1 - L’ortzadar des Pyrénées.

Les rayons du temps d’orage annoncé par l’arc en ciel demeurent un spectacle inopiné à chacune de ses apparitions.
Les Basques en cela fidèles à leur observation traditionnelle du cosmos et des phénomènes atmosphériques successifs du ciel gardent pour cette démonstration optique une fascination légendaire.

Les linguistes soulignent que deux jours de la semaine, jeudi et vendredi successifs ont conservé cette racine ortz, orage dans la désignation de ces journées..

On ne saurait dire davantage sur cet attrait conjugué de la clarté et des ombres, sur fond céleste menaçant, habité d’eau et de précipitation annoncée que l’on commente en ce volet de l’aurore, observant les signes annonciateurs de tonnerre et d’un ciel tourmenté.
Les anciens selon leur transmission orale d’une astrologie primitive ne manquent de souligner ce rapport de la terre et du firmament dessiné par ces 5 couleurs ajoutées par le créateur universel de la terre, que des commentaires rapportent comme étant le lien visible de deux rivières imbibées d’eau qui se fécondent et se répondent.

Si selon ce propos la source d’eau aspire la ressource du ciel, la promiscuité de deux natures distinctes rappelle le lien physique des humains qui se toisent, se recherchent et se découvrent.
Comme un enchantement surnaturel, ces natures se protègent et s’attirent.
L’esprit et ce royaume du silence des êtres invisibles favorise la circulation d’un fluide, l’éther des anciens, entre ciel et terre, au bénéfice de la végétation et des uztailbelarak qui alimentent la mythologie traditionnelle des populations agraires de ce pays.

Pour les uns l’arc en ciel serait un talisman qui protège et qui peut aussi menacer de mort les adeptes de la possession des sorts contenus dans ces forces supérieures de la nature.
Les auteurs d’ouvrages sur la mythologie basque, pour ne citer que Julien Vinson, Barandiaran, Michel Duvert, Claude Labat ont illustré de leurs livres sur « Les légendes basques du Labourd », des « Légendes et récits du Pays Basque de Soule et de Basse-Navarre », de J.F.Cerquand, ces phénomènes naturels qui racontent dans l’imaginaire des populations, un dialogue prosaique des observations et des impressions ressenties à l’aune de ces sensations.

La littérature en français ne manque de ressources pour diffuser le sentiment éprouvé de ce jeu émotionnel insolite.

“La vie est comme l’arc en ciel, il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs.
Les yeux sont comme l’arc en ciel de l’âme.
Je glisse au creux de mon oreille, trois mots de peu, trois mots de rien, le ciel exulte dans un je t’aime, éclaire la lune d’un arc en ciel pour nous ce soir c’est lune de miel.
L’âme n’aurait pas d’arc en ciel si les yeux n’avaient de ses larmes.

Si un arc en ciel dure un quart d’heure, ouvre le regard plus avant.
Après chaque tempête si vous regardez bien un arc en ciel apparait.

Malgré les difficultés de la vie ne perdez jamais ce magnifique arc en ciel qui est votre sourire.
L’arc en ciel est un dieu christique, tandis que l’arc en ciel terrestre est un dieu humain.

Le naturel et le spirituel se marient dans le cours ordinaire de la vie comme les couleurs de l’arc-en-ciel se fondant dans l’air liquide.
La vie est un nuage, l’arc en ciel un mensonge, le ciel pleure quand il le sait.

Nos vies sont une courbe, un arc en ciel qui se referme et dont les extrémités se rejoignent derrière un horizon ou sous la terre.
Essayez d’être un arc en ciel dans le nuage de quelqu’un !

Où se trouve l’arc en ciel, dans ton âme ou à l’horizon » ?

La prégnance de l’arc en ciel dans notre vie identifie les influences de ce phénomène observable et procure des émotions, des effusions et des sentiments profonds chez tout un chacun.
Les couleurs rouge, jaune, verte, bleu et de violet appartiennent à la palette insoupçonnée de la création.
Les spécialistes réfutent le petit reste des couleurs observées par l’oeil humain et ajoutent que pas moins de 150 couleurs sont observables par la physique des atomes

En 1723 Henry Penberton donnait la première description de ces phénomènes
Les plus récentes observations datées de 2011 permettent de reproduire des photos des divers arcs contenus et ajoutés les uns aux autres dans les éléments qui constituent le phénomène du troisième et quatrième arc.

Les réflexions du soleil sur l’eau produisent ces rayons optiques coloriés par ce contact de la lumière et de l’eau.
On peut observer encore disent les spécialistes de l’optique, un arc en ciel lunaire sous l’effet de la lune, mais aux irradiations plus sombres.
Ces couleurs de l’arc en ciel n’ont cessé d’inspirer le langage anthopomorphique de la pensée humaine, car chacune de ces teintes symbolisée par un chiffre permet de désigner les jours de la semaine, sept notes de musique, les sept mers suivant une interprétation prolixe des premières couleurs de la vie.

2 - L’arc en ciel dans l’espace religieux.

Si l’arc en ciel parle à la création, il livre en cela un point ou un chemin de connaissance entre des mondes qui se rencontrent.

L’alliance céleste et terrienne demeure le chemin emprunté par les divinités, les chamanes et les sorciers. les devins et les magiciens.
Un pont flottant dans le ciel selon la mythologie japonaise.

Un royaume occupé par Iris dans la mythologie grecque, une voie empruntée par les dieux entre la terre et l’Olympe.
Les espagnols emploient le terme d’arco iris pour évoquer l’arc en ciel.

Le monde funéraire n’étant pas en reste pour évoquer le chemin balisé par les âmes des disparus vers l’autre destinée d’en haut.
Selon les cultures universelles l’arc en ciel ouvre l’horizon d’un monde céleste pour l’environnement terrestre mais avec tremblement et crainte cependant. La figure du serpent habite l’imaginaire de l’arc en ciel dans les pensées orientales, car de nature spécieuse, ni divine ni humaine entièrement, sa force invisible demeure une menace.

En nos cultures occidentales et bibliques on observe une estime favorable à l’arc en ciel comme ressource en eau et de fécondité pour la terre.
En vieux français du XIIIème siècle, "l’arc del ciel" désignait ce phénomène inqualifiable que la littérature d’époque du Jeu d’Adam, ou le Roman de la Rose rapportait comme source d’inspiration des prosateurs et des poètes.