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Patrimoine de la Semaine
Musée Bonnat : un tableau de Helleu et une épopée romanesque à la Belle Époque
Musée Bonnat : un tableau de Helleu et une épopée romanesque à la Belle Époque

| Alexandre de La Cerda 697 mots

Musée Bonnat : un tableau de Helleu et une épopée romanesque à la Belle Époque

« La Villa Erlanger à Deauville », une huile sur toile peinte avant 1912 par Paul César Helleu, a été récemment prêtée par le Musée Bonnat-Helleu de Bayonne à La Villa du Temps retrouvé, un espace muséal innovant situé à Cabourg où elle a pris place parmi Marcel Proust, Jacques-Émile Blanche, Claude Monet, Paul-César Helleu, Claude Debussy, Henri de Toulouse-Lautrec, Auguste Rodin, Edgar Degas et toute la Belle Époque en villégiature à Cabourg et sur la Côte Fleurie.

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La villa Sergueievna rebaptisée "Louisiane" ©
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Quant à Deauville, "la plage fleurie" était devenue la capitale mondaine du littoral dans les années 1850, sous le patronage du duc de Morny. C’est sa villa qu’Helleu avait reproduite, avec ses célèbres jardins. 

D’abord connue comme la villa Sergueievna, construite en 1861 pour le duc de Morny, à la mort de ce dernier, elle revint à son épouse, la princesse Sophie Troubetzkoy qui, remariée avec le duc de Sesto en 1868 céda sa propriété en 1879 à la baronne d'Erlanger, qui lui donna le nom de "Louisiane"

En 1912, Eugène Cornuché acquit la villa, détruite la même année pour permettre la construction de l'Hôtel Royal. Les jardins aménagés sur les îlots attenants ont été conservés jusqu'au milieu du XXème siècle, puis divisés en parcelles et lotis.

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La Duchesse de Morny, née Sophie Troubetskoï, 1863, Musée du Second Empire ©
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La princesse Sophia Sergueïevna Troubetskaïa (Софья Сергевна Трубецкая, 1838-1896), était la fille du prince Sergueï (1815-1859), officier de cavalerie, et de son épouse, née Catherine Moussine-Pouchkine (1816-1846), qu’il avait épousée à la demande de l’empereur Nicolas Ier (la rumeur courait que Sophie aurait été en réalité la fille naturelle de l'empereur). Peu après sa naissance, le couple se sépara : Serge Troubetskoï partit dans le Caucase tandis que Catherine s'installa à Paris avec sa fille qui fit ses études à Paris et à Saint-Pétersbourg.
Lors du couronnement d'Alexandre II à Saint-Pétersbourg, en septembre 1856, Sophie Troubetskoï rencontra le représentant de la France, Charles de Morny, demi-frère de Napoléon III, qui demanda sa main alors qu’il était de 26 ans son aîné. 

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Son père, le prince Sergueï Vassilievitch Troubetskoï ©
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Après leur mariage en janvier 1857 à Saint-Pétersbourg, ils se rendirent à Paris où ils résidèrent à l'hôtel de Lassay, mitoyen du Palais-Bourbon car le duc de Morny présidait le Corps législatif.
Très belle mais peu favorable au Second Empire, la jeune duchesse de Morny était plutôt royaliste et, sans participer pas à la vie de la Cour des Tuileries, elle recevait une société brillante dans son salon, avec la réputation de se passionner pour les oiseaux exotiques et les chiens japonais. En 1865, au décès de son mari Charles de Morny, elle fit la connaissance d'un cousin de l'impératrice Eugénie, José Osorio y Silva, duc d'Albuquerque et de Sesto, qui habitait une villa à Deauville. Ils se marièrent en mars 1868 et le couple vécut désormais entre Paris et Madrid. 

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Le duc et la duchesse d'Albuquerque ©
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Dès son arrivée en Espagne, la nouvelle duchesse de Sesto éblouit la Cour de Madrid où elle introduisit de nombreuses nouveautés à la mode et des jeux de société. 
En particulier, le sapin de Noël, si populaire dans d'autres pays européens et que Sophie fit installer pour la première fois à Noël 1870 dans leur résidence madrilène, un élément décoratif qui dès lors fera fureur en Espagne !

Avec son mari, Sophie aida encore les Bourbons d'Espagne à retrouver leur trône : en janvier 1875, le fils 
d'Isabelle II, Alphonse XII, sera proclamé roi. Le duc et la duchesse d'Albuquerque joueront alors un rôle important à la cour de Madrid jusqu’à la mort du souverain en 1885.

La rumeur prétendait qu'avant d'épouser Sophie Troubetskoï, José Osorio de Sesto était tombé secrètement amoureux de Francisca de Guzmán y Portocarrero, duchesse d'Albe, et qu'il aurait même été "responsable de la tentative de suicide de la sœur de Francisca" (ou Paca, la fille aînée des Montijo), il s'agissait d'Eugénie, qui deviendrait plus tard impératrice de France par son mariage avec le futur Napoléon III. 
Or auparavant, Eugénie était tombée amoureuse du duc de Sesto et lorsqu'elle découvrit que ce n'était pas réciproque, elle aurait fait une tentative de suicide avec une décoction de phosphore. 

Et c'est en 1868, alors qu'il avait quarante ans, que le duc épousa Sophie Troubetskoï, restée veuve du duc de Morny et considérée comme l'une des plus belles et élégantes dames d'Europe...

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