Automne 1838 : Charles Baudelaire aux Pyrénées
Fin août 1838, avant sa rentrée en classe de Philosophie à Louis-le-Grand, Charles Baudelaire, âgé de dix-sept ans, part en diligence rejoindre à Barèges sa mère et son beau-père Jacques Aupick. Il y passe « quinze jours à courir à pied, à cheval », jusqu'à Bagnères-de-Bigorre : les Pyrénées le charment, la vallée de Campan l’enthousiasme et il déclare : « Bagnères-de-Bigorre est un lieu de délices : le plus beau pays de France »... pays qui lui inspirera un poème, le premier dont nous gardions trace date / cette poésie et le récit de son voyage à voir dans ce lien :
https://www.nrpyrenees.fr/2021/04/10/baudelaire-a-bareges-9479808.php
Pour sa part, Alan Abeberry, "inspiré par Orphée et Bouddha, imagine avoir rencontré la réincarnation métempsychose de Baudelaire dans un bar de Bagnères" :
ཡི་དྭགས། Preta, esprit avide, fantôme affamé : constamment tourmentés par la faim et la soif, affligés par la fatigue et la peur, la chaleur et le froid, ils constituent l’une des trois renaissances infortunées" ངན་འགྲོ་གསུམ།
Alan Abeberry dédie son poème à son ami de Bagnères, Renaud Darval, ainsi qu’à Aurélie Lietaer et Leslie Matos / http://www.alanpoeme.com
Nous étions trois amis en estive dans un bar de Bagnères de Bigorre
Un poète demande hospice à notre table
Quelques compagnons pour l'accueillir en cœur
Nous le recevons et il se présente :
« auteur de rimes ou crimes »
Je l’arrête tout net, le met en garde
Contre la souffrance qu’il crée et se crée par ses rimes et crimes
Il se dit balancé entre psychanalystes et addictions
J'insiste que le vrai poète ne fait pas de crimes mais des rimes
Qu'il sublime le sel des larmes hors du drame vers le calme
Je comprends alors que ce poète en route vers Toulouse
Avec son tabac et sa bière pas content est un fantôme affamé
Peut-être le fantôme de Baudelaire à Bagnères
De retour de son voyage de jeunesse en Bigorre
Réincarnation poétique
Métempsycose mets temps psycho
Baudelaire au bar à Bagnères
Je t’alchimise Baudelaire
Par l’eau et l’air de Bagnères
Réincarnation improbable et probable dans les courants telluriques des Pyrénées......
Ô Baudelaire, pire aîné des poètes qui fait la tronche, pris entre beau et faux
Ta folie sans mesure, ton génie parfois et par foi, tes images des nuées,
Ta désastreuse éloge droguée du crime, ta fleur du mal
Baudelaire Bagnères
Notre poète est au pieds du Vignemale
Dragon drogué de cigarettes en fumées
Quant nous le quittons, mécontent de notre départ, il éructe et râle :
« Voilà ma vie, un kaléidoscope qui se défait »
Je t’alchimise Baudelaire
Par l’eau et l’air de Bagnères
Je te Bouddha :
« Tu n'en as pas assez, tu es une énergie avide donc à vide
Fantôme affamé, tu veux plus que ce qui déjà t'ais donné
Ton désir crée ta souffrance, contente toi de ce que tu as.
Les choses sont impermanentes, si tu les désires permanentes tu souffriras
Les rencontres au bar sont éphémères ,
Contente toi d’un peu pépère.
Ne sois pas esprit avide, fantôme affamé
Contente toi d un peu, ce que tu as sache l’apprécier
Rêve certes, désire, mais sagement, souvent sobre,
Désire ton bonheur comme celui de l'autre... »
Au dernier regard et adio , le Baudelaire de Bagnères s’interrogeait crispé …
Que ce dragon sous France
Fumeur au soufre rance
Sorte de sa souffrance
Qu'il vole vers les cimes des rimes
Bonheur, nuances de la tempérance
Je t’alchimise Baudelaire
Par l’eau et l’air de Bagnères :
Baudelaire, transforme toi Bouddha !!
Alan Abeberry