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Patrimoine de la Semaine
Mauléon : le château de Maytie-Andurain, thébaïde de la culture souletine
Mauléon : le château de Maytie-Andurain, thébaïde de la culture souletine

| Alexandre de La Cerda 761 mots

Mauléon : le château de Maytie-Andurain, thébaïde de la culture souletine

Les 17 et 18 septembre, le château de Maytie-d’Andurain fête ses 400 ans : ces journées seront l’occasion de plonger à la fin de la Renaissance, d’évoquer le bâtiment construit par un évêque (1596-1622) et de découvrir sa bibliothèque. 
Samedi 17 septembre 
- 11h : visite du château (demi-tarif pour les adultes : 3 euros, gratuit jusqu’à 18 ans). 
- 16h : conférence « Pierre Arnaud de Maytie, l’homme à la hache entre mythe et réalité (seconde moitié des années 1540) » par Denes Haraï, ingénieur d’études à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
- 17h : causerie de Joël Larroque d’Ikerzaleak sur les 400 ans de la mort d’Arnaud de Maytie, évêque d’Oloron pendant la contre-réforme catholique et la construction du château de Maytie. 
- 18h15 : conférence d’Apien Lahore d’Ikerzaleak « Une mission jésuite en Béarn (évêché d’Oloron) et Pays Basque de 1613 à 1614 »
Dimanche 18 septembre
- de 15h à 18h : visite du château.
- 14h30 : visite guidée de Mauléon de la place des Allées au château fort « Sur les traces des guerres de religion et de la pacification par Arnaud de Maytie de 1550 à 1622 » par Robert Elissondo et Joël Larroque d’Ikerzaleak (gratuite). 
- Les conférences sont gratuites avec inscription souhaitée au 06 75 21 74 92. 
- Le château-fort sera ouvert samedi et dimanche de 10h à 13h et de 15h à 19h (entrée gratuite). 

Clément d’Andurain et sa sœur Maider, férus de culture basque

Parmi les personnalités historiques à l’honneur au cours de ces manifestations, il serait souhaitable d’évoquer Clément d’Andurain, sous-lieutenant au 142e territorial tué sous Verdun en mars 1916 « par une bombe tombée d'un avion allemand » écrivait dans une de ses nombreuses lettres à son confrère d’Euskaltzaindia, Julio Urquijo Ibarra, l’académicien basque Pierre Broussain. 
«  Lacombe qui avait appris la triste nouvelle presque en même temps que moi m'a écrit me disant combien il était affligé de cette mort. Clément d'Andurain était son cousin et son meilleur ami. Vous vous souvenez qu'au cours de l'été de 1913 ils avaient fait ensemble un voyage des plus gais et des plus intéressants en Italie, en Autriche et en Allemagne et qu'ils avaient séjourné plusieurs jours à Graz pour voir Schuchardt. Andurain était très attaché au Pays Basque, à sa langue, à ses traditions. Sa disparition est bien regrettable ». (NDLR : Georges Lacombe était également académicien basque).

Clément d’Andurain s’était beaucoup intéressé aux pastorales souletines auxquelles il avait consacré un livre « Uskaldunak Ibañetan » paru à Bayonne en 1906 et qu’il avait composé en collaboration avec l’abbé Justin de Menditte, à l’époque curé de Tardets. Sa sœur Maider d’Andurain, devenue vicomtesse de Malartic, donna au Musée Basque en 1935 un fond de six pastorales manuscrites, pour la plupart de Clément d'Andurain. Maider d’Andurain avait, pour sa part, composé de nombreuses poésies et, dans une lettre à l’abbé Donostia datée de 1942, elle offrait au grand musicologue basque le livre de son frère ainsi que son recueil de poèmes : « peut-être ces harmonies écrites vous inspireront-elles des harmonies sonores, dans la délicieuse note de votre talent »...

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Tapisserie de Jeanne d’Albret ©
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Le patchwork de Jeanne d’Albret

On admirera tout particulièrement au château d’Andurain de Maytie à Mauléon l’extraordinaire « dessus de lit » exposé dans le grand salon donné par la reine Jeanne d’Albret (mère d’Henri IV) aux châtelains de Goès près d’Oloron dont une descendante se maria à Maytie en y apportant la précieuse « relique ». Cette importante pièce d’étoffe est en effet composée de carrés de tapisserie appliqués sur des morceaux de soie eux-mêmes décorés de feuilles découpées dans du velours vert et appliquées sur la soie au « point de Paris ». Or, « Jeanne d’Albret, très férue de tapisserie, avait même obtenu de son confesseur de pouvoir continuer ses ouvrages pendant le prêche », remarque la propriétaire du château, Christine de Fabrègues, rapportant une anecdote de son oncle, l’érudit ambassadeur Arnaud d’Andurain.

Véritable joyau architectural du Pays Basque, la demeure construite dans les toutes dernières années du XVIe siècle par Pierre de Maytie présente plus d’un détail original par rapport à un style Renaissance tardive annonçant déjà le classicisme traditionnel. Et, tout d’abord, l’immense toiture à très forte inclinaison recouverte de bardeaux (bois), ainsi que la présence sur les murs de mascarons « à la bonhomie gouailleuse », dont la bouche permettait – en cas de besoin – l’introduction d’un canon de mousquet…

A l’intérieur, le remarquable escalier de pierre en anse de panier – de l’époque des mousquetaires – et la non moins monumentale cheminée dans le grand salon portant ses deux figures féminines à la facture harmonieuse et pure, contribuent à l’enchantement des sens.

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Château d'Andurain, cheminée ©
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