Dans le cadre du programme « Ondareizula » sur la valorisation du patrimoine local, la municipalité d'Ossès organise ce samedi 17 octobre à 15h une visite-conférence de l'église Saint-Julien, construite au XVIème siècle et inscrite depuis 2014 dans l'inventaire des Monuments historiques (entrée gratuite et ouverte à tous).
C’est le professeur Jean-Baptiste Orpustan, historien érudit du Pays Basque et auteur – entre autres - du livre « Urzaiz, la vallée d’Ossès » qui présentera l’histoire très ancienne du village dans sa vallée et de son église Saint-Julien (d’Antioche), en compagnie de Mano Curutcharry, conservatrice à Bayonne auprès du ministère de la Culture pour les antiquités et objets d’art, de l’architecte Michel Berger et de l’architecte du patrimoine Isabelle Joly qui va diriger prochainement d’importants travaux de rénovation : ravalement de façade et pierres de taille, vitraux, toitures (charpente et couvertures), menuiseries bois intérieures et extérieures, peinture et plâtrerie, électricité et paratonnerre, etc.
Un village et sa vallée à l’histoire très ancienne
Le toponyme, c'est-à-dire le nom géographique du village apparaît dès 983 sous la forme « Vallis quœ Ursaxia dicitur » – vallée que l’on appelle Ursaxia car, comme en d’autres endroits du Pays Basque et dans les Pyrénées, Ossès contrôlait toute une vallée qui était administrée par une assemblée ou « Junta » de sept jurats élue par les 65 maîtres de maison, et son « mérin » (sergent d'armes). Ses milices étaient incorporées au Régiment de la châtellenie de Navarre.
Et dès le XIIIème siècle, les Hospitaliers de l’abbaye de Roncevaux y disposaient d'une annexe mentionnée dans la liste des maisons médiévales de 1268, ce territoire étant situé sur une des voies du pèlerinage de Compostelle qui venait d'Irissarry et gagnait Urdos, en direction d'Ispeguy et d’Amaiur (Maya del Baztan).
Quant au blason du village/vallée, il a gardé l’aigle « éployée » (en vol) des anciennes armoiries du royaume de Navarre, avant que n’y soient substituées en 1212 les fameuses « chaînes » provenant de la victoire sur les envahisseurs musulmans à la bataille de Las Navas...
Le riche patrimoine architectural de la vallée comprend nombre de maisons et de fermes d'origine médiévale. D’autres remontent au XVIIème siècle. Le XVIIIème est également très présent comme en témoignent les dates et inscriptions qui indiquent généralement la construction de l'édifice ou de grands remaniements.
Quant à l'église Saint-Julien, de style Renaissance, elle est mentionnée dès 1168 mais le bâtiment actuel date de 1668 (date inscrite au-dessus du portail d'entrée ouest). Son clocher, très caractéristique, heptagonal – à six côtés – est construit en grès et en calcaire dont l’alternance donne un très bel effet de bichromie : des bandes alternées blanches et rouges. Cette tour-clocher contient un escalier intérieur en vis (comme dans les châteaux) qui monte à la chambre des cloches. Elle est couverte d'une flèche polygonale en ardoises.
A l'intérieur, dans la spacieuse nef, on remarque le buffet d’orgue : Beñat Arrabit, artisan ébéniste de Saint Martin d’Arrossa nous a expliqué comment cette belle réalisation était sortie de ses ateliers en 1993 : "c’était le fruit d’une collaboration avec le facteur d’orgue Hervé de Bonnault qui avait réalisé toute la partie mécanisme et tuyaux à l'initiative du curé Oxarango qui était à l’origine du projet. Ce dernier avait récupéré un vieil orgue d’un temple à Pau et nous avait mis autour d’un table pour pondre un projet qui embellisse encore plus cette belle église . Pendant les années 1991 et 1992 nous avons travaillé le projet sur plan pour le réaliser et le terminer en 1993".
Quant à la chaire, tout comme les tribunes en bois sculpté, elles datent du XVIIème siècle, ainsi que le retable : par son haut encadrement de colonnes torses et son large linteau, il ressemble à un lourd rideau scénique. Les angelots sont noyés dans leurs nuages d'argent. Cette manière de traiter la gloire de Dieu se retrouve, à échelle plus humaine, sur les retables d'Itxassou, d'Halsou, etc... Ici, la Trinité a disparu car le couronnement à volutes est réservé à saint Jean-Baptiste. Et la voûte du choeur a transformé le cul-de-four en immense coquille rayonnante.