Député de Basse-Navarre, de Soule et de la montagne béarnaise, Jean Lassalle viens de tenir une conférence de presse à l’Assemblée nationale en compagnie de ses collègues Jennifer de Temmerman, Cédric Villani et François Ruffin (groupe « Libertés et Territoires » afin de présenter la proposition de résolution invitant le gouvernement à accorder l’asile politique à Julian Assange et une protection aux lanceurs d’alerte étrangers, de la même manière que cela a été déjà accordé aux lanceurs d’alerte français.
Portée par une soixantaine de députés de toutes familles politiques confondues, la proposition de résolution lancée fin octobre pour accorder l'asile à Julian Assange sera examinée le 4 février et soumise au vote à l'Assemblée nationale.
« Je suis heureux d’accompagner mes collègues dans cette démarche transpartisane qui se poursuivra ce vendredi. Nous espérons que tous les députés, de tout bord, s’empareront de cette occasion pour faire avancer la cause de la protection des lanceurs d’alerte étrangers », a déclaré Jean Lassalle.
Rappelons que le fondateur de Wikileaks est détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres depuis le 11 avril 2019. Le 10 décembre, à la suite d'un appel des Etats-Unis, la Haute Cour de Londres avait annulé le refus d'extradition de Julian Assange prononcé 11 mois plus tôt par une juridiction inférieure. Assange va désormais déposer un recours devant la cour Suprême du Royaume-Uni pour lutter contre cette extradition. Il est poursuivi par les Etats-Unis pour avoir publié, à partir de 2010, des centaines de milliers documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, dont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. S'il est extradé aux Etats-Unis, ce journaliste multi-primé risque une condamnation à 175 ans de prison.
Assemblée Nationale / Proposition de résolution nº 4613 invitant le Gouvernement à accorder l’asile politique à Julian Assange
- Exposé des motifs :
« Il faut protéger toutes les libertés, la liberté de la presse mais la liberté des individus aussi. » Ainsi s’exprimait le président Emmanuel Macron, en 2019.
Pourtant, aujourd’hui, dans le cas de Julian Assange, ces deux libertés sont bafouées. Surtout, c’est un allié de la France, de son indépendance, qui n’est pas protégé.
Fondateur du site Wikileaks, ce lanceur d’alerte a en effet révélé l’espionnage de l’Élysée par nos alliés américains, Julian Assange vit depuis plus de dix années un acharnement judiciaire, mais en réalité politique, de la part des États‑Unis.
Son crime ? Avoir fait œuvre de vérité, de journalisme.
Aujourd’hui, les États‑Unis maintiennent la pression pour une extradition, en vue de le condamner à 175 années de prison. Et Julian Assange croupit dans les prisons britanniques.
La France doit l’asile à Julian Assange.
Depuis des mois, citoyens, avocats, médecins demandent au Président de la République d’accorder l’asile politique à Julian Assange.
En février 2020, Éric Dupont‑Moretti lui‑même, avant de devenir ministre de la Justice, soulignait à quel point Assange avait rendu service à notre nation : « On va tout de même rappeler ce qu’il a permis de révéler. Il a permis de révéler en France que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient été espionnés par les Américains, ça n’est pas rien. Il a permis de révéler également que Pierre Moscovici et François Baroin, deux ministres français de l’économie, avaient fait l’objet d’une opération d’espionnage économique conduite par les États‑Unis. »
Et pourtant, malgré ces services, malgré toutes les alarmes sur ses conditions de détention, la France n’a rien fait. Le pays des droits de l’Homme se tait.
Quelques voix s’élèvent dans le monde.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, explique quant à lui que « Julian Assange doit à présent être libéré immédiatement, réhabilité et indemnisé pour les abus et l’arbitraire auxquels il a été exposé. »
Nous sommes donc face à un détenu sans condamnation. La France ne peut rester muette.
Poursuivre dans l’inaction serait une évidente défaite pour la liberté d’informer. Que ce soit en France, ou dans le reste du monde.
Ainsi, représentants de la Nation, nous réclamons que le droit d’asile soit accordé à Julian Assange.
« Si les guerres peuvent être déclenchées par des mensonges, la paix peut être préservée par la vérité. » Julian Assange.
- Proposition de résolution
Article unique :
L’Assemblée nationale, vu l’article 34‑1 de la Constitution, vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale, rappelant les propos du président de la République : « Il faut protéger toutes les libertés, la liberté de la presse mais la liberté des individus aussi » ; considérant l’attache de la France à la défense de la liberté de la presse et à la liberté d’informer ; considérant l’innocence de Julian Assange ; considérant le service rendu au monde par l’intermédiaire de Wikileaks et des informations dévoilées sur les agissements illégaux des États‑Unis d’Amérique ; considérant le service rendu à la Nation et au peuple français en révélant l’espionnage de l’Élysée par son allié américain ; rappelant les propos tenus par Éric Dupont‑Moretti en février 2020 ; considérant l’appel de nombreuses organisations non gouvernementales et institutions pour sa libération ; considérant la demande du rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies sur la torture ; considérant le rôle que doit avoir la France dans la défense de la justice et des libertés ;
Invite le Gouvernement à accorder l’asile politique à Julian Assange.
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4613_proposition-resolution