0
La Terre
Le jardin des simples - "hortus conclusus"
Le jardin des simples - "hortus conclusus"

| François-Xavier Esponde 950 mots

Le jardin des simples - "hortus conclusus"

C’est ainsi que l’on désignait ces légumes rustiques de nos jardins paysans d’avant composé de produits basiques d’une alimentation bio d’époque.

Aujourd’hui la mode est en ce sens, de réhabiliter ce qui peut inspirer le goût de restaurer le palais de produits délaissés ou méconnus de l’environnement qui de fait ont disparu de notre alimentation au fil des décennies au bénéfice de ce que chacun connait et subit malgré lui.

hortus conclusus.jpg
Hortus conclusus ©
hortus conclusus.jpg

Certaines de ces plantes reconverties en plants décoratifs ou d’agrémentations constituaient la base de la pharmacopée de ce temps.
Le Jardin des Simples, à ne pas assimiler au Jardin Botanique d’après, était constitué de produits simples sans préparation.

On élabora la Théorie d’Andromaque  des soixante ingrédients de base qui constituaient le jardin médiéval de ce temps, hortus conclusus ou le recueil des plantes du savoir botanique ou jardinier connu  en cours d’élaboration à venir.

Ces jardins de culture faisaient l’objet d’un choix de produits rustiques d’une part et de tracés géographiques élaborés d’époque selon les archives conservées sur plans comme modèles des jardins médiévaux originels.

Le succès des choux, des blettes, des panais, d’ache comptait parmi d’autres produits disparus de nos tables, ou abandonnés au fil du temps par ces jardiniers prompts à toute époque à des modernités passagères.

Imaginez qu’au cimetière au milieu des tombes on plantait des arbustes fruitiers ou légumiers, au Vinidarium pour le confort des gisants en ce qui était le verger cimetière de l’époque, de pommiers, de poiriers, de pruniers, de corniers, de néflier, de figuier ou de cognassier !

Le jardin clos (hortus conclusus).jpeg
Le jardin clos (hortus conclusus) ©
Le jardin clos (hortus conclusus).jpeg

Ne souriez pas le conservatoire naturel du cimetière permettait ainsi d’assurer le standing de nos hôtes et leur apporter quelques agréments qui lors des fêtes funéraires in situ trouvaient sur place les éléments de confort qui aujourd’hui sembleraient totalement déplacés ou dénigrés par l’opinion !

L’herbularius demeurait dans la maison domaniale au château l’enclos surveillé des cultures médicinales ou d’une infirmerie de nécessité car d’expérience la pharmacopée d’époque pratiquait ses plantes préférées aux vertus salvifiques, du moins le pensait-on
On dénombrait déjà quatorze plantes cultivées dont la rue, la menthe, la menthe coq, la sauge, la barbarée, le fenouil, la bineche, le cumin,  le romarin, le fenugrec, l’iris, le lis et la rose !

En 795, Charlemagne avait déjà établi le relevé des 86 plantes retenues pour ses nobles gens à l’usage des domaines impériaux du royaume à la base d’une alimentation jugée saine pour ses sujets.

On relevait 168 plantes à l’Ecole de Salerne, ajoutant quelques produits importés de médecine arabe opiacés de préférence, et des drogues américaines ou africaines déjà prisées par ces voyageurs à croc d’exotisme. Rien de nouveau sous le soleil !

On se targuait de citer les bons mots d’époque, “telle poire mangée sans vin, est quasi pire que venin”, alors il fallait le tout en aliment et en liquide pour combler le palais gourmand de tels sujets !

 Ceux d’aujourd’hui qui regardent l’unité convenue du jardin extérieur, de sa symbolique architecturale, des bassins et réserves d’eau orientés vers les points cardinaux du ciel et de la terre, sont saisis par l’harmonie recherchée de leurs auteurs pour qualifier l’air, la terre, l’eau et le feu céleste avec les éléments physiques de nos corps composés du sang, de la bile, du phlegme et des amertumes psychologiques. Car de toute évidence on croyait fermement l’incidence des astres et des sources terrestres sur la psyché humaine et ses variations.

La composition originelle du jardin avait été voulue selon des volontés bibliques apportées par le livre saint. On citerait le jardin de Padoue comme une source du sujet dès 1533.

Faute de facultés d’enseignement et d’étude sur les thèmes botaniques, le Jardin des Simples servit de premier laboratoire d’essai et de connaissance de telles variétés d’espèces qui au fil du temps alimenteront nombre de jardins d’apothicaires parisiens en proposant ainsi la première université populaire de botanique à l’usage d’étudiants.

On finit par rédiger des premiers catalogues à l’intention des “chercheurs” en plantes et au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, les jardins des simples prisés et convoités devinrent de véritables jardins botaniques d’orientation et de recherche sur le savoir botanique en cours de naissance.

Les esprits les plus avisés ayant compris le pouvoir contenu dans cette pharmacopée méconnue des laboratoires médicaux inexistants firent surveiller leurs plantations expérimentales par des visites, contrôlées des visiteurs, car de toute évidence on pressentait que le traitement de ces nombreuses plantes aux facultés inconnues pourraient un jour alimenter une “para pharmacie” inconnue  aux vertus insoupçonnées !

Guy de Brosse, médecin du Roy, rédigea en 1626 la première note ou Règlement à l’intention des contrevenants, les petits malins avaient compris le bénéfice de leurs forfaitures.

En 1665 on dénombrait 4000 plantes répertories à Paris, et les praticiens du temps avaient déjà noté le phénomène de pollinisation possible entre certaines d’entre elles de par leur proximité dans les jardins des simples ou botaniques, on fut même choqué, ce mal pensé pour les ames bien nées, qu’un semblant de sexualité put naître entre certaines espèces de plantes, selon les lois de la nature, et leur croisement libre !

La provenance de plantes exotiques étrangères apportées par les marins, crut la connaissance de tant d’espèces pour l’heure encore méconnues, la tulipe, le chrysanthème, posèrent de véritables questions aux chercheurs apothicaires. On ne comprenait pas leur origine.   De nombreux ports de l’atlantique tels Rochefort, Bordeaux, Nantes se dotèrent de jardins botaniques de la Marine, qui tous à la fois diversifièrent les provenances et la connaissance d’une discipline nouvelle, la connaissance des plantes, pour l’alimentation et la santé humaine et animale, et bien des questionnements qui aujourd’hui encore taraudent notre esprit, en savons-nous davantage désormais des mystères cachés depuis la création du monde  ?

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription