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Tradition
L'iconostase issu de l'Orthodoxie
L'iconostase issu de l'Orthodoxie

| François-Xavier Esponde 876 mots

L'iconostase issu de l'Orthodoxie

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Iconostase dans une église orthodoxe russe ©
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1 - La tradition byzantine se dévoile par son iconostase.

En ce mur d’images religieuses, de saintetés, de pères de la chrétienté naissante et entourant le visage de la Mère de l’Enfant Dieu. Dans une richesse d’or et de couleurs précieuses, les icônes luxuriantes séparent le lieu saint de la nef.
L’iconostase considéré comme de profil ajouté non architectural, appartient à toute église d’origine byzantine.

Les historiens de l’art rappellent que “la forme la plus ancienne de l’iconostase fut le chancel venu de l’antiquité.” Comprenez une barrière placée devant les magistrats, les juges et les scribes pour séparer le public de la Cour de justice romaine ou grecque.
Une position bien démarquée dès l’origine des basiliques chrétiennes pour que le sanctuaire ne soit accessible aux fidèles.

Il en est dans les synagogues comme dans les églises de l’orthodoxie où les membres du clergé, lors des liturgies eucharistiques, se tiennent à distance de la nef où se placent les fidèles. D'après les récits descriptifs, le chancel était constitué de grandes plaques en marbre, pleines ou ajourées. En d’autres lieux il pouvait se représenter en formes de grilles sculptées en métal ou en bois.

La noblesse ornementale parée de figures esthétiques géométriques s’enrichissait de végétaux ou d’animaux, mais curieusement, de peu de représentations humaines figurées.

2 – Un paravent en évolution.

Plus tard la seconde étape de son développement apparait dès le V ème siècle dans les églises syro palestiniennes pour retenir le rideau du sanctuaire.
Le détail ayant sa valeur et son sens, au cours des hérésies arienne et nestorienne et plus encore lors du gnosticisme, certains moments de la célébration liturgique sont voilés et l’eucharistie reste en partie cachée aux yeux des fidèles.

Puis encore les chancels furent surmontés de colonnettes soutenant une architrave du nom d’épistyle portant une croix posée ou sculptée. On appela ce type de clôture templon.
Il fallut attendre la victoire de l’iconoclasme en 843 pour que les icônes fussent plus présentes dans ce paravent sacral et que l’image du Christ fût placée au milieu de l’architrave.
Dès le Xème siècle cette image fut entourée de la Vierge et de saint Jean baptiste le Précurseur, étant appelé intercession d’un groupe à la forte accentuation théologique où chaque présence était porteuse de sens pour le fidèle.

L’iconostase ne cesse encore de s’enrichir de nouveaux personnages bibliques, les archanges Michel et Gabriel, les Douze apôtres et des saints illustres de l’orthodoxie sont proposés au culte et à la dévotion.
Depuis le XIème siècle, lors de l’apparition du calendrier liturgique, on découvre une nouvelle rangée d’icônes représentant les fêtes de l’année liturgique.
Ce n’est qu’au XIIème siècle que des icônes monumentales furent exposées dans les entrecolonnements du templon.
L’édifice sacral ne cesse de s’enrichir de la prière et de l’art des créateurs de cette beauté souveraine.

La place de chacun des personnages est le fruit de la pensée théologique : le Christ à droite, et la Vierge à l’enfant à gauche sont à l’entrée du sanctuaire.
Si Jean Baptiste est du côté du Christ et le Saint patron de l’église du côté du Théotokos , cette dernière rangée subit moins de contraintes que la précédente et laisse cours à l’initiative locale de la dévotion populaire variée et dépendante des besoins liturgiques des populations elles mêmes.

Le temple prenant forme et corps, on finit par appeler cet ensemble conformé l’iconostase.
Dès la fin du XIVème siècle en Russie l’iconostase suit un développement spécifique et devient un mur recouvert d’icones propre à l’orthodoxie de ce pays.
L’iconostase est percée de trois portes et composée de cinq registres, celle des icones locales, celle de la déisis plus élaborée et appelée tchin qui signifie ordre, mais encore des fêtes liturgiques, des prophètes et des patriarches, le tout surmonté d’une crucifixion monumentale.

En somme une catéchèse élaborée par les arts au service de la foi des fidèles, d’intériorité et d’expression spirituelle qui parle aux visiteurs et aux priants.
Il faut ajouter que l’entrée centrale est fermée avec les portes basses dites portes saintes représentant l’Annnonciation et  les quatre évangélistes.
Sur les portes latérales l’archange Gabriel et Michel rayonnent comme serviteurs de l’Eternel au paradis.
Des diacres martyrs bien souvent à qui sont dédiés les églises, peuvent figurer dans le mur de l’enceinte.
De taille basse en Grèce et dans les Balkans, elles sont de dimension supérieure dans les autres églises byzantines.

Les historiens du religieux rapportent qu’au Patriarcat d’Antioche le développement de l’iconostase ne fut similaire à celui de Russie.
Elle demeure attachée aux premières représentations de l’iconostasis moins élaborées, demeurées conventionnelles et sobres.
Le détail décoratif ayant son importance, les portes saintes et la sainte cène ne sont pas toujours représentées sur l’iconostase mais surmontée d’une croix entouré de la Théotokos, et de Jean l’évangéliste piétinant la plupart du temps deux dragons.
Il y faut donner sens, et le propre iconographique de l’iconostase est une forme pédagogique de la foi “du ciel sur la terre” pour tout fidèle dirigé vers la source de lumière pendant les offices.
La quête de la beauté n’est jamais absente de ces mobiliers liturgiques à la fois pour la dévoiler, l’aimer et la prier dans son langage spirituel et invisible.

Photo de couverture : l'iconostase de l'église orthodoxe russe Saint Alexandre Nevsky à Pau

Répondre à () :

grenier | 23/03/2022 05:06

très bien !

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