0
Tradition
Saint Léon de Bayonne
Saint Léon de Bayonne

| François-Xavier Esponde 1136 mots

Saint Léon de Bayonne

On raconte le miracle du saint bayonnais Léon mort sous la lance des envahisseurs ("normands") dont les reliques sont conservées dans la chapelle du même nom dans la cathédrale de la ville.

zLe martyre de saint Léon par Ernest Georges Berges (Musée Bonnat).jpg
Le martyre de saint Léon par Ernest Georges Berges (Musée Bonnat) ©
zLe martyre de saint Léon par Ernest Georges Berges (Musée Bonnat).jpg

Une femme priante eut l’apparition d’un visage d’évêque souriant qui scintilla dans son reliquaire en l’invitant à le suivre hors de ce lieu dévot et refermé.

Un homme encore juvénile faisait entendre sa voix. Il semblait toujours présent et attaché à ses villageois d’antan dont les plus rebelles avaient voulu son trépas mais que d’autres révéraient comme un protecteur.

On entendit une voix robuste, qui disait : « Allez, allez Bayonnais dans la ville, n’épargnez le passant, recueillez son avis, aidez-le et aimez-le sans mesurer votre sentiment ». Nunquam polluta pour ces latinistes invétérés qui ne sembleraient l’oublier !

La priante se prit au destin de la femme suivant le conseil.
Léon le Bayonnais lui demanda de revisiter la fontaine, la source miraculeuse des abords de la Nive, pour y établir un lieu de mémoire.
Un havre de paix somme toute bien nécessaire dans ce campement militaire où des soldats de tous âges venaient s’abreuver ou chercher la précieuse boisson du quotidien.
Il demanda à la priante et à ses compagnes, car leur nombre semblait s’enrichir de nouvelles recrues, de creuser le sol et d’y établir une retenue d’eau pour les ablutions des uns, les demandes de guérison des autres, un espace de purification de maladies endémiques de la cité, choléra, fièvres diverses, et ces affections de peau que l’on désignait comme malédictions et dont on cherchait la guérison.

Fontaine de saint Léon à Bayonne.jpg
La fontaine de saint Léon à Bayonne ©
Fontaine de saint Léon à Bayonne.jpg

Sans quelque affect ni démonstration, des mains laborieuses apportèrent des pierres de travailleurs pour ériger un monument vénérable désigné depuis comme Fontaine de saint Léon, toujours en place, objet de rencontres et de marches pélerines au cours des siècles, d’une procession du passé en majesté depuis la cathédrale jusqu’en ce lieu sis et considéré comme sacré pour les habitants.

Pendant des siècles la source alimenta la population d’une eau cristalline à nulle autre semblable que ces pieuses femmes entretenaient avec les moyens du bord, de la présence des troupeaux de moutons alentour porteurs de maladies et peu recommandées pour la population.

On chercha bien à éradiquer le lieu de toute dévotion mais en vain, car l’eau vitale pour les autochtones attirait les passants et les attentes d’une population toujours encline à disposer du miracle de guérison si nécessaire à l’heure des épidémies qui marquèrent l’histoire de la cité.

Les dévotes de la place poursuivirent le chemin balisé du saint de la ville en faisant ériger La croix du même nom à quelques coudées de cet endroit.

Le souvenir des annales et archivages du passé rapportent la procession notoire des gens lors des célébrations léoniennes de mars non sans rapport avec le calendrier lunaire de la ville. L’évêque en majesté, son chapitre numérique, les officiants et officiels menaient le défilé au son des voix latines du choeur cathédral jusqu’à ce lieu mémoriel tous les ans.

Chapitre religieux, confréries et gens de métiers divers venaient rendre hommage et fidélité au saint protecteur de la ville qui lors des invasions, des incursions barbares et menaçantes demeurait l’arbitrage suprême des fervents devant toute autre adversité.

L’histoire raconta encore l’aversion révolutionnaire de quelques manants prenant possession de la cathédrale, de ses trésors et de ses orfévreries subtilisèrent le reliquaire du dit saint de la ville, et jetèrent ses trésors dans l’Adour proche pour s’affranchir à jamais de toute autre libéralité que celle de vivre loin de tant de dévotions serviles à la religion et à ses franches docilités.

Mais la providence aidant le reliquaire fut recueilli par le miracle du saint de l’autre coté du fleuve par d’autres piétés religieuses qui ramenèrent in situ ce souvenir sacré pour la postérité.

Le saint Léon n’était donc pas mort à jamais, de nouvelles fidèles et de plus en plus nombreuses perpétuaient sa mémoire qui recouvra sa place et sa majesté dans la cathédrale déjà soumise au feu, à la tourmente révolutionnaire et à ses frasques débiles d’une déesse Raison bayonnaise, aux guerres religieuses préalables mais encore à la désaffection et, encore et encore à sa restauration auprès de Bayonnais demeurés fidèles à ce lieu !

L’histoire ne s’achevait encore de ce saint Léon paradoxal, disparu, sans tête, mais non sans histoire, ni sans mémoire qui inspira l’hospitalité de dispensaires en plusieurs endroits de la ville, perpétuant sans cesse son nom et ses bienfaisances.
La plus enrichie demeure l’Hôpital Saint-Léon portant le nom au quartier de la ville, qui rattacha au fil du temps tous ces établissements gérés par des religieuses charitables de la ville qui depuis plusieurs siècles désormais n’a cessé de s’agrandir et développer son espace sanitaire pour la population locale et au delà.

Un autre sujet de culte et de mission Vincent de Paul inspira les Filles de la Charité dites de Saint Vincent de Paul qui pendant une longévité incalculable assumèrent dans l’hôpital Saint-Léon, les soins obstétriques, la garde et l’éducation de nouveaux nés sans père, d’orphelins nombreux de la ville, et par bien des fois la fin de vie des indigents ou des plus pauvres laissés à leur dévotion au cours de ces temps encore contemporains, faute de moyens substantiels pour leur assurer les secours.

Saint Léon le Bayonnais résistait encore à la Séparation de l’Eglise et de l’Etat en ce début du XXème siècle.
On pria ces femmes de renoncer à leurs cornettes proéminents, se vêtir comme toutes les femmes du peuple, arborant une tunique sanitaire de couleur ou de blanc à la tâche et l’infame n’osa lever la main sur ces besogneuses car dans l’adversité, elles résistaient à l’idolâtrie révolutionnaire et aux fanatiques.

Demeurant à Bayonne, le saint Léon de la ville ne cessa de rayonner encore dans les espaces nord de la ville en érigeant le cimetière dit de Saint-Léon de Bayonne, du saint pour les uns, des autres pour les moins enclins à sa dévotion, où chacun disposait de l’immortalité du site pour sa propre éternité.
On y trouvait les croix de sépulcres classiques de la plupart des gisants, des pierres neutres ou des bustes plus affichés pour des disparus sans religion ou d’une sagesse philosophique avérée.
L’agitation de la vie antérieure de chacun ne semblait entraver la quiétude de la communauté sise en ce lieu pour l’histoire.

Politiques, écrivains, artistes, militaires, religieux et tout un chacun disposait selon la volonté de Napoléon Ier de son espace privé de sépulture, loin désormais des fosses communes impersonnelles qui furent le lieu prédestiné de nombre de la population.

Anna, notre pieuse femme de la chapelle de Saint-Léon fut séduite par la visite de la vieille cité alentour qui ne renonçant à toute modernité ne lui semblait oublier à Bayonne ce personnage normand toujours présent dans sa terre et son histoire!
Léon était encore bien là et toujours là !

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription