècle. La présence d'écoles missionnaires françaises, fréquentées surtout par de jeunes Arméniens, garçons et filles, fortifie la connaissance de la culture française.
Le génocide de 1915 anéantit la presque totalité des Arméniens ottomans, mais épargne ceux du Caucase, sous domination soviétique à partir de 1922 et devenus indépendants en 1991 après l'éclatement de l'URSS. Dans l'imaginaire des Arméniens, la France garde une place toute particulière comme terre d’accueil et pays des droits de l’homme. La reconnaissance du génocide arménien par le Parlement français en janvier 2001 renforce ce capital de sympathie. La volonté des présidents de la République des deux pays de lancer une « Année de l’Arménie en France » en 2006-2007 montre que les relations culturelles peuvent être un rapprochement entre les deux peuples pour une meilleure connaissance réciproque. En témoigne le Sommet de la Francophonie, en 2018, à Erevan, capitale de l'Arménie d'aujourd'hui qui ne représente que 10% de l'Arménie historique.
Seront rappelées les grandes lignes de cette proximité culturelle des Arméniens avec la France, dans leur terroir ancestral, depuis l'époque des croisades et en particulier au XIXème siècle avec la présence des missions catholiques françaises, ainsi que les échanges culturels avec la France et l'Arménie d'aujourd'hui.
- à Bayonne :
Et le lendemain vendredi 8 décembre à Bayonne, Paulette Coutant-Houbouyan évoquera plus précisément le patrimoine architectural remarquable de l'Arménie, témoin d'une brillante civilisation située "à l'ombre majestueuse du Caucase, au pied du vénéré Ararat, aujourd'hui en péril".
En effet, le Haut-Karabagh ou "Artsakh" en arménien, a subi l'agression de l'Azerbaïdjan. Les plus belles églises et monastères de cette terre, historiquement arménienne, sont désormais sous contrôle azéri. Un patrimoine exceptionnel est en danger. Plus que jamais, l'Arménie a besoin de l'intérêt, de la connaissance mutuelle de cette civilisation, d'hier et d'aujourd'hui, pour sa préservation. La conférence permettra d'en aborder les grandes lignes ainsi que les liens culturels très forts, tissés au fil des siècles, entre la France et l'Arménie.
Comment l’Azerbaïdjan a trompé l’Occident qui a trompé l'Arménie
J'ignore, pour ma part, si la question des graves problèmes géopolitiques se posant actuellement aux Arméniens sera abordée au cours de ces conférences qui promettent d'être passionnantes...
Mais on peut toutefois douter fortement, hélas, de la volonté des puissances occidentales, comme toujours emmenées par les USA dont le seul souci est d'écarter la Russie du Caucase.
Comme l'explique très clairement le Dr Benyamin Poghosyan (président du Centre d'études stratégiques politiques et économiques à Erevan et chercheur principal à l'Institut de recherche en politiques appliquées d'Arménie) : "l’Azerbaïdjan a trompé l’Occident lors des négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (...)
l’Occident qui considérait l’existence de la République du Haut-Karabakh et des Arméniens qui y vivaient comme le seul obstacle majeur sur la voie de la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Selon cette logique, alors que tous les Arméniens ont été contraints de quitter le Haut-Karabakh et que le président de ce dernier, Samvel Shahramanyan, a été contraint de signer un décret sur la dissolution de la république du Haut-Karabakh d'ici la fin de l'année, le décor était planté pour l'accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Ensuite, croyaient les Occidentaux, "l’Arménie normaliserait ses relations avec la Turquie et, enfin, elle pourrait prendre des mesures concrètes pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie. Ensuite, une nouvelle ère de paix émergera dans la région, avec moins de Russie et d’Iran et plus d’Occident, tandis que les Arméniens, les Azerbaïdjanais, les Turcs et les Géorgiens vivront, commerceront et interagiront heureux les uns avec les autres".
D'où les pressions des Otano-européens sur leur homme-lige Pashynian (qu'ils avaient mis en place lors d'une de leurs "révolutions colorées") afin que ce premier ministre abandonne le Karabakh aux islamistes de l'Azerbaïdjan, au détriment d'une population chrétienne arménienne de souche, condamnée à s'exiler. Car c'est bien Pashynian qui a reconnu dernièrement le territoire de l'Artsakh comme partie intégrante de l’Azerbaïdjan...
Une voie royale était ainsi ouverte à l'armée de l'Azerbaïdjan, épaulée par les Turcs (membres de l'Otan) et armée de drones fournis par les Israéliens !
Et tout cela pour quoi ? Les négociations sont actuellement dans l'impasse entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, lequel a soudainement réduit sa participation aux plates-formes de négociations occidentales, annulant les réunions à Grenade, à Bruxelles, puis à Washington.
Bakou a commencé à parler du rôle destructeur des puissances occidentales : finalement, conclut Benyamin Poghosyan, "au lieu d'avoir une région avec moins de Russie et d'Iran et plus d'Occident, la prise de contrôle militaire du Haut-Karabakh par l'Azerbaïdjan a donné lieu à un Caucase du Sud plus instable, où l'Azerbaïdjan fait désormais davantage pression sur l'Arménie."
Quant à la Russie, qui avait jusque-là empêché une déroute totale de l'Arménie (non pas jusqu'à Stepanakert, mais sans doute jusqu'à Erevan, malgré l'attitude hostile de Pashynian, dès le début de son arrivée, envers le gouvernement russe), elle n'a pu que retirer ses "casques bleus" de l'Artsakh puisque c'est bien le premier ministre arménien, sur commande des occidentaux, qui avait reconnu que ce territoire millénaire arménien... faisait bien partie de l'Azerbaïdjan !
Et pendant ce temps, Ursula "Pfizer" von der Leyen "frétille" avec le leader azéri : lors de sa visite à Bakou l'année dernière, la présidente de la Commission européenne n'avait-elle pas déclaré : «Aujourd'hui, en signant ce nouveau protocole d'accord, nous ouvrons un nouveau chapitre de notre coopération énergétique avec l'Azerbaïdjan, un partenaire clé de nos efforts pour abandonner les combustibles fossiles russes. Nous cherchons non seulement à renforcer notre partenariat existant, qui garantit un approvisionnement stable et fiable de l'UE en gaz via le corridor gazier sud-européen, mais nous jetons aussi les bases d'un partenariat à long terme sur l'efficacité énergétique et les énergies propres, étant donné que nous poursuivons tous deux les objectifs de l'accord de Paris. Cependant, l'énergie n'est qu'un des domaines dans lesquels nous pouvons intensifier notre coopération avec l'Azerbaïdjan et je me réjouis à la perspective d'exploiter pleinement le potentiel de nos relations».
Pauvres Arméniens, tout est dit !