De Battambang à Siem Reap et premières visites des sites d’Angkor
Dimanche 29. Les coqs du voisinage débutent leurs cocoricos (comme en français) en pleine nuit dès 1h30. Réveillé également à 5h30 par les pigeons qui nichent au-dessus de mes fenêtres (ma chambre est située au premier étage, sous les toits), pile à l’heure du réveil matinal. Moindre mal et valise prête et bouclée à 6h15. Petite marche dans le jardin verdoyant jusqu’à 7 heures, puisque le « petit-déjeuner khmer » n’est servi qu’à partir de cette heure-là. Finalement la même chose qu’un petit-déjeuner continental classique : quelques morceaux de fruits frais, jus de pastèque, nouilles (plutôt que du riz…) avec légumes et poulet et café.
Départ de l’hôtel à 7h40 pour la région de Siem Reap avec quelques arrêts pour des visites programmées. Premier arrêt dans la ville de Battambang, traversée la veille pour la Maison du Gouverneur. A pied sur quelques centaines de mètres en longeant la rivière, ce qui permet d’apercevoir sur le trottoir d’en face quelques maisons plus ou moins de style colonial. Un marché de quartier quelconque. Puis quittant définitivement la ville, un autre marché fourre-tout également mais plus intéressant.
Malgré l’odeur, déambulation dans la zone où les poissons fraîchement débarqués sont saumurés et séchés à l’air libre en vue de la préparation du Prahoc (pâte de poissons faisandés), incontournable ingrédient accompagnant la cuisine khmère. Les Romains étaient également adeptes d’une préparation plus ou moins similaire qui servait à agrémenter certains plats comme en témoignent les résultats de fouilles archéologiques menées chez nous au Pays Basque, à Guéthary (ancienne gare SNCF), et Getaria (en contrebas de l’église San Salvador).
Sur notre chemin, un arrêt à ma demande à un endroit où une immense tente a été dressée, occupant la moitié de la route. Il s’agit d’un mariage, lequel dure en général deux jours, une journée d’accueil des invités, une nuit de fête et une dernière journée au cours de laquelle sera enfin célébrée la cérémonie d’union. La date du mariage est en général fixée par un bonze qui détermine un jour qui soit favorable au nouveau couple. Cela peut donc tomber n’importe quel jour de la semaine. Nombreux sont les invités, parents et amis. De toute façon chacun contribue aux frais : je vous invite à condition que vous payez votre quote-part.
Les plaines traversées sont considérées comme le grenier (plutôt le bol de riz) du Cambodge. Ici se cultive le riz le plus parfumé (parait-il), les noix de coco les plus sucrées et les oranges les plus juteuses (toujours paraît-il). Plusieurs autres arrêts pour découvrir des fabrications artisanales, de feuilles de riz, lesquelles comme des crêpes servent à entourer les rouleaux de printemps (que l’on consomme froids) et nems (que l’on mange chauds), de distillation d’alcool de riz (avec un serpent qui macère à l’intérieur de la bouteille c’est encore meilleur), de bananes séchées en rouleaux (comme du PQ).
En remplacement du temps dévolu aux repas (option refusée pour voir davantage de choses…) continuation avec la visite de Wat Ek Phnom, situé sur la rive gauche de la rivière Sangker. Construit au XIe siècle sous le règne du roi Suryavarman Ier, ce temple est célèbre pour ses linteaux et frontons remarquablement sculptés. Le sanctuaire est élevé sur une terrasse de grès et abrite deux bibliothèques. Une énorme statue du Bouddha assis en pierre blanche et les bas-reliefs représentant des événements de la mythologie hindoue attirent le regard. Très beau.
S'ensuit la poursuite du voyage via les routes #5 et #6. Siem Reap se trouve à quelques 160 kilomètres, ce qui représente 3 heures de route… Le nom Siem Reap (Siamois battus) a été donné à la ville et à la région au XVIème siècle lorsque les pilleurs siamois furent boutés hors du royaume.
Une fois arrivé à Siem Reap, il reste au conducteur à localiser l’emplacement de l’hôtel semble-t-il fort excentré dans un quartier plutôt bizarre, plutôt sale et en devenir (beaucoup de friches et bâtiments en très mauvais état et non habités…). L’hôtel Anjali by Siphon affiche 4*. Bizarre. La chambre est spacieuse, la décoration sobre, coulisses à la japonaise pour ouvrir porte et fenêtre intérieure de la salle de bain.
Que faire avant la tombée de la nuit ? Un tuk-tuk négocié à 3,50 $ US pour une course vers le centre ancien de la ville, les jours à venir étant consacrés aux sites d’Angkor, répartis dans un large périmètre. Petit tour dans le vieux marché, près d’une grande pagode et de la rivière, à 4 ou 5 kilomètres de l’hôtel ? C’est suffisant pour aujourd’hui.
De retour, comme hier, aucune envie de ressortir à la recherche d’un restaurant dans le quartier. Un plat au restaurant de l’hôtel et une bière (j’alterne les marques, Angkor et Cambodia, de mêmes qualité et prix) feront l’affaire pour ce soir. Madame Ros et le conducteur de la Toyota sont repartis pour Phnom Penh. Une nouvelle équipe prendra la suite demain. Rendez-vous à 7h30, donc réveil à 5h30.
Lundi 30. Monsieur Ratana PO se présente à 8 heures pile, une demi-heure après le responsable local de l’agence venu voir si tout allait bien pour moi. Aujourd’hui débutent vraiment les visites pour lesquelles la grande majorité des touristes, Cambodgiens ou étrangers font le voyage, attirés par les nombreux sites archéologiques de la région d’Angkor.
Première journée complète, qui s’avèrera exténuante en raison des kilomètres de marche et de la chaleur (17° tôt le matin, souvent plus de 33° au plus chaud de la journée). En tuk-tuk (prononciation : touk touk !), sympa mais la distance est longue jusqu’au guichet pour l’achat du billet Angkor World Heritage, 62 US$ (valable trois jours) qui se trouve également loin des sites. Merci la circulation, merci la pollution.
Le site d’Angkor Vat aurait été trois fois plus vaste que ce que l’on peut visiter aujourd’hui, et c’est déjà immense (combien de kilomètres parcourus à pied en une journée?). Chaque souverain déplaçait sa capitale afin de marquer son règne. Les désastres environnementaux (inondations, surpopulation, déforestation) sont certainement à l’origine de l’effondrement de la civilisation khmère au XIVe siècle.
Enfin en vue l’accès au site d’Angkor Thom, vaste ensemble architectural de forme plus ou moins carrée, accessible par quatre portes cardinales. Une vraie ville fortifiée située à moins de deux kilomètres d’Angkor Vat.
Va pour l’entrée sud sous le regard bienveillant au loin des célèbres statues au regard mystérieux et souriant qui représentent dit-on le visage d’ Avalokitésvara. Au bout d’une longue et belle avenue, on aperçoit enfin une image archi-connue, celle d’une belle arche de plus de 20 mètres de haut surmontée de ce mystérieux Bouddha à quatre visages coiffé d’une tiare de pierre que l’on retrouvera maintes fois.
De chaque côté du pont franchissant les douves, 54 statues soutiennent les nagas sacrés, divinités d’un côté, démons de l’autre. Une fois le porche franchi, on pénètre enfin dans la ville royale épicentre du site archéologique et apothéose de l'ère angkorienne.
La cité d’Angkor Thom est ceinte des quatre côtés par des murailles hautes de 8 mètres, sur une longueur totale de 12 kilomètres… Des douves de 100 mètres de large protègent la ville. Je veux bien croire que les visages du Bouddha visibles partout sont au nombre de 216, parfois solitaires si imbriqués dans une façade ou par quatre indiquant les points cardinaux lorsque sculptés dans les tours pyramides du Bayon.