0
Tradition
Pèlerinage à Saint-Just Ibarre : Michel Garicoits, un saint pour notre temps
Pèlerinage à Saint-Just Ibarre : Michel Garicoits, un saint pour notre temps
© DR

| Alexandre de La Cerda 1119 mots

Pèlerinage à Saint-Just Ibarre : Michel Garicoits, un saint pour notre temps

Comme chaque année, le dernier mercredi du mois d'août, un pèlerinage rendra hommage à saint Michel Garicoïts. Il aura lieu mercredi prochain 29 août à Saint-Just-Ibarre, petit village de l'Oztibarre, situé au pied du col d'Osquich. La journée sera présidée par Michel Cartatéguy, archevêque émérite de Niamey (Niger), originaire d’Hasparren. Peut-être aurez-vous envie d'allier une découverte du Pays Basque et de la personnalité extraordinaire de saint Michel Garicoits, ce Bas-Navarrais que l’historien Roland Moreau qualifie d’« étoile du XIXe siècle » dans son remarquable ouvrage sur « L’âme basque » heureusement réédité chez Atlantica. Une figure exceptionnelle de la spiritualité basque, acteur essentiel d’une époque où « aux persécutions révolutionnaires avait succédé le branle-bas des missions ». Un siècle et demi plus tard, on ne l’a pas oublié dans son Pays Basque natal où, entre autres, une école porte son nom à Domezain, ainsi qu’un centre de formation rattaché au Lycée d’enseignement agricole Errecart de Saint-Palais, et Michel Garicoits figure encore parmi François-Xavier, Louis Cestac, etc. sur les belles fresques de saints basques à la chapelle des Missionnaires près du collège Saint-Joseph d’Hasparren…

Aîné de six enfants, il était né le 15 avril 1797 à Ibarre, village bas-navarrais au pied du col d’Osquich, réuni à celui de Saint-Just au XIXe siècle. Ses parents, Arnaud Garicoïts et Gratianne Etcheverry étaient d’une famille paysanne assez pauvre qui avait traversé les épreuves de la Révolution et la déportation des Basques en aidant les persécutés. Bien des prêtres, traqués par les révolutionnaires, s’étaient réfugiés chez les Garicoits avant d'être discrètement conduits par Arnaud en Espagne.

D'un tempérament volcanique, d'une force physique supérieure à la moyenne, leur fils Michel semblait volontiers batailleur, voire violent, n’hésitant pas, à l’occasion, de se mesurer avec les aigles, qu’il laissait fondre sur lui en faisant le mort, avant de les chasser à coup de makila !

Or, et c’est là où on voit que l'éducation exerce habituellement une influence décisive sur l'orientation de toute la vie, pour corriger le tempérament difficile de son fils, Gratianne « ne l'accablait pas de longs discours, mais, d'une façon toute simple, elle le tourna, à partir du monde visible, vers le monde invisible » en lui donnant les bases fondamentales d’une morale religieuse aussi simple que compréhensible et efficace.

Le pape Jean-Paul II, en juillet 1997, n’avait pas manqué de le citer en exemple : « Dès son plus jeune âge, saint Michel Garicoïts a entendu l'appel du Seigneur à le suivre dans le sacerdoce. La maturation de sa vocation et la disponibilité dont il a fait preuve sont liées à l'attention de ses parents, à leur amour et à l'éducation morale et religieuse qu'il a reçue, particulièrement grâce aux soins attentifs de sa mère. Dans sa démarche spirituelle, sa famille a donc une place importante... Grâce à elle, le jeune Michel a appris à se tourner vers le Seigneur, à être fidèle au Christ et à son Église. En notre temps où les valeurs conjugales et familiales sont souvent bafouées, la famille Garicoits demeure un exemple pour les couples et pour les éducateurs, qui ont la responsabilité de transmettre le sens de la vie et de faire percevoir la grandeur de l'amour humain, ainsi que de faire naître le désir de rencontrer et de suivre le Christ ».

Beti aintzina

Malgré les réticences de ses parents qui n’avaient pas de quoi payer ses études, Michel Garicoits qui ressentait une ardente vocation, deviendra prêtre au prix de durs sacrifices. Après deux années de vicariat « zélé et prudent » à Cambo qui lui attirèrent, déjà, une réputation de « apez saindua », la confiance de son évêque l'envoya à 28 ans au Grand Séminaire de Bétharram où, comme professeur de philosophie puis comme Supérieur, il rétablit la discipline et la piété. Quand le Séminaire fut transféré à Bayonne, il demeura  à Bétharram et entreprit de restaurer l'antique sanctuaire Béarnais de la Vierge en y restaurant l’antique pèlerinage. C'est là que grâce à sa rencontre avec Jeanne Elizabeth Bichier des Ages, à l’origine des Filles de la Croix et qui sera canonisée avec lui en 1947, il fonda, en 1835, une Congrégation de Missionnaires et d'Enseignants, les Pères de Bétharram, qu'il « arma » des Exercices spirituels de saint Ignace et qu’il dirigea jusqu'à sa mort. Il organisa les missions, ouvrit écoles et collèges. Car, pour notre saint, éduquer c'est « former l'homme et le mettre en état de fournir une carrière utile et honorable dans sa condition, et ainsi préparer l'éternelle vie, en élevant la vie présente... L'éducation intellectuelle, morale et religieuse est l'œuvre humaine la plus haute qui se puisse faire ; c'est la continuation de l'œuvre divine dans ce qu'elle a de plus noble et de plus élevé, la création des âmes... L'éducation imprime la beauté, l'élévation, la politesse, la grandeur. C'est une inspiration de vie, de grâce et de lumière ». Encouragé par la transformation merveilleuse qu'il constatait chez les élèves, Michel Garicoits ouvrit ou reprit, au fil des ans, plusieurs écoles dans la région. Leur influence et l'action qu'il exerça lui-même, principalement sur le clergé et les religieuses, déterminèrent dans toute la région un renouveau de vie Chrétienne.

Il avait rencontré plusieurs fois Bernadette Soubirous qui venait souvent au sanctuaire de Bétharram afin de lui demander conseil, avant et après les apparitions de Lourdes en 1858.

Son œuvre fut continuée par un de ses compatriotes bas-navarrais, Auguste Etchécopar. Natif de Saint-Palais, ordonné prêtre en 1854 à la cathédrale de Bayonne, il sera admis dans la Congrégation du Sacré Cœur de Bétharram fondée par Michel Garicoits qui le nomma maître des novices et dont il devint secrétaire et confident avant de lui succéder comme troisième Supérieur général à partir de 1874. C’est lui qui travailla  à l'approbation de la Congrégation et de ses constitutions par le Saint-Siège, à la reconnaissance de la sainteté de Michel Garicoïts et au rayonnement de sa famille religieuse, encourageant les missions d'Amérique (d’abord en Argentine puis en Uruguay, au Paraguay et au Brésil, car « les Basques qui émigraient là-bas n'avaient pas de prêtres »)  et fondant une résidence à Bethléem en Terre Sainte. Actuellement au nombre de 300, les « betharramites » exercent leur apostolat en Europe (Espagne, Italie, Belgique et Angleterre), en Inde, Thaïlande, Côte d'Ivoire et Terre sainte, certains de leurs prédécesseurs étant même partis en Chine en 1922, avant de s'en faire expulser par la dictature maoïste (informations : tél. 05 59 98 01 71 ou www.betharram.fr).

Programme du pèlerinage à Saint-Just Ibarre :

7 h : première  messe à l'église - de 9 h à 10 h : Sacrement de la Réconciliation à l’église.

10 h 30 : Messe Solennelle

12 h 30 : Adoration eucharistique à l’église - 14 h 30 : Bénédiction à l’église

15 h : Chapelet à l’abri des pèlerins, vêpres et procession vers Garacoetxea.

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription