La déportation par les révolutionnaires d’une bonne partie de la population basque en février/mars 1794 sera le thème d'une conférence donnée par l'historien Alexandre de La Cerda dans le grand salon d'Arnaga le samedi 15 juin à 18h30. Elle est relatée dans son livre "La déportation des Basques sous la Terreur" qui vient d'être réédité chez Cairn.
Beaucoup d’écrits et des monuments rappellent le «populicide» – terme utilisé par le révolutionnaire Gracchus Babeuf dans son pamphlet «Du système de dépopulation…» – de l’Ouest de la France, de la Vendée au Pays Nantais, et au-delà. Mais bien peu d’ouvrages ont été consacrés à la déportation des Basques du Labourd et des confins bas-navarrais en ce tragique mois de février 1794.
Des archives disparues dans des incendies ou des traces effacées intentionnellement n’ont laissé subsister que des mémoires conservées dans certaines familles et des inscriptions recueillies au XIXe siècle par quelques chercheurs courageux sur les tombes dans les cimetières encore intacts jalonnant le chemin de croix des déportés.
Par un froid intense, leur long cortège s’étira jusque des contrées éloignées – au Cantal et en Lauraguais – accompagné de charrettes où l’on avait jeté pêle-mêle ceux qui ne pouvaient marcher par eux-mêmes : vieillards, femmes en train d’accoucher, enfants en bas-âge et grabataires.
Soumis à des travaux forcés, publics ou chez les particuliers, les rares survivants ne furent autorisés à rentrer au Pays Basque que huit mois plus tard, pour trouver leurs maisons dévastées, pillées et brûlées, la terre en friche ou les récoltes volées, les bourgs vidés de leur population.
La ruine était totale. Elle provoqua un appauvrissement dans le pays, cause d’émigration de générations de jeunes basques, une décadence de l’esprit civique et, partant, une atonie dans la vie politique au XIXème siècle.