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Tradition
Sage femme en Pays Basque, la médecine de ville et les cliniques bayonnaises
Sage femme en Pays Basque, la médecine de ville et les cliniques bayonnaises

| François-Xavier Esponde 1306 mots

Sage femme en Pays Basque, la médecine de ville et les cliniques bayonnaises

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Yvonne Bellecave (Mintzoak, portail de la mémoire orale du Pays Basque nord) ©
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1 – L’emaintsa de nos campagnes

En ce temps de décembre, on ne résiste à réunir dans la pensée ce mois de toute naissance à celui des tant de souvenirs d’un métier à nul autre pareil, celui de sage femme de la vie rurale tout le long du temps de cette histoire.

Native de Macaye, Melle Yvonne Bellecave, centenaire aujourd’hui disparue, exerça sa vie durant ce service auprès des mères de famille de la région d’Hasparren avant de le poursuivre dans les maternités bayonnaises.
Elle pouvait se targuer au terme de sa vie “de les avoir vus tous naitre entre ses mains, ces enfants devenus adultes qu’elle connaissait par leur nom, le nom de la maison natale et celui de la mère et des siens.”
Une femme à l’allure robuste, taillée comme un être solide, qui sillonnait à ses débuts les routes carrossables des villages avec sa 2 cv Citroën légendaire et intervenait avant, pendant et puis après tout accouchement auprès des mères de famille en couche.

On ne connaissait pas encore de maternité et de service d’obstétrique à Hasparren, dans la clinique chirurgicale fondée par le docteur Bonnemaison, la pratique de la naissance était confiée à la sage femme, emaintza en basque, celle qui donne la vie.

La dite praticienne sillonnait la campagne, sans téléphone, avec le bouche à oreille, et ces visites préparatoires qui garnissaient l’agenda de l’accoucheuse, toujours en course, et en mobilité.

Pour nombre des adultes matures d’aujourd’hui, la maternité fut domestique, le médecin de famille n’intervenant que par nécessité ou d’urgence demandée.

Le cérémonial entretenu par l’emainsa, dispensait les hommes de leur présence.
Affaire partagée entre femmes, la matrone, ou l’accoucheuse entourée d’un cercle d’initiées choisies amanoak désignées par la mère de famille, grand mère, soeur ou tante triées sur le volet, partageaient ce temps attendu de l’enfantement dans la chambre nuptiale étant bien souvent la salle d’obstétrique familiale, avec son lot de senteur d’éther, de linges et de serviettes ajoutées pour faciliter le travail de la parturiante et celui de l’emaintza.

Les enfants en bas âge étant éloignés de la proximité de cet espace confiné, le temps de la venue au monde pouvait se faire dans ce collège au féminin où de mémoire d’homme, aucun sujet, pas même le mari n’avait accès au cénacle de “la chambre haute” de la nativité annoncée.
Le moment était intense. La maisonnée entière, garçons de ferme, femmes de service, familiers étaient en attente.

Au fil de son histoire, le métier arbora plusieurs patronymes, dont celui de matrone, de ventrière, d’obstétrice, de leveuse.
En 1505 une note de l’Hôtel – Dieu, hôpital parisien qui accueillait les mères seules, souvent de la rue, livrées à une naissance sans domicile, évoque le métier de sage femme pour la première fois.

Pour le récit illustré prosaïque Aristote et Socrate, deux philosophes grecs de renom eurent pour mère deux accoucheuses de leur temps. Un métier considéré, respecté et admiré.
Socrate pratiqua la maïeutique des âmes, là même où sa mère exerçait celle des naissances.

A Rome, la sage femme exerçait encore la médecine légale, permettant le contrôle et le suivi des enfants, la punition sévère des avortements, soumis au conseil des matrones, qui de par la Loi Cornelia en vigueur sanctionnait les pratiques.

En nos pays la sage femme, emaintza, choisie parmi les béguines, qualifiée parfois de cagot au statut particulier, mi religieuse, mi civile, choisie en chaque paroisse d’ancien régime par le conseil et tous ses membres exerçait le métier d’accoucheuse dans un village.

Tenue par serment , on retrouve trace de ce document à Paris en 1775 à l’adresse des sages femmes, le nom de l’emaintza était annoté sur le registre des baptêmes, et sa mission bien souvent légitime auprès de mères célibataires, lors des baptêmes, servant de marraine, et assurait ce lien avec quelque famille en disgrâce ou en privation.

Le nombre des enfants morts nés étant élevé, on note la présence constante de la sage femme auprès des mères lors de ce temps d’épreuve, du baptême porté sur ce nouveau né et de l’accompagnement de la mère en souffrance.

Le contenu moral et religieux des promesses de la sage femme stipulait une consécration à Dieu dans le métier, au rejet de pratiques de sorcelleries interdites, et de toute évidence le risque des thérapeutiques médicinales tolérées ou admises mais qui firent l’objet au fil du temps de défiance par les médecins, les apothicaires patentés qui n’aimaient cette juxtaposition de pratiques curatives aux effets thérapiques empiriques.

Dès le XVIIème siècle des accoucheuses comme Louise Bourgeois, sage femme auprès de la reine Marie de Médicis, publièrent en 1609 des études sur l’accouchement, la stérilité, les maladies infantiles, l’accueil des nouveaux nés. Au cours du XVIIIème siècle et suivant elles conduiront à la professionnalisation d’une pratique soumise à des formations et à des contrôles médicaux en suivi.

Tout au long de l’histoire les sages femmes connurent ainsi quelques désagréments.

On relate la prise de position hostile de dominicains accusant ces praticiennes d’être des sorcières patentées appliquant la médecine des plantes à des croyances et des thérapies rudimentaires de leur temps.

La sage femme à la croisée de la croyance, de la science expérimentale de l’époque, et de la recherche obstétrique n’a cessé de développer ses facultés, demeurant une profession féminine quasi sélective.
De nos jours encore la quasi totalité des exerçantes sont des femmes.

2 – Un bref historique des laboratoires de biologie médicale à Bayonne.

Jadis on les appelait Laboratoires d’analyses médicales.
On distingue ainsi les laboratoires hospitaliers, CHU ou CHR, les laboratoires privés, les laboratoires spécialisés pour des analyses rares pour le compte des précédents.
Jusqu’en 2001 la capital d’un laboratoire devait être entièrement détenu par un ou plusieurs directeurs diplômés.
Depuis la création des SELAS – sociétés d’exercice libéral par actions simplifiées - seulement 50 % du capital doit être détenu par les directeurs.

Le propre du travail d ’un laboratoire est varié, sang veineux, peau, vagin, cavité buccale, ongles, cheveux, urines, selles, ponctions diverses.
Il est demandé parfois d’analyser de l’eau, l’air, des surfaces, des aliments. L’étiquetage et l’enregistrement précèdent toujours les analyses. L’arrivée du Covid ajoute un travail biologique plus récent.

Jusqu’en 1970 ces analyses étaient manuelles, actuellement elles sont automatisées par des machines d’analyse en chimie, hématologie, immunologie, bactériologie ou mycologie.

On ne trouve d’informations sur la biologie avant la guerre de 1940. Les pharmaciens faisaient quelques analyses simplifiées.

Après-guerre à la rue Frédéric Bastiat, aux allées Boufflers et en pharmacie à la rue d’Espagne s’ouvriront ces premières officines.

Le devoir de la confidentialité professionnelle n’autorisant quelque publicité médico-commerciale sur les noms concernés par la profession, notre informateur autorisé confirme la présence depuis la guerre d’une médecine de ville pour laquelle les laboratoires sont conviés.

Dans la ville de Bayonne où les cliniques chirurgicales, psychiatriques, cardiologiques voient le jour. le réseau labos –cliniques - professionnels médicaux développent un espace sanitaire important pour sa population et bien au delà faisant de Bayonne une ville de santé notable..

En 40 ans l’exercice de la biologie dit notre correspondant qualifié s’est totalement modifiée.
Machines, législations, numérique ont agrandi et rendu l’extension sanitaire plus large, plus accessible à la population de ce pays.

Du côté des maternités bayonnaises la même règle discrétionnaire s’imposant.
La plus ancienne vit le jour dans les années 30.
La plupart des naissances se faisant à domicile. La noria des sages femmes quadrillaient l’espace communal de toute population.
Ainsi donc les générations premières de la population furent accouchées chez elles pour la plupart.

Après guerre deux nouvelles maternités s’ajouteront, qui existent encore et dont les héritiers ont à coeur d’en assumer la mission aujourd’hui.
La sage femme devenant technicienne en clinique d’accouchement, dans le partage des tâches de l’obstétrique, un visage nouveau de la profession est né supplantant à terme l’emainsa ou la sage femme traditionnelle d’antan dans ses méthodes et ses présences.

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Vierge à l'Enfant, croix cimetière de Çaro brès St-Jean-Pied-de-Port (Nicholas Bray) ©
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