Malgré les conditions sanitaires très difficiles pour le « spectacle vivant » - alors que tant de manifestations et de concerts continuent d’être reportées, voire annulées, Thierry Malandain avait eu le cran de maintenir en septembre, avec sa foi à renverser La Rhune et bien d’autres montagnes, le déroulement de la 30ème édition du festival de danse «Le Temps d’Aimer » qui lui avait déjà permis de donner la pièce « Beethoven 6 » tirée du ballet "La Pastorale"créée l’année dernière pour le 250e anniversaire de la naissance du compositeur : il s’agissait évidemment de la 6ème symphonie de Ludwig van Beethoven. Et le Festival à peine achevé, la troupe de Thierry Malandain partait à Donostia/Saint-Sébastien pour y donner la « Pastorale » en entier au Théâtre Victoria Eugenia.
Grâce à la prochaine réouverture des théâtres (programmée après le 15 décembre), c’est à présent la Gare du Midi de Biarritz qui recevra les 20, 21 et 22 décembre prochains ce nouveau ballet créé à l’occasion d’une commande de l’Opéra de Bonn, la ville rhénane où Beethoven était né et avait été baptisé le 17 décembre 1770 et où avait été donnée la première mondiale de ce ballet de Thierry Malandain, après une première française au Théâtre national de la Danse au palais de Chaillot à Paris. Il s’agit d’un hommage du chorégraphe au compositeur mais aussi un hymne à la beauté à travers le prisme d’une Antiquité rêvée : Thierry Malandain y évoque l’amour ardent de Beethoven pour la nature et propose une quête de la beauté que les 22 danseurs mettent magnifiquement en valeur. Avec sa grande et profonde humanité et sa recherche du sens et de l’esthétique, Thierry Malandain guide un style intemporel à la fois terrien, énergique et sobre, qui puise sa richesse dans les racines de la danse et dans une vision dynamique de cet art.
Pour sa part, le conseil permanent de L'Agglomération Pays Basque à octroyé une subvention de 30 000 euros au ballet Malandain : un soutien hautement apprécié par Maider Arosteguy, maire de Biarritz, qui a "remercié le Président Jean-René Etchegaray et les élus car le Ballet fait rayonner le Pays Basque".
Une rigueur classique autant qu’expressive
A la première étape chorégraphiée sur les Ruines d’Athènes, les contraintes dans lesquelles l’âme humaine est empêtrée sont matérialisées sur scène par un carré de barres fixes en métal au milieu duquel doivent évoluer les danseurs. Leurs mouvements, contraints de s’adapter à cet espace limité, sont néanmoins entravés par ces limites physiques. La chorégraphie offre force et puissance. Les danseurs et danseuses, vêtus de robes grises boutonnées dans le dos, s’appuient sur les barres pour sauter d’un carré à l’autre en déployant les jambes, glissent dessus en se tractant par la force du poignet, ou encore se recroquevillent pour passer en-dessous.
Le carré de fer disparaît dans les cintres et le plateau s’illumine d’un éclairage cru et vif, alors que retentissent les notes joyeuses de la Symphonie Pastorale. Le style de danse, qui diffère complètement de la première partie, fait référence à l’Antiquité grecque, dans la lignée des danses de la première moitié du XXème siècle d’Isadora Duncan, de Nijinsky (dans « L’Après-midi d’un faune ») ou de Serge Lifar. Les danseurs, dont la tunique rappelle celle de nymphes ou de jeunes adolescents, évoluent de profil, comme sur les frises des bas-reliefs antiques. Ils se tiennent les mains pour former des rondes ou des lignes qui viennent s’enrouler comme un escargot, avec une joie emprunte de naïveté, qui évoque l’Age d’or chanté par Virgile dans ses Bucoliques ou Ovide, dans ses Métamorphoses. Symbolisant cette harmonie, la danse est joyeuse, empreinte d’abandon et de relâchement.
Quant à la 6ème Symphonie, dite « Pastorale », on y verra en filigrane les sentiers fleuris de la pastorale antique, l’innocence des premiers temps. Ou bien encore, planant comme une auréole, les poussières sacrées d’Athènes. Couplée à la Cantate op. 112, et à quelques motifs des « Ruines d’Athènes », dans les pas d’un « compagnon errant », la Pastorale invoque l’antiquité hellénique, comme lieu de nostalgie et de perfection artistique, de la douleur d’un désir sans fin à la béatitude de la lumière originelle.
Rappelons que, composée après la Cinquième Symphonie, la « Pastorale » (Cantate op. 112) sur le thème de l’homme face à la nature, vit le jour en 1808, suite à la commande de l’ambassadeur de Russie à Vienne, le comte Andrei Razoumovksy et de son beau-frère polonais, le prince de Lobkowitz. Les deux mécènes aidèrent à graver la mémoire d’un des plus grands maîtres de la musique.
L’illustre compositeur avait déjà à plusieurs occasions inspiré Thierry Malandain dans « Les Créatures » (sur « Les Créatures » de Prométhée) qui lui valut une nomination aux Benois de la danse de Moscou, et le solo Silhouette.
Les spectacles :
Afin de respecter les mesures gouvernementales, les horaires de La Pastorale ont été modifiés : dimanche 20 décembre à 15h et 19h, lundi 21 décembre à 19h et mardi 22 décembre à 19h.
Indiquons encore que la subvention de soutien des Amis du Malandain Ballet Biarritz sera remise sur scène lors de la représentation du 22 décembre.
Tarifs des spectacles : 36 € (adultes), 26 € (tarif réduit sur présentation d'un justificatif) et 12 € (enfants et demandeurs d'emploi), 20 € (adhérents Amis du Ballet, prévoir la carte le jour des spectacles pour justificatif).
On peut acheter sur Internet en cliquant sur ce lien : https://bit.ly/2HYw7A7
ainsi qu’à l'Office de tourisme de Bayonne (ouvert le lundi 14h/16h et du mardi au samedi 10h/13h et 14h/16h).