Pays Basque, pays de coutumes et de traditions. Le chant y a sa place d’honneur.
Voyez comme il est présent dans des aspects bien particuliers : comptage chanté des points à la pelote, théâtre chanté dans les pastorales et bien sûr, chants de fêtes et surtout chants de messe.
Les chants basques sont appréciés, et l’été est rythmé par des concerts de différentes chorales, souvent dans des églises, presque toujours combles.
Dimanche, 10 novembre, alors que les grues traversaient bruyamment le ciel basque et que les palombes essayaient plus discrètement de passer les cols, un évènement important aux confins de la Basse Navarre, a sorti de sa tranquillité automnale le village d’Ossès.
L’église Saint Julien d’Antioche, réputée pour son acoustique, recevait le rassemblement des chorales paroissiales : « kanta Jaunari ».
L’église était remplie, de la nef aux galeries. Plus de trois cent choristes, représentants les paroisses d’Ascain, Arcangues, Larceveau, La Bastide Clairence, Mougerre, Ustaritz, Saint-Jean-de-Luz, Arberoue, Cambo, Mendionde-Macaye, Saint-Jean-Pied-de-Port et Ossès, dirigés par Gérard Ravon, accompagnés par un organiste de talent, Iban Erguy, ont fait vibrer les vieilles pierres de cet édifice. La messe était concélébrée en basque par six prêtres, dont l’abbé François-Régis Jasnot, curé de la paroisse.
L’assemblée était transportée par ces voix puissantes, l’atmosphère était tout à la fois recueillie et enthousiasmée. Il est évidement difficile de parler de spectacle, s’agissant d’une célébration liturgique, mais cela en avait toutes les qualités, offertes en hommage au Seigneur et à la Vierge Marie.
Ces rassemblements de chorales ont commencé, sous l’impulsion du père Etchehandy de l’abbaye de Belloc, en 1969 ; cette année-là, 600 choristes avaient chanté à Hasparren.
Bien que des documents très anciens mentionnent déjà des chants basques pendant les célébrations, ce n’est qu’en mars 1964, à l’issue d’une rencontre des prêtres du Pays Basque, au grand séminaire de Bayonne, qu’une liturgie basque avait été créée. Un travail important a été réalisé afin de traduire, mettre en musique, composer et rédiger l’ensemble des textes que nous sommes désormais habitués à entendre et chanter dans nos églises.
Tout naturellement, la formation de chorales a été encouragée afin de mettre en valeur toutes ces richesses. Et c’est bien grâce à elles et ceux qui les dirigent qu’est maintenue cette tradition dont l’Eglise basque peut être fière.
Malgré une sensible baisse des effectifs, cette démonstration de très grande qualité montre le dynamisme des paroisses de nos trois provinces basques. Aupa !
Il faudra maintenant patienter deux ans pour participer à la prochaine édition, en principe au mois de mai 2026 à Ahetze. En attendant, n’hésitez pas à rejoindre une chorale, vous y apprécierez convivialité, culture, instruction, découverte, composition…
Il est possible de ré-écouter cette messe sur le site de radio Lapurdi ou sur celui de Kanta Jaunari / https://kantajaunari.eus/fr/
Ces quelques lignes sont aussi l’occasion d’évoquer l’église de Saint Julien, dont l’histoire se mêle à celle du terroir qui l’héberge. Au Xème siècle, l’église d’Horça est mentionnée dans l’évêché de Bayonne, Horça étant le quartier central des sept qui formaient la vallée d’Ossès (Horça, Ahaïce, Gahardou, Iriberri, Ougarçan, Eiharce, Exave).
A la fin de la guerre de Navarre (1512-1530) la Basse-Navarre fut séparée du royaume de Pampelune. La région enfin pacifiée voit sa population augmenter, en particulier dans les quartiers dépendants de l’église d’Horça devenue, de ce fait, trop petite. Les habitants exigeront son agrandissement, source de querelles avec les autorités ecclésiastiques comme civiles, auxquelles mettra fin un édit de 1556 ordonnant la reconstruction de l’église aux frais partagés entre la couronne, l’évêché et la population.
Le monument tel que rebâti à cet époque a traversé les siècles sans subir de grands changements, hormis la porte baroque voulue par Monseigneur d’Olce, l’évêque de Bayonne qui avait célébré en 1660 le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche. Le retable et les vitraux, quant à eux, datent du XIXème siècle.
Le clocher, à l’angle Nord-Est, attire l’attention par sa forme rare, heptagonale, l’assemblage des pierres de couleurs alternées de son appareil et sa légèreté opposée à l’aspect massif du reste de l’édifice dont l’architecture rappelle celle des maisons fortes de Navarre (spécialement les portes latérales d’ailleurs).
Cette église est classée Monument Historique depuis 2014.