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CD, disque, enregistrement
"Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix" de Haydn par le Quatuor Arnaga
"Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix" de Haydn par le Quatuor Arnaga

| Alexandre de La Cerda 1120 mots

"Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix" de Haydn par le Quatuor Arnaga

À l'occasion de l'octave pascale, rappelons ce magnifique  CD enregistré il y a quelques années par le Quatuor Arnaga : « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph Haydn. Cette œuvre, commande originelle de l'église Santa Cueva de Cadix consistant en « sept sonates avec une introduction et un tremblement de terre à la fin » destinées à ponctuer son office du Vendredi saint, le compositeur l'écrira d'abord pour grand orchestre, avant de proposer, l'année même de sa création, en 1787, la version pour quatuor à cordes interprétée ici par le Quatuor Arnaga.

Les textes entre chaque sonate sont écrits et dits par Mgr André Dupleix. La lectrice est Nicole Watbled. Les illustrations de la pochette de Van Dyck et Rembrandt proviennent du Musée Bonnat-Helleu de Bayonne. La prise de son est de Stephan Krieger (Studio Amanita à Anglet). La maison de disques est Hofa (Allemagne).

Formé d'enseignants du Conservatoire et membres de l'Orchestre Régional Bayonne Côte Basque, le quatuor Arnaga se produit depuis une vingtaine d'années de part et d'autre de la Bidassoa avec le grand répertoire du quatuor à cordes, du XVIIIe siècle à nos jours, non sans y inclure les œuvres de compositeurs basques tels Arriaga, Isasi, Usandizaga ou Sorozábal. 

Une passionnante notice explicative est jointe à ce CD avec un merveilleux texte introductif de Georgie Durosoir, professeur émérite en Musicologie à l'université Paris-Sorbonne et chercheur associé au Centre de musique baroque de Versailles, une musicologue de réputation internationale, auteur de nombreux écrits sur la musique, qui conclut : "Choisissant une musique uniquement instrumentale, Haydn s'adresse à "ceux qui savent peu de choses", il veut susciter en eux "l'impression la plus profonde". Le projet, dans une apparente humilité, est l'authentique mission d'un musicien qui s'adresse au cœur plus qu'à l'esprit, suggère plus qu'il ne peint. L'acte de composer met en synergie tous les gestes musicaux fondamentaux qui constituent la science de base d'un compositeur : choix de la tonalité, conduite des modulations, thèmes et motifs et leurs ancrages rythmiques, dialogue libre et constamment renouvelé des instruments entre eux. Là réside vraiment la musique. S'y ajoutent, au temps du classicisme, les codes rhétoriques qui fondent tout discours persuasif. C'est sur eux que s'appuie l'admirable savoir-faire de Haydn, par eux qu'il se rend apte à "faire parler sa musique".

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Haydn par le Quatuor Arnaga ©
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Les musiciens du quatuor sont également à l'origine d’initiatives inédites au sein d’écoles maternelles et même de la prison de Bayonne, en vertu de la remarque d'André Dupleix lors de son entrée à  l'Académie des Jeux floraux : « La musique nous plonge au cœur même des palpitations du monde. Elle y révèle jusqu'en ses tensions extrêmes la permanence d'une beauté et d'une authentique grandeur. Dans sa symbolique profonde, elle évoque les rythmes fondateurs (…) Elle est le battement du cœur mystique de l'humanité et devient, si nous le voulons, un facteur de rassemblement et de communion ».

Quatuor Arnaga
Le Quatuor Arnaga au temps de l'enregistrement du CD © DR
Quatuor Arnaga

Il y a bien des années, lorsqu’en mélomane avéré, il écoutait émerveillé son interprétation, Benoît XVI n’avait-il pas présenté l'œuvre de Haydn comme un exemple «parmi les plus sublimes de comment l'art peut épouser la foi » ? Le pape avait alors souligné que l'auteur s'inspirait de l'Evangile. « Sur la dure Croix, Dieu a prononcé à travers le Christ le mot d'amour le plus beau et le plus vrai, qui est Jésus qui se donne pleinement et de façon définitive. C'est lui la dernière parole de Dieu, non pas au sens chronologique mais qualitatif », avait expliqué Benoît XVI qui avait déjà salué en maintes occasions « la beauté de la musique, langage spirituel et donc universel, véhicule plus que jamais adapté à la compréhension et à l'union entre les personnes et les peuples », en constatant : « La musique fait partie de toutes les cultures et, pourrait-on dire, accompagne toute expérience humaine, de la douleur au plaisir, de la haine à l'amour, de la tristesse à la joie, de la mort à la vie » !

Il était difficile de trouver meilleure introduction à ces « Sept paroles du Christ en croix » de Haydn que celle de ce pape mélomane qui n’hésitait pas à s’asseoir lui-même devant un clavier de piano… Et le quatuor Arnaga ne pouvait trouver meilleur « récitant » en la personne de Mgr André Dupleix qui, après être passé par le Grand Séminaire de Bayonne jusqu'en 1968, y enseigna entre 1973 et 1981 à l'issue de ses études à l'Université grégorienne de Rome (il fut également vicaire à St-Léon au quartier Marracq après avoir été ordonné prêtre par Mgr Vincent, évêque de Bayonne dont il dirigea le Centre de culture religieuse).

Prêtre artiste et homme de l'Esprit

En conclusion d'un très riche parcours ecclésiastique et culturel, André Dupleix avait enseigné à l'Institut Supérieur de Théologie des arts de l'Institut Catholique de Paris ainsi qu'à l'Antenne de Théologie des Pays de l'Adour. Auteur de nombreux ouvrages de théologie et de spiritualité – en particulier, une thèse remarquée sur le sacerdoce selon saint Jean Chrysostome -, Mgr Dupleix est également diplômé de fin d’Études d’Orgue au conservatoire de Bayonne où il a créé des « Chants liturgiques » avec le Carmel avant d'écrire le texte de la cantate « Béatitudes » pour l'Orchestre National de Chambre toulousain, puis de mettre en œuvre la « Via Crucis » de Liszt : « Vous êtes un prêtre artiste, un compositeur, un organiste, un poète et un homme pour le théâtre du Souffle, un homme de l'Esprit », lui avait alors signifié l'ancien directeur de l’École du Louvre et Conservateur général du Patrimoine Dominique Ponnau en lui remettant la croix d'officier des Arts et Lettres. En témoignent son action, lorsqu'il dirigea l'Institut catholique de Toulouse, en faveur d'un « pôle culture et art » autour de l'Institut d'Art religieux et de l'Institut de Musique sacrée, sans négliger les écoles professionnelles, dont celle de journalisme... A ces œuvres ainsi qu'aux concerts et aux récitals qu'il n'a cessé de donner, en particulier à son époque « toulousaine », il faut ajouter des recueils de poésie « dont il émane un rythme musical », dira encore le doyen Guy Lazorthes lors de l'installation de Mgr Dupleix en tant que mainteneur de l'Académie des Jeux floraux. C'était en 2000, année où le signataire de ces lignes recevait ses « Lettres de Maîtrise » à l'occasion de son entrée dans le plus ancien cénacle littéraire d'Europe !

On peut se procurer ce CD du Quatuor Arnaga et le recevoir en contactant Yves Bouillier, son talentueux violoncelliste, à l’adresse mail  yves.bouillier@outlook.fr  ou en l'appelant au tél. 06 83 37 49 40.

Le prix du CD est de : 15 € / prix de port pour la France métropolitaine : 3 €

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