1 – Pentecôte juive
Il est évident de constater la parenté existant entre la Pentecôte juive ancienne et la Pentecôte chrétienne dont l’origine est biblique.
La Pentecôte juive suit de 49 jours la Pâque juive - Pessah, parmi les trois fêtes de pèlerinage de la tradition israélite, appelée Fête des Moissons (Exode 34,16, Fête des Semailles Ex 34,12) selon d’autres sources, ou encore Fête des Prémices des récoltes (Nombre 28,26).
En clôturant le cycle de la Pâque, le juif pieux établit ce lien entre pâque - pessah et pentecôte - chavouoth, en faisant au temple le plus proche de son lieu d’origine l’Omer, à savoir le don de la gerbe de la moisson nouvelle, comme décrit dans le Lévitique, 23,9-17.
Pour tout fils d’Israël, Dieu - béni soit son nom – est « l’auteur premier souverain de toute création et l’offrande des récoltes de la terre, fruit de son travail, doit être remise au Créateur comme un don de ce que le laboureur aura semé dans les champs ».
Il s’agira de froment, d’orge, de raisin, des figues, des grenades, des olives, du miel et des dattes.
Nous sommes bien en Orient et l’énoncé de ces fruits est bien situé dans le lieu et dans les usages agricoles des populations de la Terre Sainte.
Comme en toute fête on exhibe le rituel à l’extérieur au cours d’une procession colorée, bariolée, avec un taureau décoré qui ouvre la marche. Il sera sacrifié aux libations de la fête mais qu’importe, les rites anciens n’ont pas totalement disparu du décorum, et l’on lit le psaume 30.
Le pèlerin venu des campagnes avoisinantes passe la nuit de pèlerinage dans la ville, à même l’esplanade du temple, se consacre à quelques dévotions, lecture de la Torah et commentaires donnés par les Lévites, fait le don de l’Omer, et revient dans ses terres.
Il est ancré dans sa mémoire que « de Sion sortira la Loi divine, et de Jérusalem la Parole de l’Eternel » (Esaie 2,3)... Convaincu en effet d’accomplir son pèlerinage sur les pas de ses ancêtres, Moise et le peuple en marche vers Jérusalem, ce transport tous les ans en ce lieu béni représentera un acte de fidélité commis à l’adresse de son Dieu comme la promesse du suivi de ses pères dans la Foi.
Il est rapporté en effet que Chavouoth est encore le Don de la Torah, la Bible pour les Israélites, à laquelle tout juif pieux consacre son temps, en particulier en réitérant plusieurs fois dans la journée sa prière - schema israel - mémorisée dans les esprits depuis des millénaires...
Pessah et Chavouoth sont intimement liés, dans un environnement fleuri, habillé de guirlandes, de végétations dans la synagogue et dans les habitations. Un lien qu’aujourd’hui encore on perpétue dans l’espace religieux et national en Israël où ces anciennes fêtes religieuses trouvent un écho favorable bien que laïque pour célébrer l’unité du peuple, le partage commun de sa terre et des règles civiques qui réunissent la diaspora juive revenue en Israël depuis l’indépendance du pays.
2 - Pentecôte chrétienne
Héritière de la transmission juive de Chavouoth et du Don de la Torah, selon le récit contenu dans les Actes des Apôtres Pentecôte perpétuera « le don de l’Esprit Saint sur la tête des Apôtres et de l’Eglise ». Les apôtres recevront les dons de l’Esprit Saint et la faculté « de disséminer par l’usage des langues du temps le message évangélique à toutes les nations du monde en commençant par Jérusalem ».
On imagine mal le nombre de Confréries nées pendant l’histoire de l’Eglise de cette effusion de l’esprit, de sociétés savantes et spiritualistes désireuses de quérir dans l’Esprit Saint les pouvoirs spirituels de l’intelligence du sacré dans leur vie. Le feu de l’esprit incarne la force de la lumière et des forces invisibles contenues dans la flamme intérieure de l’intelligence humaine. Des théosophies, des écoles d’inspiration diverse entretiendront au fil de l’histoire de l’esprit cette source biblique, antique et originelle aux rituels humains à l’adresse du soleil, de l’éclat du jour et de toute lumière christique illuminant la vie des hommes.
Le « Veni Creator Spiritus » sera proclamé comme l’antienne et l’invocation continue aux dons de l’Esprit à toutes les époques de la vie. Des sacrements dont le baptême, l’ordre consécratoire des prêtres et des évêques, habiteront l’histoire de ces sacrements fondateurs de la vie chrétienne et des promesses. Les historiens de ces sacrements rapportent que de l’eau, de l’huile et de l’invocation de l’Esprit naîtront de nombreux courants spirituels au fil de l’Eglise, teintés de sacramentaux et de cultes parfois apocryphes. Le sacrement de la confirmation sera appliqué sur « les chérubins de l’adolescence » qui s’achève pour ouvrir les horizons d’une vie adulte dans la Foi. L’onction sur les malades toujours en usage sera apportée par le visiteur agréé pour demander les grâces de toute guérison.
Le culte et la dévotion aux dons de l’Esprit Saint parleront aux fidèles un langage de l’invisible dont on perçoit la provenance et la signification personnelle. On raconte même que dans quelques pays anglo-saxons, on lançait dans l’assemblée des oriflammes et des lumignons allumés pour traduire dans la nuit de l’édifice religieux cette expression insolite de lumière. La présence divine contenue dans le feu traverse le cours du récit biblique depuis Moise recevant de l’Eternel les recommandations de son Dieu, Elie transporté vers le ciel dans une gerbe de feu et de lumière.
La Pâque des chrétiens s’initie autour du feu pascal, il se répand comme le feu sur les apôtres, et dans leur mission. Le feu du ciel et celui de la terre se conjuguent dans la vie des hommes. Parmi les quatre éléments de la création, la terre, l’air, l’eau et le feu, ce symbole échappe au pouvoir des hommes et rapporte la quête insatiable du salut qu’il représente pour toute intelligence en sa recherche infinie !