La semaine du 6 au 13 novembre a été intense en musique : de la villa Arnaga à l’hôtel du Palais, du château d’Arcangues à l’auditorium Ravel, de Cambo à Hendaye, la musique a enchanté les oreilles attentives et connaisseuses mais elle a également surpris ceux qui, de leur propre aveu, écoutaient pour la première fois un quatuor à cordes.
Trois formations reconnues ont donné cinq concerts d’excellence.
C’est au quatuor Arnaga qu’il appartenait, dimanche 6 novembre, d’ouvrir le festival. La conférence introductive d’Etienne Rousseau-Plotto avait préparé le terrain avec brio et posé les indispensables jalons de l’histoire du quatuor « quintessence de la musique occidentale ».
Le programme éclairait d’emblée le projet du festival : élargir l’Europe musicale en redonnant leur place aux compositeurs basques ou attachés à la région que le grand flot de l’histoire de la musique avait laissés sur la rive.
Juan-Crisostomo Arriaga et Jose Maria Usandizaga ont enfin trouvé des interprètes fortement motivés et ardents à défendre leurs musiques puissantes, originales, ancrées dans la grande tradition schubertienne (Arriaga) aussi bien que dans les chants populaires basques (Uzandisaga). Le 1er quatuor du Bayonnais Joseph Ermend Bonnal a été révélé au public par ces quartettistes très impliqués, convaincus de la haute valeur de l’œuvre : une haute inspiration, soutenue par une technique d’écriture sans faille. Pas une longueur, chaque note a un sens, chaque phrase a quelque chose à dire. Cette musique atteint immédiatement le public par sa force et sa sincérité, par la beauté de ses thèmes et de ses harmonies, par la profondeur de son inspiration.
À Hendaye, le quatuor Arnaga et Jacques Dupriez au violon baryton ont, en outre, magnifiquement interprété le quintette à deux violoncelles de Schubert.
Invitée tour à tour à l’auditorium Maurice Ravel de Saint-Jean-de-Luz et au salon des Gobelins du château d’Arcangues, l’exceptionnelle fratrie qui constitue le quatuor Girard impressionne d’emblée le public. Si tout quatuor à cordes est condamné à trouver sa fraternité, les Girard l’ont reçue potentiellement, comme un cadeau de naissance. De Haydn (op. 76 n°3 dit « Kaiser ») à Beethoven (opus 130 et 132), ces musiciens ont su allier la rigueur et la précision, l’émotion et le lyrisme, réalisant l’investissement de l’interprète dans sa totalité de musicien et d’individu pensant.
Enfin, le quatuor Manfredi est venu de Venise pour donner le concert de clôture, le dimanche 13 au Salon Impérial de l’hôtel du Palais. Dans ce lieu exceptionnel, le quatuor a donné une magistrale interprétation de trois œuvres magistrales : opus 33 n°2 de Haydn, 2ème quatuor de Lucien Durosoir, 10ème quatuor de Chostakovitch. De l’allégresse teintée d’humour et de légèreté du premier aux horizons tragiques des deux autres, le quatuor a rendu tous les effets d’écriture, tous les états d’âme, tous les messages humains de ces musiques dont la seule ambition était de révéler l’homme derrière l’œuvre et d’entraîner les esprits vers les régions du sublime.
Georgie Durosoir