Originaire des environs de Toulouse, l’écrivain journaliste, homme de radio, scénariste Jean Pierre Alaux acheta il y a plus d'une dizaine d'années le château des Evêques à Albas dont il fut élu maire lors des dernières municipales. Ces paysages agrestes poétiques allaient le conduire vers Marquayrol, l'ancienne propriété de l'artiste peintre Henri Martin (1860-1943), enfouie sous un grillage de ronces.
Depuis sa terrasse sur le Lot, Jean-Pierre Alaux put s’adonner au plaisir de continuer d’écrire sa série télévisée « le sang de la vigne » et découvrir le vignoble qu'avait planté Henri Martin au domaine de Marquayrol. Une propriété située au creux d’une vallée où se blottit le bourg de Labastide-du-Vert qui compte aujourd’hui 279 habitants. Ses maisons du village à l'image de demeures de maître en pierre blonde du Périgord arborant une triple génoise, sont de gansées de bordures de buis.
Tout comme le peintre d’origine bayonnaise Léon Bonnat, Henri Martin d’origine plus modeste né à Toulouse, bénéficia de l'appui de la bourgeoisie.
Après son apprentissage à l'École des beaux-arts de sa ville natale de 1877 à 1879, Henri Martin poursuivit sa formation à l’atelier de Jean-Paul Laurens à Paris avec l’aide d’une bourse municipale octroyée par la ville de Toulouse. Comme tous les artistes de son temps, il parcourut l’Italie en 1885. Ses inspirations artistiques y deviennent plus poétiques et l’éloignent de l’académisme. Au rythme de sdes petites touches parallèles de son pinceau ses paysages lumineux sont jalonnés de cyprès à l’italienne ponctués parfois de symbolisme.
Pointilliste post-impressionniste de talent, ses fresques murales ornent les lieux les plus emblématiques : la salle des Illustres du Capitole de Toulouse, le Palais de Justice et l’Hôtel de Ville de Paris, la Sorbonne, le Palais de l'Elysée, le Conseil d'Etat, les mairies à Paris, à Tours…
Ainsi attaché à ses racines lotoises, Henri Martin acheta en 1899 le domaine de « Marquayrol », propriété de la fin XVIIème dont le captel (chapeau) du pigeonnier était encore droit avant qu’une tempête ne le terrasse dans les années 1946. Ceinturée de 22 hectares, il y fit construire un atelier, un ancien corps de ferme réimplanté dans le village.
Promu chevalier de la Légion d'Honneur (1899), puis officier (1905), il sera élevé au rang de commandeur en 1914.
Après la guerre de 14-18, ce dernier se rendait chaque fin de mois chez le boulanger du village afin de régler le pain des pauvres et des veuves. Sur le plan professionnel, il sera élu membre titulaire de l'Académie des Beaux-Arts à Paris, section peinture, au fauteuil de Gabriel Ferrier. Cependant attaché à ses racines, le peintre revenait toujours dans sa propriété du Lot.
Aussi sauvée des ruines grâce à Jean-Pierre Alaux et l’aide de ses amis, la propriété de Marquayrol d'Henri Martin aux parfums insaisissables revit sous la plume du romancier : « Ne jamais renoncer à mes rêves les plus fous fut toujours ma devise » termine Jean-Pierre Alaux.
Livre « Marquayrol, les jardins d’Henri Martin » de Jean Pierre Alaux aux éditions Toute Latitude