Entouré d’un écrin champêtre à Anglet , sa ville natale qu’il découvrit en 1962, Jean-Luc Tauziède fait chanter ses archets depuis son atelier. Couronné « Meilleurs Ouvrier de France » en 2011 cet archetier très prisé crée et répare la précieuse baguette magique pour les instruments à cordes frottées des violonistes, altistes, violoncellistes et contrebassiste.
Jean-Luc Tauziède a hérité du perfectionniste de son père, ingénieur aérospatial, et voue une passion pour la musique depuis l'âge de 5 ans inculquée par sa mère, Bernadette Carrau, professeur d’orgue au Conservatoire de Bayonne, organiste concertiste, titulaire des orgues de Saint Charles pendant 40 ans. Ses deux parents chacun à sa façon lui ont apporté le goût du travail et de l'épreuve.
Afin d’approfondir ses connaissances musicales, le jeune Tauziède suit un cursus complet en violoncelle au Conservatoire de Bayonne dans la classe du Professeur Jacques Doué, jusqu’à l’obtention d’un Prix du Royaume de la Musique, enregistré par l’ORTF dans les années 1970. Parallèlement, il anima des émissions de jazz et variétés avec Roby de 1982 à 1992 dans la boîte de nuit de Biarritz.
Après une formation d’ébéniste et de dessinateur industriel, sa vocation tardive se révéla à l’âge de 30 ans quand il rencontra le célèbre expert parisien des archets Jean-François Raffin avec qui il travailla rue de Rome durant 5 ans où il appris les secrets du métier.
Grand admirateur de l'inventeur français de l'archet moderne François Xavier Tourte en 1800, Jean-Luc Touzède développe un style personnel inspiré par l’école d’archèterie française de la première moitié du XIX° siècle.
Parmi ses compétences, il fabrique des reproductions de modèles d'après François Xavier Tourte ainsi que ses archetiers favoris, Dominique Peccatte, Etienne Pajeo et de Jean Adam dit Grand Adam dont il fit la copie de l’archet lorsqu’il présenta de son preuve du Meilleur Ouvrier de France en 2011.
Dans un de ses tiroirs de son atelier, un stock de bâtons de bois de Pernambouc du Brésil aux couleurs rouge foncé et aux veines plus moins apparentes attendent leur tour de magie. "C'est le matériau qui guide l’artisan et non le contraire " explique Jean-Luc Touzède, il rajoute "Quel archet !" N'est-ce pas ainsi que s'exclament souvent les critiques musicaux pour décrire le son.
Aussi pour que le bâton se métamorphose en archet, il faut compter 60 heures de travail pour concevoir un archet. Harnaché de son panache, la précieuse baguette est tendue par un crin blanc très rare à l'écaille extrêmement solide prélevée sur les étalons de Sibérie. Une forme qui correspond à l'étymologie du mot archet qui signifie "petit arc" depuis les temps les plus reculés.
De haut en bas, l'extrémité se nomme la tête, elle est recouverte d'une plaque d'ivoire de Mammouth pour maintenir le crin dont les fils sont recouverts de colophane, une résine de pin afin de faire vibrer les cordes. L’autre extrémité, par laquelle on tient l’archet avec la main s’appelle le talon. Maintenu par un bouton qui transperce le bois, ce dernier permet de régler la tension de la mèche du crin. Sa partie extérieure est ornée de nacre. De l'argent et de l'or peuvent également être utilisés. Il mesure en général 75 cm et pèse entre 55 et 65 grammes.
Parmi les adeptes de ce bijou qui viennent acheter, faire réparer ou réviser des archets dont certains ont plus de 300 ans, on compte quelques violonistes japonais, un ou deux américains, des européens ... et des locaux dont l'éminent chef d'orchestre et violoncelliste de la Côte Basque Yves Bouiller !
Aujourd'hui, 60 artisans travaillent en tant qu'archetier en France. Seulement 20 vivent de leur métier : une excellence dans la perfection d'un savoir faire que l'intelligence artificielle ne remplacera jamais.
Couverture : Photo 1 - L'archetier Jean-Luc Touzède, meilleur Ouvrier de France dans son atelier d'Anglet