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Une tradition
Toussaint (V) Le civil et le religieux lors des obsèques ?
Toussaint (V) Le civil et le religieux lors des obsèques ?

| François-Xavier Esponde 784 mots

Toussaint (V) Le civil et le religieux lors des obsèques ?

Obsèques civiles ou religieuses : le sujet de les distinguer sans les opposer, les reconnaître sans les assimiler, les comprendre sans les conjuguer, demeure d’une pressante actualité aujourd’hui.
Le fil des opinions personnelles égrène un sentiment d’autonomie de penser, croire et de l’exposer qui refuse un antagonisme de la pensée et inspire un rapport à la réalité individuelle nuancé et complexe de toute vie légitime quelles que soient ses croyances. 
Il en serait ainsi lors des funérailles de tout un chacun.

“Le mode chrétienté” univoque, uniforme et commun pour tous semble révolu.
La personnalisation des obsèques devient une priorité. Le choix des témoignages, des textes lus en assemblée, et le goût de les commenter par des membres de la famille ou des tiers est entré dans le cours de plus en plus admis par les personnes concernées.

On ne saurait opposer quelque peu cette attitude avec une aversion religieuse, ou une quelconque négation du fait religieux.
Mais s’agissant d’évoquer la vie d’un individu à l’heure des funérailles, la demande exprimée par des tiers ou les familles conduit à ce sens commun du droit et parfois du devoir de rappeler qui était le défunt, ce qu’il fit et en quoi il crut, dans ses engagements professionnels, associatifs ou publics, sans fausse pudeur ou interdit quelconque.

D’antan, ce droit possible à parler en assemblée du disparu demeurait confidentiel, ou réservé aux notabilités autorisées à le demander, l’obtenir et le développer.
Aujourd’hui, cette aspiration est entrée dans les moeurs de nombre de familles qui, nonobstant la discrétion requise, aspirent à cette déclaration publique d’une vie personnelle avec ses espoirs, ses doutes et ses questionnements.
Et ce, lors des obsèques mêmes !
Le propre de la parole, l’accès à la tribune de l’assemblée est devenu convenu, admis et permis comme un témoignage d’authenticité et de vérité de la vie du défunt.

Ce rapport à la parole exposée est-il civil ? Religieux ? Ou les deux à la fois ? La question demeure selon les affinités de chacun.
Pour les uns il s’agira d’une exclusivité non religieuse, sans toutefois se limiter à une posture civile.
Pour d’autres, les plus fervents et les moins disposés à cet échange, on préfèrera évoquer le témoignage personnel sans le qualifier d’antagonique avec le contenu religieux d’une célébration conventionnelle des funérailles.

En somme une parité équitable entre le refus de principe et l’accès à la parole de toute vie révolue mais reconnue par les proches.
Les notabilités les plus en vue disposeront d’un panel de plans de carrières, d’engagements publics et privés plus nourri que celui de la plupart des individus.
Mais le libre choix de l’évoquer sera acté pour tous.
On choisira les textes, des musiques agrémentées, des interprètes patentés pour leur exécution, ou par convenance les moyens numériques et audio existant, pour faire partager les goûts artistiques ou musicaux du disparu.

 La question religieuse n’en serait pas disqualifiée ni éconduite, ce faisant. Il en résultera cependant une complexité d’harmoniser la célébration religieuse avec le propos partagé des témoins.
Et le choix musical devra s'adapter car, de toute évidence, les instruments habitués de ces cultes traditionnels ont parfois quelque peine à accorder leur répertoire classique avec le contenu livresque des témoignages entendus. Il y faudra de l’imagination musicale et une part d’interprétation de l’exécution musicale pour harmoniser des genres et des goûts esthétiques peu habitués à cet échange mis en partage.

Parler de cérémonie, d’hommage ou de célébration à l’identique et pour le civil et pour le religieux à la fois posera sans doute quelques questions.
- Une célébration civile garderait son caractère propre.
- Une cérémonie religieuse ne pourrait faire fi des textes sacrés bibliques, des sources spirituelles de la prière des églises chrétiennes pour le cas.

Mais de toute parenté le goût réfléchi d’auteurs de la pensée, de la littérature et de l’histoire de la spiritualité ne pourront entraver le désir d’accorder le civil et le religieux réunis au cours d’une célébration, ni les confondre ni les opposer entre eux.
Cet effort de l’esprit bien que possible in fine demandera une recherche et un travail personnel développé par le civil et le religieux spécialement en France où le rapport laïque, le civil et le religieux ne se confondent, ni se refusent entre eux mais se modèlent dans une équi-parentalité possible.

La répétitivité conventionnelle des rites et civils et religieux laissant peu la marge à l’imaginaire, il apparait possible qu’un effet de capillarité entre eux évite des réactions de rejet qui ne laissent libre champ à la liberté personnelle à chacun de vivre, de dire et de partager ses croyances sans offenser celles des autres ni les interdire au cours d’obsèques à la mémoire d’un disparu tel qu’en lui même !

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