Le rendez-vous sur "la Bible à tous vents" s’est tenu sous la stèle de l’Unesco ce samedi 22 mai de Pentecôte devant un auditoire très attentif malgré une (très) rafraîchissante bise septentrionale parcourant le porche de la cathédrale de Bayonne, en présence du maire de Bayonne et président de la Communauté Pays Basque Me Etchegaray, de Christine Lauqué, adjointe à la solidarité du CCAS de Bayonne et de l’agglomération, et de Me Jean Paul Dartiguelongue de la SSLA de Bayonne, ancien Bâtonnier et membre actif de la vie culturelle bayonnaise.
De nombreux passants et visiteurs de la cathédrale ont alimenté d’un flot ininterrompu cette rencontre et partagé les témoignages publics des intervenants du parvis.
* La présidente du consistoire israélite Deborah Loupien Suares avait contribué à la proposition de cet après midi sur la Bible, commun à nos familles spirituelles, et le rabbin Emmanuel Valency, arrivé récemment de Bordeaux pour prendre en charge la vie spirituelle de la communauté israélite de Bayonne-Biarritz et de la région sud des landes, intervint le premier par un exposé didactique sur la liturgie sacerdotale dans la tradition de la torah juive.
Un commentaire instructif à l’adresse des non juifs de l’assistance sur les spécificités du Livre et de sa naissance dans l’ancien Israël, de la langue hébraïque, des commentaires et interprétations possibles, selon des variables de la compréhension et de la transmission possibles en cette langue juive originelle, indispensable pour entrer dans cet univers de la tradition, de la traduction et de la transmission de la Parole inspirée par... l’Eternel, Béni soit son nom !
Par ailleurs le rabbin Valency s’intéresse de près à la liturgie sépharade héritée des siècles de présence juive hispano-portugaise à Bayonne. Nul doute qu’un jour futur, les communautés issues de la Torah, présentes dans la région depuis le XVIème siècle, auront le bonheur de découvrir des chants liturgiques de ce riche patrimoine bayonnais transmis oralement.
Les travaux d’histoire de la communauté et de restauration de la synagogue de Saint-Esprit - la "petite Jérusalem" bayonnaise - donnent un avant goût heureux des relations inter-religieuses possibles entre juifs et chrétiens de la région, inscrites dans une tradition incarnée par Notre Dame de Sion Osteys.
* Au nom de la communauté orthodoxe régionale, l'historien Alexandre de La Cerda s'inscrivit dans ce déroulé des témoignages en évoquant la bible en slavon, la langue élaborée par les moines Cyrille et Méthode que l'Eglise orthodoxe commémorait le lundi suivant - par un office du Patriarche de l'Eglise russe Kirill à Moscou et l'inauguration d'un monument par les hiérarques des Eglises serbe et bulgare à la limite de leurs deux pays - Cyrille et Méthode à qui le pape Jean Paul II vouait également une admiration sans limite.
Concernant l'évocation d'Alexandre de La Cerda, il s'agissait du célèbre Evangéliaire de Reims, manuscrit de l'Eglise russe en vieux-slavon sur lequel juraient les Rois de France... Il rappelait à cette occasion que ce document unique, présenté aux empereurs russes Pierre le Grand, en 1717, et Nicolas II, en 1901, lors de leur passage en France, avait miraculeusement échappé au vandalisme de la révolution de 1789 ; une réédition de l'Évangéliaire avait été offerte lors de sa visite à Versailles le 29 mai 2017 par le président russe Wladimir Poutine à son homologue français Emmanuel Macron !
* La communauté protestante, réformée représentée par Gérard Roche, son épouse et des représentants de communautés de la région donna l’occasion à l’universitaire en Sorbonne, titulaire de deux doctorats en sociologie, issu d’une vieille famille protestante d’Orthez, de dévoiler l’histoire de la bible depuis son origine à nos jours.
Transmettre la bible de sa rédaction à nos jours inspira son témoignage.
Un déroulé historique bienvenu de la primitive bible en hébreu de 1400 à 400 avant JC, la traduction de la Septante d’hébreu en grec au deuxième siècle avant J.C., la première bible grecque de 49 à 95 après J.C., puis la Vulgate, en 400 après J.C. en latin, le travail d’Erasme, l’humaniste connu, la bible de l’Université de Paris, la version Olivétan en français, la bible de Genève en 1562..
Et la transmission ne s’interrompt pour notre cas en Europe. Il y eut une "floraison" des versions réformée et catholique, en français, langue nouvelle pour la transmission d'une Parole sacrée, jusque là relayée en grec et en latin par des moines et des penseurs.
Gérard Roche mentionna les versions catholiques diffusées par la Bible de jérusalem, la TOB, la version Osty, celle de Maredsous, de Chouraqui traducteur et de la bible et du coran, ancien maire de Jérusalem qui fit une visite à Bayonne Bidart il y a quelques années à l’invitation de Soeur Geneviève Ruellan de l’AJCF - Bayonne, pour parler de son travail...
Puis la Bible des écrivains auxquels collaborèrent Florence Delay de l’Académie Française et Michel Garat prêtre du diocèse de Bayonne, aux éditions Bayard..
La Bible, le livre le plus connu de la culture universelle immatérielle de l ’humanité.
Parfois le plus combattu, le plus adulé ou détesté, selon les époques et l’histoire de l’humanité, en sympathie ou en délicatesse avec la Parole de l’Eternel transmise depuis 4000 années successives.
Gérard Roche rappelle incessamment la fonction de la transmission à toute époque, de cette traduction jamais définitive, en continuelle évolution du langage et des techniques de diffusion.
* Vint ensuite le rappel de la bible en basque réalisée par le moine bénédictin de Belloc, Marcel Etchehandy, fidèle à la tradition de la transmission sacrée des monastères, relatée par jean Claude Iribarren, présentant la dernière diffusion numérique du travail du moine basque.
Editée en version papier à Madrid par les protestants, actuellement épuisée, les Editions du Cerf se résolurent à mettre à disposition le texte en basque sur Internet. Consultable à distance sous toutes les latitudes du monde, la Bible en basque connaîtra une jouvence auprès de son lectorat potentiel.
Les Editions Bayard, les Editions Sotiaf- Magnificat, la Société Biblique de Genève et la Maison de la Bible à Paris, les Editions de Valence - Bibles et publications chrétiennes, fournirent un lot conséquent de manuels de pédagogie, de moyens didactiques pour donner à connaître le contenu biblique.
La Bible en 90 minutes, Jésus en 90 minutes, Transmission de la Bible, les évangiles de poche, Magnificat liturgique, Prions en Eglise, Le Monde de la Bible, les fascicules thématiques de Bayard Presse, Le Pèlerin, le quotidien La Croix, contribuèrent à développer l'intérêt pour ces divers sujets concernant la Bible.
Si l’on en juge par le peu de documents laissés sur les tables en fin de journée, elle apparaissait particulièrement légitime et d'actualité, cette diffusion de la Bible, de ses déclinaisons liturgiques et spirituelles, aux visiteurs qui sillonnèrent le porche de la Parole en ce jour de Pentecôte 2021. Permettant aux uns de découvrir exposés de vieilles éditions de Bibles et de manuels liturgiques, et laissant à d’autres le soin de choisir la documentation à leur convenance, cette "Bible à tous vents" sur le parvis de la cathédrale fut une première sur un tel thème à l’occasion d'une rencontre inter-religieuse des croyants issus de la Bible, Juifs et chrétiens, Catholiques, Orthodoxes, et Protestants !
Une initiative portée par Pax Christi France et ses amis de la région.