Dans cette collection intitulée « Sources Chrétiennes », les jésuites ont initié un travail de traduction des parchemins, papyrus, écrits anciens des origines de la tradition chrétienne, à Lyon ville française marquée par les figures des cardinaux jésuites, Daniélou et de Lubac.
Un projet jésuite envisagé dans les années trente, mais qui mettra du temps à se réaliser pendant la guerre. Par manque de papier, et de moyens pour mener l’entreprise.
Fin 2018, la collection atteint le chiffre de 600 volumes, le dernier étant la traduction de Cyrille d’Alexandrie sur l’évangile de Jean, par Bernard Meunier chercheur au CNRS.
« Le patrimoine légué par ces Pères de l’Eglise est considérable et le travail n’est nullement achevé », indique Guillaume Bady, directeur des Editions des sources chrétiennes.
Au rythme actuel, il faudra encore trois siècles pour y parvenir, dit en substance Guillaume Bady, et traduire en français tous les textes écrits en grec, en latin, en syriaque, et dans d’autres langues anciennes telles l’araméen, l’hébreu ancien, de la méditerranée.
Certains textes seraient inédits, comme les Homélies d’Origène découvertes en Allemagne à Munich. Mal classé le manuscrit n’était qualifié à sa valeur et sommeillait dans l’oubli.
Les chercheurs rapportent que la littérature de ces Pères grecs et latins est plus vaste que la littérature classique.
La tradition orale est désormais perdue à jamais, mais les transcriptions par les moines de manuscrits plus anciens dans les monastères a donné plus de place à Augustin d’Hippone ou à Cyrille d’Alexandrie qu’à Tacite ou à Platon chez les Grecs.
L’intérêt de ce travail est évident, chaque génération transmet à son tour ses connaissances, et leur contenu alimente la réflexion et toute recherche et toute confrontation des commentaires.
Les schismes naîtront de ces interprétations, mais leur origine apportée par des manuscrits irréfutables donne de la voix aux traducteurs de chaque génération.
La France accomplit cette mission universelle sur les pas des jésuites, à laquelle s’intéressent des étudiants, des professeurs venus du monde entier. Car l’histoire et les sources du monde antique sont irrécusables pour comprendre le développement du christianisme depuis ces temps séculaires à nos jours.
Ces auteurs furent bien souvent des anachorètes, ou moines ermites du désert de la Haute-Egypte. Leurs apophtegmes sont l’illustration par l’image du texte de ces histoires de la littérature populaire dans ces couvents qui représentaient de véritables fortunes de l’esprit en ces régions désertiques de l’Orient chrétien. Proches de la vie des gens, loin de toute doctrine mais si vraies qu’elles donnent de l’intérêt aux lecteurs en quête de sens dans leur démarche de l’esprit.
Jean Chrysostome figure parmi ces orateurs savoureux qui racontent davantage qu’ils n’argumentent, ou le cas d’Irénée de Lyon dans son livre « Contre les Hérésies », qui se laisse lire avec un réel contentement pour tout un chacun.
Au demeurant, les ouvrages ou leurs traductions traversaient la Méditerranée et empruntaient les voies fluviales de l’époque pour parvenir jusqu’à Lyon ou Marseille.
Leurs propos sont différents des nôtres, mais la quête spirituelle de leur temps correspond à nos propres questionnements d’aujourd’hui, comme ceux du pourquoi vivre, comment le faire, que penser, que chercher, que dire pour donner de l’intérêt à nos propres œuvres.
Si tous ces traducteurs jésuites ne sont plus comme des moines consacrés à cette étude intense et suivie depuis 75 ans, leurs travaux perpétuent leur mémoire et l’histoire des Sources Chrétiennes, sans lesquelles nos racines spirituelles seraient vaines et de peu de profondeur.