Il ne reste plus que deux fabriques de tissage au Pays Basque Nord. La plus authentique, "Ona Tiss" qui veut dire « bon tissage en basque », perpétue cette tradition à Saint-Palais. C’est dans cette ville où siégea l’ancienne cour souveraine des derniers rois de Navarre que François Hourcade avait implanté en 1949 l’entreprise de tissage.
Il y fabriquait des toiles, des espadrilles et des torchons aux rayures basques. Autrefois, l’agencement des rayures ainsi que les couleurs sur le linge constituaient un signe de distinction sociale. A l’origine, la coloration bleue provenait du pastel du Lauraguais qui transitait par le port de Bayonne.
Et dans des inventaires du XVIIIe siècle cités par Monique Salaber dans son livre sur « Le lin d’antan » (éd. Curruchet 1997), on trouvait « la toile du Païs, autrement dit Otorraoihalac ainsi que des métiers à tisser avec des machines appelées Orraciaq ».
Mayalen maîtresse de la qualité
Lorsqu’il reprit l’affaire familiale en 1980, Michel - le fils de François Hourcade - se consacra exclusivement à la confection du « célèbre » linge de maison basque étant donné la diminution du marché de l’espadrille en Soule causée par la concurrence asiatique.
Michel Hourcade forma à son tour sa fille Mayalen et son gendre, tous deux étudiants en gestion à Bordeaux. Cependant depuis 2000, Mayalen a repris l’activité de son mari et développe un linge de qualité aux motifs basques, complété par une gamme aux rayures de couleurs très « tendance ». L’entreprise tisse du linge de maison, du linge d’office et de toilette en nid d’abeille. Mayalen n’utilise qu’un fils 100% coton retors qualité « Egypte » qui peut être bouilli à 90° en machine et même rincé à l’eau de Javel à basse température. Les teintures réalisées dans la région sont certifiées « Grand teint ». Trop difficile à repasser, le lin qui se fabriquait encore il y a dix ans a été délaissé par la clientèle actuelle et ne se tisse plus.
Une technique ancestrale
Dans le grand atelier de tissage bruissent de nombreuses machines : sur une armature métallique appelée « cantre » sont positionnées les bobines. Chaque bobine côte à côte sont disposées sur un « ourdissoir « cylindrique permettant d’ obtenir la largeur du tissu.
On peut positionner jusqu’à 4000 fils. Ces fils constituant la « Chaîne » seront ensuite enroulés sur un support appelé « ensouple »… Chacun de ces fils passe dans les chas d’aiguilles ou lices. Tel un orgue de Barbarie, perpendiculairement à la chaîne une lance commandée perce une carte perforée qui dessinera le motif tissé. Le croisement de fils (chaîne et trame) donne le tissu.
Le travail étant effectué sur place par les cinq salariés de l'entreprise, il est possible de travailler des articles sur mesure : « Il faut de la qualité et de la flexibilité si l’on veut continuer la tradition du linge basque », précise Mayalen Hourcade-Pontaven qui vous invite à découvrir l’un des deux derniers ateliers du linge basque.
Atelier et boutique« Ona Tiss » 23, rue de la Bidouze à Saint-Palais, ouvert du lundi au samedi en août, à partir de septembre du lundi au jeudi de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures. Tél. 05 59 65 71 84.