Ce vendredi 18 septembre à 18h, à la salle des fêtes d'Anglet, le docteur Pelouze, chirurgien cardiovasculaire et en charge du programme sur la Santé, les Soins de la population et l'Assurance maladie au sein d’« Objectif France » donnera une conférence sur ces sujets d’actualité « brûlants » au cours d’une réunion publique en présence du général Bertrand Soubelet, vice-président du mouvement, et du « référent » en Pays Basque et Béarn, Franck Leroy. Ce dernier projette également de réunir prochainement une seconde réunion publique sur le thème de la sécurité avec Bertrand Soubelet, et en attendant, il participera à une émission politique sur France Bleu Pays Basque avec le journaliste Paul Nicolaï, qui devrait être diffusée samedi et dimanche prochains.
Une pandémie qui révèle les faiblesses de la Sécurité sociale
Pour Guy-André Pelouze, le système actuel que nous n’avons pas choisi, associant un monopole public et des assureurs complémentaires sans réelle concurrence est très coûteux, peu efficient dans l’adaptation de l’offre de soins.
L’invasion virale du SARS-CoV-2 est un phénomène biologique de transmission interhumaine que nos modes de vie ont accéléré, en particulier le transport aérien, pour en faire une pandémie.
C’est tout sauf une vague qui est un phénomène physique gravitationnel non modifiable. C’est tout sauf une guerre car ce virus est dénué d’intentions et seulement équipé de mutations favorables pour se reproduire chez l’humain.
Cette maladie infectieuse a soumis nos sociétés à un stress externe qui est devenu un choc pour la santé des populations, et pour l’économie tout entière suite à la réponse étatique.
Le système de soins français, et en amont l’organisation de ce qu’il est convenu d’appeler la Santé Publique, ont répondu à ce choc externe avec des résultats plutôt médiocres d’après les comparaisons internationales.
Flash-back sur le désastre d’un système monopolistique d’État
Le système de soins totalement administré par l’État est un symbole de cette dérive qui a conduit à une détérioration des soins en France depuis 40 ans, tant dans le secteur ambulatoire qu’hospitalier. C’est un fait corroboré par les difficultés à consulter et les délais pour l’imagerie ou les traitements.
Cette détérioration concerne les maladies pouvant entraîner des complications alors que progresse l’utilisation du système pour des problèmes passagers, pour obtenir des avantages en nature ou bien pour convenance personnelle. Depuis dix ans, une pénurie se fait même jour dans différents secteurs, le temps médical, certains médicaments, certaines spécialités. Les Français ressentent cette détérioration et les comparaisons internationales la mesurent.
Or, depuis des décennies toutes les tentatives de réformes du système actuel ont échoué en grande partie faute d’avoir créé les conditions organisationnelles et économiques du changement.
Pourquoi l’histoire de la Sécu explique-t-elle le présent ?
Ce système a été mis en œuvre dans un temps révolu, celui de l’après-guerre et de la « médecine de recours ». L’accès au système de soins était alors dicté par un impératif lié à une situation sérieuse. La demande était auto-régulée, nos parents n’appelaient pas le médecin pour rien, c’est-à-dire pour des maladies bénignes qui guérissent mieux sans médicaments qu’avec ces derniers, pour remplir un arrêt de travail ou pour d’autres raisons futiles. Les pathologies étaient dominées par les maladies infectieuses et les complications des maladies non-transmissibles.
Dans ces conditions de médecine de recours la gratuité est économiquement soutenable et les abus restent marginaux.
Depuis, des changements profonds se sont produits. Deux changements sont particulièrement disruptifs.
La société d’abondance, une espérance de vie de plus de 80 ans en moyenne, une médecine de consommation et l’explosion des maladies non-transmissibles ont bousculé l’organisation en place.
Ensuite, plus récemment, la mutation irréversible de la médecine, devenue une praxis basée sur la biologie évolutive et rythmée par l’innovation, l’imagerie, la génétique, les thérapies cellulaires, a rendu obsolètes des pans entiers de cette organisation.
Ces deux changements sont d’une telle magnitude que ce modèle n’a pu s’adapter. En effet, ce dernier voit se retourner contre lui ce qui était auparavant considéré comme un avantage.
Le monopole de l’assurance maladie administré par un binôme syndicats/État est une dérive, le centralisme étatique des ordonnances Juppé un frein coûteux, l’hospitalo-centrisme un contre-sens, le corporatisme des métiers une entrave, le mode de consultation physique prédominant une impasse.
Le monde où ce système est né a disparu. Pourtant il revient à l’État une responsabilité majeure durant ces années, croire et faire croire que ce serait par davantage d’administration, davantage d’État que le système pourrait survivre et s’adapter à la demande.
Autre illusion, comptable celle là, entretenue par tous les gouvernements depuis 40 ans, faire croire que plus d’État et d’administration permettrait de mettre le système social en équilibre financier. Il s’avère que sur-étatisé, sur-administré le système de soins coûte toujours plus cher et soigne moins bien.
L’État régalien dans la pandémie
Comment s’est comporté l’État régalien garant de la santé de la population face à cette catastrophe ?
Dans ce contexte, la pandémie a frappé la population française. Tout ce que j’ai pointé précédemment a été mis à nu. L’impéritie étatique en matière de santé publique, l’impécuniosité pour protéger les populations, les soignants et les personnes âgées alors que les dépenses sociales, de l’ordre de 800 milliards d’euros, sont les plus élevées au monde en pourcentage du PIB.
L’idéologie hospitalo-centrée a privé le pays de ses ressources de médecine ambulatoire au moment où il en avait le plus besoin, tout cela et bien d’autres erreurs ont été découvert par des Français tour à tour surpris, incrédules, puis en colère.
Rien n’a changé alors que la Covid-19 diminue sa pression terrible sur notre population. L’effort de maîtrise de la transmission a été essentiellement dû au comportement de la majorité de nos concitoyens et à la mobilisation de toutes les forces vives de la société civile.
L’administration s’est scindée en deux : le front office police, pompiers, services directs à la personne ont tenu bon et le back office pléthorique a été porté absent.
À cet égard l’action des ARS dont la justification ne saurait être l’empilement de statistiques régionales et de directives réglementaires superfétatoires mais au contraire l’anticipation dans les situations de catastrophe, cette action a été nulle voire négative pendant des semaines malgré les injonctions de l’État central. L’État régalien a failli, réduit à néant par un État-providence surdimensionné.
Comparaison avec nos voisins européens
C’est là qu’intervient une donnée essentielle : la comparaison avec nos voisins européens. Les pays de l’UE sont en effet des acteurs économiques comme nous d’un marché et d’une monnaie uniques et partagent, s’agissant de la solidarité, les valeurs européennes. Cette comparaison, souvent ignorée dans la réflexion sur le système de soins français, permet tout d’abord de constater que la dynamique du marché et de la concurrence est présente chez les assureurs maladie dans la majorité des pays.
Ensuite il est intéressant de constater que les autres pays ayant un système public dominant consacrent les prélèvements obligatoires, qu’il s’agisse de l’impôt ou de cotisations, aux maladies au lieu d’éparpiller la dépense dans un catalogue de redistributions diverses et de fraudes.
Le système actuel que nous n’avons pas choisi, associant un monopole public et des assureurs complémentaires sans réelle concurrence et depuis peu obligatoires pour certains est très coûteux, peu efficient et n’a plus aucune dynamique dans l’adaptation de l’offre de soins.
La carte non vitale sans données, l’absence de dossier médical électronique, la télémédecine en panne, l’absence de délégation de tâches, la déconnexion des tarifs de l’économie de marché et l’incroyable disparité des remboursements entre les Français, tout cela caractérise un système politisé et en panne d’innovation.
Il est temps de jeter les bases, non pas d’une réforme, mais d’une véritable libération des énergies dans les différentes structures du système. L’objectif est un système de soins concurrentiel, dynamisé par le marché et régulé par l’État pour que les Français aient des garanties, un véritable contrat d’assurance maladie et que les économiquement faibles accèdent aussi au choix de leur assureur.
L’administration a la responsabilité de la régulation. Les acteurs économiques du secteur public ou privé se consacrent à la production de soins et les gestionnaires sont responsables financièrement dans tous les secteurs.
Encore plus d’argent pour la Sécu !
Après les insuffisances de la réponse à la Covid-19, l’État promet un nouvel abondement des comptes de la Sécu.
Alors que la transformation de notre système de santé à la population et de notre système de soins s’impose comme l’un des principaux chantiers de la reconstruction post-Covid-19 de notre pays que propose la classe politique ?
À l’unisson et uniquement pour acheter la paix sociale les partis en place ne voient que deux issues : tout d’abord mettre de l’argent emprunté dans un système qu’ils empêchent de fonctionner en responsabilité.
Ensuite alourdir la fiscalité en prolongeant la CRDS avant d’autres innovations fiscales.
Comme nos voisins l’ont démontré il existe une voie plus efficace. Pour ce faire, il faut simplement libérer le choix des Français.
- Choisir son assureur maladie parmi des entreprises publiques ou privées qui remplissent les conditions d’une charte de garanties permet l’innovation de l’offre dont nous avons urgemment besoin.
- Choisir le contrat qui convient à chacun au-delà d’un contrat socle obligatoire permet de diminuer les coûts sans laisser personne sur le chemin. Ce sont les deux conditions nécessaires de cette transformation.
Sur le plan de la santé aux populations, le constat d’inefficacité des ARS doit conduire à leur suppression. Les exécutifs régionaux sont tout à fait en mesure d’assurer cette fonction en adaptant la réponse aux spécificités régionales et en dimensionnant les mesures en fonction des caractéristiques géographiques de la menace.
C’est exactement appliquer le principe de subsidiarité par exemple pour la gestion des stocks de matériel d’urgence au plus près des populations.
Il est urgent de gérer le pays dans l’intérêt des Français car le « nouveau chemin » ressemble cruellement à l’ancien c’est à dire ne rien changer et acheter du temps avec de la dette.