Lors de la dernière édition des Fêtes de Bayonne achevée récemment sur un vif succès avec la présence de 1,2 million de festayres, Yves Ugalde avait croqué quelques « scènes croustillantes ou émouvantes » qui étaient venues « cette année encore rejoindre sa galerie intime de souvenirs des Fêtes de Bayonne ».
Avec le « compagnonnage fort » entre le Bayonnais André Lalanne, chef du choeur Errobi Kanta, et le Biarrot Iñaki Urtizberea, dirigeant d’Oldarra, deux hommes qui « auront beaucoup donné pour le chant basque, et le maître s'appuyant sur l'élève dans sa démarche », l’adjoint à la Culture de la capitale basque remarquait également « ce prêtre en soutane noire avançant dans la foule blanche, sous de nombreux lazzis.
Un festayre l'arrête et s'ensuit une conversation entre les deux hommes qui ressemble à une confession. Deux bouchons en noir et blanc flottant sur la marée humaine. Le tumulte ou le poids des confidences ? Toujours est-il que les deux hommes se parlent à l'oreille. Au bout de quelques minutes, le prêtre finit par bénir le jeune homme qui se glisse dans la foule, l'âme manifestement plus légère. Partait-il transformé ou vers de nouveaux péchés ? », se demandait Yves Ugalde...
Ou peut-être, tous deux atterrissaient-ils au Bar du Curé, une institution festive et spirituelle située au cœur de la vieille ville qui ménageait aux festayres une petite pause permettant de siroter une boisson ou un cocktail sans alcool, boire un café ou faire une partie de babyfoot !
Une salle de prière accueillait également ceux qui souhaitaient se recueillir ou déposer une intention de prière… Et cette année, les bénéfices du Bar du Curé étaient destinés à la « table du soir » qui sert des repas aux personnes en situation de précarité à Bayonne !
J'ai fait mon coming-out : cette année, je suis sorti du placard !
Cet épisode relaté par mon ami Yves Ugalde m’a rappelé la découverte, la veille, du message posté également sur les réseaux sociaux par un jeune prêtre :
« Comme vous l'avez entendu, cette année j'ai décidé de faire mon coming-out. Après avoir vu tant de gens qui vantent leurs « diversités » et les applaudissent et leur disent « quel courage », etc. Je me suis posé la question et pourquoi pas moi ? Alors j'ai pris ma décision, cette année le Père Alvaro sortirait du placard !
Je me suis décidé et j'ai sorti ma soutane du placard : à partir de janvier j'ai commencé à l'utiliser tous les jours du matin jusqu'à avant de dormir. Juste comme ça à la brava, pas d'annonces solennelles, pas d'explications préalables. Sans chercher des louanges pour cela et sans craindre les moqueries et les insultes ou les regards d'étrangeté.
Quelle était ma surprise ? Beaucoup de choses.
- Premièrement, je n'aurais jamais pensé que porter une soutane quotidienne pourrait me rendre aussi heureux en tant que prêtre. Cela m'a facilité dans la rue de faire autant de bien que je ne l'aurais jamais imaginé. J'ai béni, conseillé, aidé, confessé tant de gens avec qui la confiance a été donnée en me voyant en soutane.
- Deuxièmement, à ma grande surprise, même en marchant dans des endroits très divers comme le centre commercial, le cinéma, les restaurants, les pachangas, les piñatas, les tianguis, la zone de tolérance du centre-ville, la foire du livre, etc. Et étant tombé sur toutes les tribus urbaines existantes et pour n’avoir, en cinq mois, reçu aucune insulte ou manque de respect de la part de qui que ce soit ; même des gens ouvertement anticatholiques.
Ce qui est triste dans tout ça, la seule moquerie sérieuse que j'ai reçue pour l'utiliser était de la part d'un prêtre.
- Troisièmement, c'est malheureusement si inhabituel que le prêtre diocésain porte une soutane noire que j'ai généralement été confondu avec un religieux. Ces mois-ci, j'ai été confondu avec : un Franciscain, un Augustin, un moine, un missionnaire, un séminariste, et même un Karatéka... Cela me fait penser à quel degré nous avons été laïcisés pour que le prêtre diocésain ne soit plus associé à la soutane dans la vie quotidienne.
- Quatrièmement, pour une société « antireligieuse », le nombre de personnes qui me demandent ma bénédiction est remarquable, mais souvent, quand une personne me la demande, d’autres se trouvant dans l’environnement immédiat me la demandent aussi, spontanément.
En conclusion, je suis très heureux d'avoir pris cette décision ; j'avais d’abord pensé le faire pendant un an, mais maintenant je peux affirmer que c'est quelque chose que je pratiquerai de manière habituelle. Cela m'aide, me rend heureux, aide les gens à trouver plus facilement un prêtre et la grâce. Cela rappelle encore aux éloignés que Dieu continue de rôder dans le monde; il me rappelle constamment que là où je marche, je représente Jésus et son épouse l'Église.
Cela me rappelle que la méchanceté se déguise en « ange de lumière », c'est-à-dire que la haine ou le mépris, je l’ai surtout vu dans les yeux des Témoins de Jéhovah et de certains Chrétiens quand ils voient un prêtre.
Au contraire, beaucoup d'entre ceux (qui sont éloignés de l’Église, ndlr) j’ai pu mener des dialogues intéressants. Même les voyous du centre-ville sont venus avec respect pour me demander ma bénédiction. C'est drôle de voir d'où vient la haine. Celui qui a des oreilles comprend.
De plus, ça me rappelle que je veux un jour devenir saint : imaginez-vous saint Jean Bosco, saint Ignace de Loyola, François-Xavier, saint Philippe de Neri, saint Thomas d'Aquin, saint François d'Assise, sans leur soutane ? Non ; je veux être un saint ? Oui, donc c'est bien de porter la soutane.
L'utiliser m'a confirmé une vérité oubliée, la soutane est un sacramental, c'est-à-dire qu’elle suscite la grâce et prépare les gens à la recevoir. Le clergyman ne l'est pas.
Enfin, je ne vais pas me donner des airs de grandeur en portant une soutane quotidienne. Cela ne me rend pas automatiquement ni plus grand ni plus saint que les autres prêtres. Mais ça m'aide énormément, j'invite les autres prêtres à être courageux, à sortir leur soutane du placard, à l'utiliser plus souvent et vous verrez le bien qu'ils se font à eux-mêmes et aux âmes. Vous ne le regretterez pas.