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Le Portrait de la semaine
Les paralympiques 2024 à Paris et le docteur Guthmann
Les paralympiques 2024 à Paris et le docteur Guthmann

| François-Xavier Esponde 1159 mots

Les paralympiques 2024 à Paris et le docteur Guthmann

Ludwig Guttmann, le Coubertin des paralympiques.jpg
Ludwig Guttmann, le "Coubertin" des paralympiques ©
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Paris assure le relai dans ces prochains jours des Paralympiques 2024 par 22 sports représentés pour 549 épreuves, et 169 délégations présentes Moins que pour les précédentes mais par un panel impressionnant de disciplines variées qui n'ont cessé d'accroitre au fil du temps.

Les athlètes sujets à un handicap physique, visuel ou mental constituent ce volet sportif pour toutes les catégories et les ages concernés.

Les sourds de " la deaflympics"  ont obtenu le statut de discipline intégrée en 2012 à ces jeux paralympiques après en avoir été exclus en 2000.

Il faut citer ici Ludwig Guthmann médecin neurologue anglais attaché à l'Hôpital de Stark Mandeville dans la région de Londres, père reconnu de ces compétitions tout d'abord réservées au Royaume Uni mais qui s'élargirent hors des frontières britanniques.

Dès 1948, le neurologue et son équipe cherche "des moyens de rééducation des blessés de guerre et invalides" revenus du front et à qui il fallait proposer des ajustements mobiles,  adaptés à leur condition physique.

Les anglais appelèrent ces rencontres "des jeux mondiaux à chaises roulantes et des amputés" ! De quoi surprendre les premiers pionniers eux mêmes inventeurs de ces échanges de  prothèses d'une valeur ajoutée humaniste exceptionnelle.

Pour les paraplégiques, et par le tir à l'arc. les débuts sont rudimentaires mais sont prometteurs !

En 1960, Rome programme la première rencontre internationale de ce nom après neuf compétitions britanniques au préalable.

De Rome la Suède suivit ainsi que Saint Etienne en France.
Depuis 1946, 1970, 1975, 1980 le rythme ira croissant

Les candidats atteints de paralysie cérébrale s'ajouteront encore.

Et depuis Séoul les deux compétitions des valides et des handicapés seront menées ensemble dans le même pays et le laps de temps dévolu à ces échanges.
Dès lors tous sujets atteints de tétraplégie, de paralysie, de séquelles neurologiques, d'amputations et des infirmes moteurs cérébraux, de myopies ou de cécité ou non voyants se rejoidront autour de la catégorie Handisport.

L'athétisme comme la course en fauteuil roulant, seront possibles pour un plus grand nombre, sachant par nécessité que tous les empêchements physiques ne puissent être surmontés et pour tous !

La surdité posa comme l'handicap mental des difficultés réelles aux organisations.

Depuis 2012 les règlements évoluèrent vers une certaine souplesse peu prisée en leurs débuts.

L'athlétisme, la natation et le tennis de table auprès de la FFSA ou Fédération Française de Sport Adapté  harmonisa au fil du temps les demandes et les réponses possibles avec la FIS fédération internationale du sport, 

Kuala Lumpur y fut la capitale de ces décisions majeures en faveur de Handisport international , critères de clarification auxquels la ministre de la santé Madame Bachelot et la ministre des sports délégué apportèrent une contribution majeure.

"Accorder les avis des uns, la confrontation des esprits peu ou prou favorables à adopter l'Olympisme pour tous sans exception ni raison partisane demandait un travail préliminaire et psychologique difficile. Il dura quelque temps !"

Il est plaisant de comparer le blason de 1980 à 1995 et ses couleurs, de bleu, rouge, noir, jaune, vert, à celui de 1994-2025 où le vert, le rouge et le bleu se distinguent.

Quant aux médailles elles seront les mêmes pour toutes les compétitions olympiques.

Pour les aveugles et mal voyants on introduisit le braille au début, fut abandonné par la suite.

En 1960, 27 pays se rejoignirent à Rome, en 2020 pour ces jeux actuels contrariés par le Covid, on compte 162 pays recensés et 4000 athlètes attendus sur le pavé parisien.

Pour les collectionneurs la mascotte distribuée et vendue comme souvenir sera Phryges  avec son visage rond, le rapport à Marianne et son bonnet pointu sans rapport avec les médailles d'or pour les vainqueurs semblables pour tous les champions.

Une prouesse sportive pour les compétiteurs et de l'imagination pour adapter les structures elles mêmes aux contraintes des athlètes !

Attendant de connaître les cérémonies d'ouverture et la suite qui seront proches pour tant de téléspectateurs attachés à cette fraternité de ceux qui diffèrent du nombre pour des raisons physiques mais communient ensemble à la séduction du mieux par le sport.

Ludwig Guttmann, le "Coubertin" des paralympiques

Sa vie commence en Silésie à la frontière de la Pologne, en Allemagne mais se prolongera en exil en Angleterre comme réfugié de la guerre.

Infirmier puis étudiant en médecine comme neuro chirurgien dès le temps de la guerre, de Breslau puis Fribourg, il exerce la médecine dès 1924 il y a cent ans désormais.

Chef de service dans une unité spécifique à Hambourg en neurologie thérapique dès 1928, il se trouve à Breslau lorsque les nazis l'interrogent, le menacent comme juif, et lui interdisent l'exercice de la médecine. Il rejoint provisoirement une unité d'un hôpital juif mais prépare son départ vers l'Angleterre.

Il subit les autodafés de livres écrits par des non aryens, en comprend les menaces et prend le chemin de l'exil.

Il connaît la nuit de cristal célèbre de triste mémoire en 1938 contre les juifs et dès 1939 c'est l'Angleterre qui l'accueille avec quelques proches.

Il sera fait Citoyen britannique dès 1945, pour bien des actes médicaux accomplis au bénéfice des handicapés mutilés de guerre, oeuvre commencée déjà en Allemagne et poursuivie en Angleterre en une unité pensée pour ses recherches. A Stock Mandeville dans la large banlieue de Londres.

Les autorités anglaises ont prévu une unité de recherche en faveur de la moelle spinale pour tous les blessés de la guerre, dont ceux de 14-18 qui disparaissaient prématurément en ce temps, faute de moyens neurologiques pour y répondre.

Dès 1944 il y a 80 ans, le docteur Guthmann crée un véritable hôpital anglais pour y assurer une rééducation psycho sociale des invalides de guerre, jeunes en quête d'avenir après des années de remise en forme.

Il s'agira en ces débuts d'initier ces hommes à la pratique du basket ball, du tennis de table, le billard ou le tir à l'arc. Premières pratiques médicales en cours.

Il apparaissait bénéfique au neurochirurgien de développer ces efforts thérapiques hospitaliers inédits pour l'époque au bénéfice de la rééducation fonctionnelle des blessés de la guerre anglais.

On semblait loin de penser à des compétitions sportives sur ces disciplines embryonnaires !

Salué à Rome par le pape Jean XXIII le docteur Guthmann est qualifié "de Coubertin des paralysés", en 1960.

En 1965, Barcelone ouvrira la première clinique spécialisée sur cette médecine réparatrice moderne à ses débuts mais promise à des lendemains exceptionnels !

Officier de l'Empire britannique, Commandeur, Chevalier, Membre de la Royal Society en 1976 le docteur Guthmann fut fait Docteur honoris causa de plusieurs universités anglaise, écossaise et irlandaise pour ce travail de pionnier qui embrassa le reste du monde et fut reconnu avant les JO Paralympiques comme médecine d'urgence auprès des victimes de guerres et de calamités naturelles dans le monde !

Citoyen germano britannique, son exemple demeure exceptionnel pour ce témoin de la guerre qui ne renonça à ses origines et donna sa vie pour l'exercice de la médecine pendant puis après guerre !

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