En cheminant dans la forêt du Pignada, et à travers un choix de textes littéraires de Félix Arnaudin, Roland Barthes, Jean-Marie Broucaret, Miguel de Cervantes, William Shakespeare, Anton Tchekhov en résonance avec les pins, le Théâtre des Chimères évoque la quête du poète et photographe landais Félix Arnaudin qui œuvra en faveur de la mémoire d’un paysage en voie de disparition : celui des Landes de Gascogne, pays de landes et de marais, qui fut planté de pins maritimes au milieu du XIXème siècle.
La langue gasconne, d’une grande musicalité, sera également entendue à plusieurs pendant le parcours.
Attention : en raison des difficultés de circulation annoncées, liées au blocage mis en place en soutien aux prisonniers basques sur tous les axes principaux du Pays basque à partir de 10 heures, la déambulation théâtrale dans la forêt du Pignada initialement prévue le samedi 23 juillet est reportée au mercredi 24 août à 11 heures et 15 heures.
Dimanche 24 juillet, Mercredi 24 août, Jeudi 25 août et Vendredi 26 août à 11 heures et 15 heures, Forêt du Pignada / Gratuit.
Réservation au tél. 05 59 58 35 60 ou en ligne sur le site www.anglet.fr
Point de départ : parking de la voie verte de Montbrun (avenue de Montbrun), situé à proximité de la Maison forestière et de l’aire pour enfants.
Forêt du Pignada / 92 ter avenue de Montbrun à Anglet / Bus ligne 32, arrêt Bellevue
Félix Arnaudin, un amoureux de la Grande Lande
En la personne de Félix Arnaudin (1844-1921), érudit et folkloriste reconnu par les milieux savants de l’époque et qui avait consacré sa vie à la collecte du génie populaire landais, c’est à une figure exceptionnelle de l’identité gasconne qu’Anglet et le Théâtre des Chimères rendront hommage au cours de ces journées estivales dans la forêt du Pignada.
Ne pouvant se marier avec une jeune servante de la maison familiale à cause de l'opposition de ses proches qui préféraient le voir rester célibataire et sans descendance plutôt que de contracter une mésalliance, il « épousera » la Lande : « La Lande, avec l’étrange poésie de ses vastes étendues libres, restait sa vision obsédante ; dès ce jour, et jusqu’à l’heure où elle disparut, envahie par la forêt, il lui appartint tout entier (...) enfiévré de solitude et d’espace, mais volontiers aussi recherchant la compagnie des vieux pâtres, curieux de leurs usages, des détails de leur vie semi-nomade, et recueillant leurs contes, leurs légendes, tout ce qui se répétait traditionnellement autour des parcs, -étendant en même temps son enquête aux chansons, dont les noces, les veillées d’hiver des fileuses, et surtout les réunions qu’il organisait lui-même à ce dessein lui procuraient peu à peu une abondante moisson » (« Dictionnaire biographique des Hommes du Midi » de Henry Carnoy).
Consacrant ainsi sa vie à photographier ses paysages et ses paysans, à collecter ses paroles et ses contes en gascon, Félix Arnaudin n'en publiera qu'une petite partie de son vivant : « Contes Populaires » (1887), « Chants Populaires » (1912) et « Choses de l’Ancienne Grande-Lande », série imprimée peu avant sa mort. Mais surtout, il réalisera en pionnier une description par la photographie de la Haute Lande et de ses aspects remarquables.
C’est en juillet 1875 que Félix Arnaudin commença d’enregistrer ses prises de vue sur des feuillets qui constitueront son répertoire. Cependant, il avait commencé son travail photographique dès l’été 1874 avec une chambre 9 x 12 issue de chez Derogy et des plaques Lumière de sensibilités différentes suivant les clichés. Au fil des années, il va améliorer sa méthode de classement et enrichir son répertoire de détails. Le résultat est une œuvre unique par son ampleur (2700 plaques de verre, conservées au musée d'Aquitaine de Bordeaux) et sa diversité, à travers laquelle il se révèle comme un grand opérateur artistique et un observateur rigoureux.
Il voyait que la civilisation agro-pastorale landaise allait disparaître : « Moins d’un siècle après Arnaudin, le bilan est effrayant : un pays maintenant entièrement voué à l’industrie des loisirs de consommation dans sa zone littorale ; le patrimoine culturel cantonné dans des réserves dont le type achevé est l’écomusée ; un paysage dévasté, sans identité, livré à une architecture de banlieue, la culture industrielle du maïs à perte de vue », notera l’ancien conservateur du musée d'Aquitaine François Moniot dans sa préface au livre « Félix Arnaudin. Imagier de la Grande Lande » (Centre Régional des Lettres d’Aquitaine).
Empreintes, Félix Arnaudin, itinéraire d’un poète et photographe des Landes / Parcours théâtralisé par le Théâtre des Chimères