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Cinéma
« La Rébellion cachée » (The Hidden Rebellion), un film franco-américain de Daniel Rabourdin
« La Rébellion cachée » (The Hidden Rebellion), un film franco-américain de Daniel Rabourdin
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| Alexandre de La Cerda 812 mots

« La Rébellion cachée » (The Hidden Rebellion), un film franco-américain de Daniel Rabourdin

Que l’on eut aimé qu’une pareille production ait été tournée sur la déportation des Basques sous la Terreur ! Mais en l’occurrence, il s’agit d’un film sur les guerres de Vendée. Tourné en 2013 par Daniel Rabourdin - fixé depuis 30 ans à Los Angeles -, mêlant des scènes de fiction et des interventions d’historiens, tels Reynald Secher et Stéphane Courtois, le docufiction franco-américain intitulé « La Rébellion cachée » est actuellement présenté dans les salles de la région où il a été tourné ainsi que le Midi natal du réalisateur, tout en étant accessible en format vidéo. Sous le titre de « The Hidden Rebellion », cette production est sortie en décembre 2016 aux États-Unis où elle a été vue par des centaines de milliers de téléspectateurs sur la chaîne EWTN - ce qui représente un succès incontestable pour un sujet totalement ignoré Outre-Atlantique – et dans des salles paroissiales américaines : « Les gens sont très émus par cette histoire. Il faut oser parler de cette guerre de Vendée et des atrocités commises sur des innocents au nom de la Révolution française ».

Daniel Rabourdin a mis toutes ses économies pour financer ce film qui a coûté trois fois plus cher que prévu à cause d’« une multiplication par dix du temps de montage, de l’embauche d’une vingtaine de voix professionnelles et de l’utilisation d’une cartographe très soignée, sans compter les quatre années de travail pendant lesquelles je ne me suis pas payé », précise le cinéaste qui, pour rendre cette aventure possible, avait démissionné de son poste de producteur chez EWTN, chaîne de télévision catholique américaine reçue dans 320 millions de foyers dans le monde, et « liquidé sa retraite » tout en faisant appel au financement participatif afin de boucler son budget avec deux ans de retard, la sortie du film étant initialement prévue à la fin de 2014.

A la fin du XVIIème siècle, un soulèvement populaire catholique est brutalement réprimé par les armées de la Révolution française. Les prêtres et les religieuses sont noyés, pendus ou lynchés. On estime leur perte à 30 000 sur toute la France. Une région défend plus particulièrement son clergé, résiste à la hausse des impôts et refuse de faire la guerre : la Vendée. Victorieux dans un premier temps, les Vendéens sont ensuite vaincus, à travers l'extermination de 117 000 civils (sur 815 000 habitants) qui comprend le meurtre des femmes et des enfants afin « qu'une race impure ne subsiste pas ». La destruction de la population en Vendée est un objectif documenté et archivé au Fort de Vincennes et les lois « d’élimination » de la population prises par le pouvoir de l’époque n’ont toujours pas été abolies. Le débat est spécialement d’actualité dans le climat géopolitique d’aujourd’hui. Avec « La Rébellion cachée », Daniel Rabourdin réussit un tour de force audiovisuel qui combine documentaire visionnaire et saga familiale avec amour perdu, batailles rangées et résistance spirituelle sous le règne de la Terreur. Le docu-film dépeint un cataclysme et met en scène les architectes du premier génocide de l'histoire moderne : « Je cherchais un nouveau docudrame à tourner, avec de l’action et de la foi. Dans ma cave en France, j’avais retrouvé une vieille bande dessinée de l’Histoire des Guerres de Vendée », explique le réalisateur qui précise : « lorsque ces paysans sans compétence militaire se sont levés, ils ont d’abord gagné de nombreuses batailles. Au plus fort de la guerre, ils rassemblaient environ soixante-dix mille hommes. Puis ils succombèrent sous un afflux considérable de soldats ramenés du front de l’Est. Mais encore, cela, c’était une guerre entre hommes armés. Par contre, quand les révolutionnaires français s’acharnèrent sur la population civile, ils sont passés de la guerre au crime de guerre et finalement au génocide. À peu près cent-quarante-mille personnes disparurent, dont quatre-vingts pour cent de femmes, enfants et personnes âgées. Ce n’est pas rien. Etant donné que c’est une histoire pratiquement passée sous silence, j’ai encore plus de motivation à la mettre en exergue. Surtout aux yeux du monde et ensuite à ceux de la France. Une fois que le monde sera sensibilisé, je suis certain que ce sera plus facile en France ». Le film a bénéficié d’un réel enthousiasme : « Les acteurs professionnels travaillaient pour la moitié de leurs cachets. Des paysans nous ont prêté leur ferme. Les Brigands du Bocage et leur fondatrice Ghislaine Herbreteau furent exceptionnels : ils étaient plus de 300, ont trouvé les lieux, m’ont dit où je pouvais louer les costumes etc. Ceux qui ne jouaient pas tartinaient les sandwiches. D’autres repassaient les costumes pendant la nuit. Quant à l’historien Reynald Sécher, il m’a prêté la guillotine de son musée et, pour une scène, il a fait creuser une fosse pour un charnier sur son terrain. D’autres amis nous ont prêté l’intérieur de leur maison »...

« La Rébellion cachée », un film de Daniel Rabourdin : un beau DVD dans sa jaquette. 75 min de docu-film + 40 minutes de bonus (scènes effacées et interviews plus pointues). Prix : 19 € + port 3,56 €. Commander sur http://hiddenrebellion.com/fr/boutique/
Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watchtime_continue=133&v=Z1l0ug1PfUM

Alexandre de La Cerda

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