Le culte des morts dans l’Antiquité conforte le sentiment de respect qui accompagnait leur passage vers l’Au-delà.La découverte à Narbonne, sous trois mètres de limon, d’un cimetière de plusieurs centaines de tombes aux portes de la ville, donne de la matière aux archéologues des 1er et second siècles de notre ère. Au carrefour de la route Domitienne, sur la voie de l’Italie, de l’Espagne et de l’Aquitaine, on fit la découverte d’un cimetière sur 2000 m2 où les spécialistes de l’Institut national de recherches archéologiques préventives – INRAP - concentrent leur attention.
300 tombes sur un millier ont déjà été exhumées.
La structure de la tombe contient une petite cheminée en terre cuite verticale comme une amphore placée au dessus de l’urne funéraire. Les proches y déposaient des offrandes pour le confort du défunt. Une pratique usuelle de l’accompagnement des défunts « alimentés par ce conduit de libation »...
La pratique est inusuelle en Gaule, disent les chercheurs, ce qui confirme la présence étrangère des « Romains », nombreux dans cette région, qui et travaillaient dans le port méditerranéen de Narbo Martius, comprenez le port de Narbonne, considéré comme le plus grand de la région à cette époque. Les concessions y sont maçonnées de diverse dimension. La nécropole est constituée de petits monuments funéraires ornés d’enduits peints et surmontés de plaques gravées.
Les épitaphes indiquent que les gisants sont issus de la plèbe urbaine, des esclaves ou des affranchis de souche « italienne ». Une population modeste, travailleuse et prospère apte à ériger pour la postérité ces monuments d’après l’incinération, selon les pratiques connues à Pompéi et en Italie.La plupart de ces sujets ont connu la crémation, quelques nourrissons y ont été inhumés.
On peut observer ces bûchers et des tombes simples abritant des urnes funéraires, parfois des ossements brûlés, des cruches en céramique, ou en verre, des vases à parfum, et des lampes à huile.
La nature des aliments contenus dans ces vases fait l’objet d’études, sans doute du vin, du lait, des fruits calcinés comme les dattes et les figues, au milieu de bijoux ou de parures féminines.
Cette présence riche d’objets cultuels et funéraires en dit long du soin attentionné apporté aux usages mortuaires lors des funérailles, dans le caveau ou la tombe, et pendant le temps du deuil suivi et entretenu par des pratiques abandonnées depuis lors.
On oublie que les familles venaient in situ consommer des repas en compagnie des disparus, partageant leur ordinaire avec leurs proches
Les multiples coquillages trouvés sur place, la face extérieure tournée vers le ciel, indiquent le sens marqué par les vivants de leur attachement en ces lieux et à ces temps mémoriels suivant la disparition de leurs proches.
« Le temps, l’espace et la mémoire du deuil » tels que visibles à Narbonne confortent la perpétuation des rites changeant selon lépoque mais demeurant nécessaires en tous temps, pour assurer dignement l’hommage suivi de cette absence !