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Tradition
Évangile de Thomas sur l'enfance de Jésus (syriaque à Harvard)
Évangile de Thomas sur l'enfance de Jésus (syriaque à Harvard)
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| François-Xavier Esponde 520 mots

Évangile de Thomas sur l'enfance de Jésus (syriaque à Harvard)

Le texte du « Protévangile de Jacques » relatant la nativité de Marie avant celle de Jésus nous entraînera dans un voyage du côté de l’Orient. Une révélation mystique de la part de Jacques, un texte considéré comme apocryphe mais qui eut au cours des premiers siècles un public assuré et fidèle à l’histoire de Marie dans la pure tradition des récits de l’enfance du second siècle du christianisme.

Il faudra attendre 1552 pour que Postel, un érudit passionné de ces anciens parchemins, compile à Bâle ces originaux d’avant la parution des Evangiles eux-mêmes et qui passionnaient les chrétiens désireux de connaître le passé de Jésus.

Parmi ces documents rares figure le papyrus de Bodner du IVème siècle, déjà connu d’Origène au IIIème siècle, et qu’une diffusion de 140 manuscrits en grec diffusèrent dans les monastères pour rendre accessible à la prière des moines la dévotion mariale la plus ancienne.

La référence au texte pouvait être contestable mais elle bénéficiait d’une aura véritable et nourrissait le débat au sein du christianisme naissant sur la nature, l’origine, la mission de Marie, la toute belle, au service de Yesua, le Dieu qui sauve.

Texte d’une « hérésie » qui ne manque pas de saveur puisque l’on mentionne chez les détracteurs le récit d’une femme devenue mère par la rencontre avec le soldat romain Panthère, faisant l’objet de curiosité et de culte à l’adresse de Marie dont les interprétations de sa mission inspirent les croyances diverses des gnostiques, des docètes, des partisans de l’adoption de l’Enfant-Dieu par une mère, autant de récits légendaires en rapport avec des contempteurs fascinés mais divisés sur la Nativité de Marie, et celle de Jésus par la suite...

Nous sommes en Orient et le succès de ces légendes merveilleuses connaîtront une diffusion en grec, syriaque, copte, éthiopien, arménien, arabe, et même en vieux slave.

Les auteurs non juifs l’ayant répandu dans leurs aires culturelles et linguistiques, le Protévangile sera connu dans tout ce Proche et Moyen-Orient, bien au-delà du territoir palestinien primitif.

Les grands Pères de l’Eglise, Clément d’Alexandrie ou le Décret de Gélase, portant sur ce texte un intérêt évident, pourraient nous surprendre mais demeurent une référence de l’Antiquité.

La Nativité de Marie, sa Présentation au Temple avant celle de Jésus ont inspiré la liturgie et la prière à la Mère de Dieu, et de toute évidence influencé le culte marial qui, au fil du temps, se développera jusqu’en Occident latin par l’entremise des moines de ces premiers siècles.

Les parents de Marie sont dans le texte objet de vénération, les récits légendaires de la grotte de la Nativité mentionnés dans le texte, autour « d’un puits du repos » où se pressent les parents, l’enfant à naître et les sages-femmes, au nombre de deux, venues pour constater la virginité de Marie avant et après la naissance de Jésus...

Toute vie venant de Dieu, le caractère sacré de l’Enfant Dieu issu d’une mère, objet d’une attention divine particulière en Orient, a inspiré ces récits légendaires qui ont eu une influence notable sur notre représentation de Marie, mère du Fils de l’homme, issu de cette histoire fascinante et pleine de mystères !

François-Xavier Esponde

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