C'est le quotidien "Midi Libre" qui l'annonçait le 25 février : "Avec 208 entrées le jour de sa sortie, le film de BHL "Slava Ukraini" ne trouve pas son public... Ce qui fait très peu au regard des très nombreux entretiens réalisés dans la presse pour présenter son œuvre, coréalisée avec le photographe de guerre Marc Roussel.
Le documentaire très engagé suit Bernard-Henri Lévy dans un périple auprès des militaires qui combattent sur les fronts est et sud et de la population ukrainienne. En casque et gilet pare-balles ou en chemise blanche au col ouvert, le philosophe obtient des témoignages poignants ou dresse des portraits plutôt bien ciselés. Mais pas au goût du public manifestement.
Les rares commentaires du film ne sont pas très encourageants. "Trop loin des lieux de combats", "une voix off lente, mal interprétée", "un documentaire ridicule", un "mauvais reportage sans nuance et partisan"... La plupart des critiques sont très sévères
BHL habitué des flops
Mais BHL n'en est pas à son premier mauvais coup, indique encore Yannick Povillon, l’auteur de l’article dans "Midi Libre". Il est, « d'un point de vue cinématographique, un habitué des flops. En 1997, son premier filme "Le jour et la nuit", qui met notamment en scène sa femme Arielle Dombasle et la légendaire actrice américaine Lauren Bacall n'enregistre que 73 147 entrées dans toute la France ».
Pire, ajoute encore Yannick Povillon, « en 2012, BHL réalise un film sur son engagement en Libye pour la chute de Kadhafi, "Le Serment de Tobrouk", présenté même en sélection officielle lors du festival de Cannes, hors compétition, et dont le naufrage est consommé avec 2 450 entrées, selon Allociné. Dans un autre registre, en 2015, la pièce de théâtre "Hôtel Europe" avait dû être déprogrammée faute de public… Et ce, malgré une avalanche de « publicité » dans la « grande » presse !
« Vaincre ou Mourir », deuxième au box-office des nouveautés
Indiquons, à titre de comparaison, que le film « Vaincre ou Mourir », décrié par d’innombrables médias « conventionnels », a dépassé les 300.000 spectateurs en trois semaines de projections dans un nombre très limité de salles (au Pays Basque, uniquement au CGR Bayonne et au Sélect luzien).
Ainsi, pour son premier jour d’exploitation en France, la production du Puy du Fou Films a réalisé un total de 32 371 entrées, se positionnant en deuxième position du box-office des nouveautés en France pour leur premier jour !
Malgré l'avalanche de critiques violentes et acerbes, de Libé au Figaro en passant par l'Obs et Télérama, reflétée par une moyenne de 1,3 sur 5 établie à partir de 10 titres de presse sur l'agrégateur de critiques Allociné, ce dernier faisait en revanche apparaître une moyenne de 4 sur 5 pour les avis des spectateurs sur ce film !
Et malgré les avis de certains députés tel Alexis Corbière, membre du parti La France insoumise et grand admirateur de Robespierre, qui dénonçait une « fiction antirépublicaine » et une « falsification de l'histoire », les historiens authentiques n’hésitaient pas à émettre une autre opinion sur « Vaincre ou Mourir » :
- ainsi, pour Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le très mauvais accueil critique reçu par le film s'explique par le tabou des guerres de Vendée : « le film [...] jette au feu une partie du roman national en restituant avec plus ou moins de bonheur cinématographique, mais telle n’est pas la question, un des épisodes les plus tragiques - si ce n’est le plus tragique - de notre histoire franco-française : la guerre de Vendée et ses 200 000 morts. C’est pour dévoiler cette phase occultée de notre histoire nationale, sa page maudite, que [de nombreux historiens] vouent ce film aux gémonies » et, « si la Grande Révolution nous fascine, nous tentons d’en occulter les crimes de masse »...
Quant à l'historien Thierry Lentz, il écrivait dans Le Figaro : « Si le film, par manque de moyens, n'est pas exempt de critiques esthétiques, si le choix de l'ouvrir par des interventions contemporaines rend le tout un peu inhabituel, on ne voit pas pourquoi ses thèses – d'ailleurs acceptables pour un historien - auraient moins droit de cité que celles d'autres productions cinématographiques. On devrait même se réjouir qu'enfin, le cinéma français traite un sujet pareil, ne serait-ce que pour continuer la discussion sur ces terribles et peu reluisantes guerres et exactions de Vendée. Mais la ZAD de la Terreur, sachant sa position historiquement faible, ne voudra jamais en entendre parler ».