Dimanche 25 juin à 18h (en salle 3), le cinéma "Le Royal" à Biarritz projettera en avant-première "Bizi naizeno, je danserai la vie" (*), un documentaire de création sur Philippe Oyhamburu, plus que centenaire (mais toujours fringant) et talentueux ambassadeur de la culture basque. Réalisé par sa petite-fille Lucia Barahona qui le filme depuis plus de dix ans, ce portrait musical traverse les époques et revisite le parcours de ce chorégraphe et chef de chœur qui a su impulser un renouveau dans la danse et le chant choral basques. Un film qui aborde avec justesse et tendresse d’autres thématiques, comme la transmission, l’engagement politique et l’amour de la vie.
Aux scènes filmées par Lucia Barahona s'ajoutent d'intéressants documents de l’INA, tel ce "Discorama" produit par Denise Glaser en 1961, dans lequel Philippe Oyhamburu relate une tournée internationale de sa troupe, ou cette émission sur les Ballets et chœurs basques Etorki de Saint-Jean de Luz, datant de 1969, de Raoul Sangla qui avait participé à une tournée d’Etorki dans les années cinquante en Allemagne communiste, avec de nombreux extraits des danses exécutées au Théâtre de la Gaîté Lyrique, ainsi que des documents plus récents.
Avec ce film, Lucia Barahona souhaite poser son regard "sur la vie d’un homme dévoué corps et âme au rayonnement d'une culture et partager sa manière singulière de l’apprécier. Je m’intéresse depuis toujours à la notion d'atavisme, qui entremêle généalogie, hérédité et transmission. Le nom Etorki de la troupe des ballets et chœurs basques signifie atavisme. Philippe, lui-même, dans l’analyse de son parcours et de sa personnalité utilise souvent les termes d’héritage ou de legs venant de ses ancêtres, car il estime que certains traits ou facettes relèvent de l’inné".
Philippe Oyhamburu avait débuté sa carrière artistique – danses et musique basques - en 1942 avec Segundo de Olaeta, maître de danse biscayen, chorégraphe et musicien, alors réfugié à Biarritz. D’abord accordéoniste, danseur puis metteur en scène du groupe Olaeta qui deviendra Oldarra en 1945, il enseignera la danse aux étudiants basques de Paris de 1943 à 1944 avant d’être directeur artistique et chef des chœurs des ballets basques de Biarritz Oldarra de 1945 à 1953.
« Poupou » Oyhamburu poursuivra ainsi sa carrière à la tête des ballets et chœurs Etorki qu’il avait fondés en 1954. Dès ses débuts, au théâtre des Champs-Élysées, Etorki recueillera les éloges de la presse parisienne, puis internationale.
Sans oublier son emploi de physionomiste, au Casino de Biarritz, au début des années cinquante, ni son passage à la radio. Car, lors d'une période difficile que traversaient les ballets Etorki - il y en eut quelques-uns - un tir croisé de pressions amicales avait décidé le remarquable homme de média et grand précurseur en la matière, Pierre Schaeffer, à engager l'artiste basque, d'abord dans les bureaux de la Radio de la France d'Outre-Mer, puis en tant qu'animateur de programmes. D'ailleurs P. Oyhamburu restera toujours attaché à la radio, à France-Culture, puis à Radio-Adour-Navarre, dont les cassettes enregistrées pour ses reportages dans différents villages servirent longtemps de référence aux élèves de ses cours de langue basque !
Un regard serein, mais critique
Du choc des idées rencontrées, des artistes et des créateurs, dont ceux impliqués dans la culture basque et qu'il avait regroupés au sein de la fédération "Izan", de sa riche expérience artistique, jusqu'aux divers publics côtoyés pendant les nombreuses tournées au Pays Basque et dans le monde, je me souviens de plusieurs entretiens avec Philippe Oyhamburu qui a toujours gardé une vue sereine mais critique sur l'évolution de la "plante basque".
A l'amélioration incontestable de la qualité d'un chant choral apprécié d'un public, lui aussi "entendu", ne correspondait pas, à son opinion, un progrès similaire dans le domaine de la danse : les chorégraphes utilisent souvent des pas empruntés à des traditions étrangères - yougoslave, géorgienne, etc. - sans qu'un public, davantage expert en danse classique que folklorique, ne sache distinguer la véritable authenticité, à laquelle ne nuit pas d'ailleurs une certaine "théâtralité", souvent négligée.
Ah, si seulement le gouvernement basque pouvait consacrer, ne fut-ce qu'une partie des sommes importante engouffrées dans l'Orchestre Symphonique d'Euskadi, à la création d'une compagnie d'Etat, à l'image des ballets mexicains, philippins ou ukrainiens... soupirait alors Philippe Oyamburu, reprenant l'exemple d'Eresoinka, formé en 1937 par les autorités d'Euzkadi, déjà en exil !
Tarif : 7 € / réduit : 4.50 € (étudiant,-18ans,demandeur emploi - handicapé, un justificatif sera demandé au contrôle)
(*) Bizi naizeno, en basque : tant que je vivrai