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Tradition
Patience et adversité dans la vie de confinement.
Patience et adversité dans la vie de confinement.

| François-Xavier Esponde 1223 mots

Patience et adversité dans la vie de confinement.

Le temps pandémique que nous subissons impose aux esprits une patience irréductible face à l’adversité et à l’épreuve du confinement. 
Le temps de la réflexion et de la méditation ouvrent la voie à des horizons peu habitués à des lectures de textes spirituels  ou d’ordinaire consultables en des situations différentes. 
Certaines séquences et commentaires de passages bibliques extraits d’auteurs sémites qui relatent le temps de la patience, bien souvent de la part de l’Eternel pour ses fidèles, semblent fort à propos pour les temps que nous vivons. 
L’auteur biblique rapporte « que le Seigneur ne s’irrite pas .. du récit de la Genèse.... Peut-être se trouvera–t-il dix justes en chaque ville capable de me suivre ? Et l’Eternel dit: « je ne la détruirai pas à cause de ces dix justes » (Genèse 18,32). 
En Néhémie 9,30. La parole de l’éternel exprime un agacement certain face à l’enfermement d’un peuple insoumis. Tu les supportas de nombreuses années, tu leur donnas des avertissements par ton esprit, par tes prophètes et ils ne prêtèrent l’oreille. Alors tu les livras entre les mains des peuples étrangers. 
De la part de Paul aux Romains, 12,12, la vertu de la patience est soulignée, « réjouissez-vous en espérance, soyez patients dans l’affliction, persévérez dans la prière »
Le thème de la patience est rappelé encore dans le chapitre 15 aux Romains 4, à l’adresse des chrétiens de Rome. « Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction afin que par la patience et par la consolation que donnent les écritures, nous possédions l’espérance »
Patience encore rapporté chez les 2 Corinthiens 6,4 : nous nous rendons à tous égards recommandables comme serviteurs de Dieu par beaucoup de patience dans les tribulations, dans les calamités, dans les détresses. 
La vertu de la patience chez les chrétiens des origines de l’église est une vertu reçue de Christ et partagée en cette foi commune. 
Le fruit de l’esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur,la maîtrise de soi , cités dans l’épitre aux Galates au chap 5,22. 
Cette patience menée de concert dans les oeuvres bienfaisantes de la foi rappelle : « ne nous lassons pas de faire le bien car nous moissonnons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas » Galates 6,9. 
La vertu de la patience reçue dans la foi demande en retour d’en faire une diffusion généreuse, « car il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles, il doit au contraire avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner, et doué de patience » en 1 Timothée 2,24. 
Des recommandations suivent pour les vieillards, « ils doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans la charité et dans la patience » .En Tite 2,2. 
Et pour ces jours de pâques désorientés par l’épidémie que nous partageons, ce conseil spirituel de circonstance garde sa saveur légitime : « Soyez donc patients frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici le laboureur attend, le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière saison », dans l’épitre de Jacques 5,7 
Patience et confinement apporteront cette vertu commune du respect de toute vie, la sienne et celle des autres qui imposent des contraintes et des conditions. La patience dans cette force spirituelle ouvre un horizon à la solidarité humaine et sanitaire pour les populations les plus fragiles, malades ou âgées aujourd’hui et des enfants plus tard. 
Le confinement dans ce vécu imposé pour la survie des humains menacés dans leur subsistance morale et spirituelle demeure un visage spirituel du vendredi de la croix christique en cette année exceptionnelle. Elle donne à voir la difficile réalité des morts innocentes en toutes les parties du monde. 
Sacrifiés malgré eux à la pandémie qui compte ses milliers de victimes, la Semaine Sainte rappelle aux fils et filles de l’Ecriture - les chrétiens -, que le vendredi du Golgotha se vit en cette semaine dans des espaces sanitaires de lutte contre la maladie et la mort. Ils disent en vérité et dans les faits l’épouvantable dureté d’un mal que la foi et les oeuvres médicales doivent combattre, sans limite, sans réserve, sans excuse  et sans parti pris, professionnel ou religieux ! 
En cette année 2020, la fête de Pâques chrétienne, et juive, la Pessah, sont soumises aux mêmes restrictions dues au virus. Les dattes, le raisin, le pain azyme et le poisson trônent parmi les plantes amères sur les tables des festivités juives de la sainte semaine, mais les restrictions imposées donneront à cette fête un caractère domestique et familial, en  comité restreint. 
Dès ce 8 avril, sous un ciel habité d’une pleine lune impressionnante, le rituel habitué de Pessah se rapporte à la libération du peuple juif d’Egypte, sa nouvelle naissance, célébrée en toutes les parties du monde où vivent les descendants du peuple de l’alliance en ces jours festifs et de gravité de la mémoire juive d’Israël. Les lectures choisies, les chants et les prières remontent à la foi des pères, des générations les plus anciennes, des exodes d’un peuple en constante mobilité historique. 
Une transmission chrétienne rapportait “la fuite d’Egypte”, une interprétation incorrecte du récit de l’exode du peuple juif, vers la terre de sa promesse. 
Nos Soeurs de Notre Dame de  Sion, porteuses fidèles de la tradition juive chez les chrétiens,  le rappelaient sans cesse. « L’expérience de l’exode est une aventure spirituelle et intérieure de toute vie. Le temps de la pessah est pour les juifs , nos frères aînés de la promesse, et nous les héritiers de cette origine, un patrimoine spirituel, commun et historique »
Cette fête de Pessah est la rencontre générationnelle des familles juives. Elle est aussi pour tous les fils adoptifs de la Promesse le rappel du désert spirituel de notre vie, particulièrement en cette année d’épreuve virale. C’est ainsi que pour nombre de fils d’Israël, les conditions imposées par les autorités sanitaires pour sauver le genre humain, sont considérées comme une véritable conversion personnelle de la Pessah, pour toutes les communautés. 
Cependant le bénéfice du numérique, des réseaux sociaux, de canaux télévisuels, permettant le lien personnel entre les croyants, leur conformité au droit rabbinique pose des questions qui divisent les rabbins. Pour les uns à situation exceptionnelle, réponse d’exception et dérogation possible. Pour d’autres, non conformité possible et respect de la tradition de la Pessah de confinement total, sans artifice, sans imagerie factice ou illusoire. 
Selon le propos de tel rabbin orthodoxe, le respect de l’essentiel, le rappel de l’essentiel sans exhibition virtuelle, d’une expérience spirituelle intérieure, donnent à chaque fidèle l’occasion de revivre l’exode comme pour les pères de la foi qui pratiquèrent jadis le confinement afin de se protéger de la dixième plaie d’Egypte, la mort des innocents premiers nés, assurant la vie et le récit du peuple juif en ses temps originels de la foi historique. Les deux jours Yom Tov, jours chômés qui suivent le séder constituent l’unité de Pessah dont la tradition chrétienne a reçu et transmis à son propos l’incarnation religieuse de “Yeshua”, le Jésus qui sauve l’humanité par son sacrifice sur le mont Golgotha. Hasard de calendrier ou destin providentiel du confinement, pour les deux traditions religieuses bibliques issues de la même origine, Pâques réunit dans une pensée commune les communautés pascales qui connaissent cette année le destin partagé et douloureux des victimes innocentes de la pandémie. 
 

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Campagnolle Marie Sylvie | 11/04/2020 09:57

J'ai découvert cette newsletter par une amie en plein confinement.La ligne éditoriale correspond à ce que je recherche des informations culturelles locales bien documentées.Félicitations pour ce travail de qualité.

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