1 - L’enfance et la naissance de Jésus ont illustré des textes jugés apocryphes, provenant de l’Orient chrétien des origines.
Outre les auteurs canoniques officiels et compilés dans les évangiles, on trouve bien des traditions littéraires qui n’en ont pas moins d’intérêt pour comprendre l’enracinement culturel de la foi chrétienne dans ces populations du Proche et Moyen Orient. Tel l’Evangile de Thomas l’Israélite, une légende savoureuse mais totalement décalée de l’enfance évoquée dans les textes officiels. N’oublions pas non plus l’Evangile Arabe de l’enfance de Jésus qui est un recueil de légendes et de contes singuliers selon notre lecture de l’histoire.
La légende de Manès qui illustre l’imaginaire des croyants de cette époque, en quête de merveilleux sur cet Enfant-roi de l’univers, dans ce monde de lumière orientale, prompt à l’imagination dans le texte et ses commentaires.
L’évangile de Thomas l’Israélite serait un texte en grec - parmi bien d’autres, disparus - qui aurait été sauvé de l’oubli et dont l’enracinement en Perse ouvre vers cette civilisation ancienne et ses canons de l’interprétation. Jésus aurait été « un être manichéen qui réaliserait de belles choses mais exercerait aussi son pouvoir pour punir - et tuer si nécessaire - ses ennemis.
Jésus, Joseph et Marie sont dans le texte, ce qui pour l’époque montre une reconnaissance de la mère et de l’enfant dans cette mission quelque peu tardive de l’intelligence de la femme et de son enfant dans l’histoire des hommes.
Jésus fait beaucoup de miracles sur l’eau, les récoltes, le pain, les semences, les malades, mais son esprit précoce et vindicatif le rend suspect aux témoins qui le voient agir comme guérisseur, doué de pouvoirs invisibles, et parfois de forces négatives comme on aime à dire présentement.
Jésus apprend aux enseignants eux-mêmes et le sens de l’alphabet grec, des chiffres et des lettres de la culture hellénique engendre une réflexion kabbalistique étrange et d’un intérêt évident pour le lecteur.
Du côté de la Perse et de Babylone, Moïse croise les Chaldéens et la pensée des Perses. La réincarnation ou la métempsycose représentait une croyance habituelle, le génie des deux sexes inspirant le sens du mystère présent dans la nature des êtres humains depuis leur origine. Un Jésus entre l’ange et l’homme constituait un thème récurrent de cette tradition. L’évangile étant la révélation de ces choses qui donnent de la matière aux contes et à leurs auteurs.
2 - La rencontre de cette tradition et de celle venue de l’Alexandrie chrétienne donnera des textes plus métaphysiques.
La figure de Moïse, Moshé, le thème du Dieu Unique, le monothéisme, et la croyance répandue dans le panthéisme, dieu de la nature au cœur de sa propre création, livreront encore la combinaison gnostique de la révélation chrétienne. Un texte copte conservé au British Museum de Londres évoque les lettres de l’alphabet et la combinaison faite entre ces lettres en Dieu, l’âme, le pouvoir du mal, et la condition humaine... Etrange pour nous, mais bien enraciné dans l’Orient ! Les 22 lettres de l’alphabet hébreu plus les dix premiers chiffres des nombres agencés dévoileront des interprétations des rapports, des harmonies et des contrastes du plan divin de la création en « trente-deux voix de la sagesse » merveilleuse par laquelle Dieu ferme le monde créé. Sous le signe de l’amour et de la bénédiction divine, car les auteurs de ces kabbales ont pour intention de montrer que depuis Moïse, la création commence par la première lettre de l’alphabet et rappelle la bénédiction totale de l’Auteur..
Nous sommes bien là dans un « autre monde », oriental, mais il est bien précieux pour mesurer le rayonnement de la naissance de Jésus dans son propre monde parmi les savants, les littérateurs et les esthètes de l’époque. Ne pas l’oublier donne du champ et de la dimension à cette naissance de toutes les époques, de l’histoire humaine et de son actualité présente !
François-Xavier Esponde
Évangile de Thomas sur l'enfance de Jésus (syriaque à Harvard)